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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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doté d’une barbe abondante, avait une dignité qui le faisait paraître grand bien qu’il fût de taille moyenne ; l’autre, solide et sûr de lui, arborait des moustaches si longues qu’elles se balançaient en avant comme si elles tenaient absolument à se présenter les premières. Celui-là était James Russell Lowell.
    Un Lowell ébahi et qui se figea sur le seuil un assez long moment avant de s’élancer en riant de ce rire suffisant des gens qui posent une question dont ils savent déjà la réponse.
    « Longfellow, lança-t-il, imaginez-vous que j’ai tout lu sur cet homme dans le Freemen Journal {12} . C’est un héros du régiment nègre, le 54 e . Andrew l’a intégré à la police, la semaine où le président Lincoln est mort. Quel honneur de vous rencontrer, mon ami !
    — Merci, professeur Lowell. En fait, c’était le 55 e régiment, répondit Rey. Professeur Longfellow, recevez toutes mes excuses pour vous arracher à votre compagnie.
    — Nous venons juste d’achever la partie sérieuse de la réunion, monsieur l’agent, répondit Longfellow avec un sourire, et “monsieur Longfellow” suffira amplement. »
    Ses cheveux argentés, sa barbe touffue et ses yeux bleus sans âge lui donnaient un air de patriarche sans rapport avec ses cinquante-huit ans. Il portait un superbe frac de couleur sombre rehaussé de boutons dorés et un gilet chamois taillé sur mesure.
    « Voilà bien des années que j’ai remisé ma tenue de professeur. Le professeur Lowell a pris ma relève.
    — Un professeur qui n’est toujours pas habitué à ce titre confondant », marmonna Lowell.
    Rey se tourna vers lui.
    « Une jeune dame, chez vous, a eu la bonté de m’envoyer ici. Elle m’a dit qu’un mercredi soir vous ne pouviez être autre part qu’à portée de fusil de cette maison.
    — Je reconnais là Mabel ! fit Lowell en riant. Elle ne vous a pas jeté dehors, au moins ?
    — C’est une jeune dame des plus charmantes, monsieur, répondit Rey avec un sourire. C’est à University Hall qu’on m’a adressé à vous, professeur. »
    Lowell laissa échapper un « Quoi ? » de stupeur, suivi d’une explosion de colère. Ses oreilles et ses joues virèrent au grenat en même temps que les mots se bousculaient dans sa gorge :
    « Ils osent m’envoyer un agent de police  ! Et comment justifient-ils ces façons ? Ne peuvent-ils me dire ce qu’ils ont sur le cœur sans tirer les fils d’une marionnette à l’hôtel de ville ! Expliquez-vous, monsieur ! »
    Voyant que le visiteur demeurait aussi glacé que le marbre représentant son épouse, le maître de maison posa une main sur la manche de son ami.
    « Voyez-vous, monsieur l’agent, le professeur Lowell me fait l’amabilité, avec d’autres collègues, de m’aider dans des travaux littéraires qui n’ont pas la faveur du gouvernement de l’université. Est-ce la raison…
    — Toutes mes excuses, répondit le policier en s’autorisant à dévisager le premier interlocuteur dont le rouge avait quitté le visage aussi subitement qu’il y était apparu. C’est moi qui me suis adressé à University Hall pour réclamer de l’aide, et non l’inverse. Voyez-vous, je suis à la recherche d’un expert en langues, et votre nom m’a été donné par des étudiants là-bas.
    — Dans ce cas, dit Lowell, à mon tour de vous présenter mes excuses, monsieur l’agent. C’est une chance pour vous que de m’avoir trouvé, car je parle en effet six langues comme un indigène… de Cambridge. »
    Il rit et posa sur le bureau marqueté en bois de rose le papier que Rey venait de lui tendre. Le policier vit le front du poète se creuser de sillons à mesure que son doigt parcourait l’écriture penchée aux lettres mal formées.
    « Ces mots m’ont été dits tout bas par un monsieur qui les a prononcés assez soudainement, indiqua Rey. J’en ai conclu qu’il s’agissait d’une langue étrangère et bizarre.
    — Il y a longtemps ? demanda Lowell.
    — Deux ou trois semaines. C’était une rencontre curieuse et inattendue. »
    Il se permit de fermer les yeux. La sensation laissée par la main de l’inconnu frôlant son crâne l’envahit à nouveau. Les paroles se reformaient distinctement dans sa tête,mais il était incapable de les répéter.
    « Ma transcription est certainement très approximative, professeur.
    — En effet, c’est du baragouin ! dit Lowell en passant le papier à Longfellow. Je crains

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