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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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s’agirait d’un meurtre.
    — Celui de Talbot est plus qu’un meurtre, Longfellow ! Dois-je formuler clairement des choses aussi simples à lire que du papier imprimé ? C’est Dante ! » D’exaspération, les joues du docteur étaient devenues toutes rouges. « Quelqu’un s’est inspiré de Dante pour tuer Talbot !
    — Avez-vous lu la dernière édition du journal, mon cher Holmes ? demanda Longfellow patiemment.
    — Naturellement ! Enfin, je crois. »
    En vérité, il n’y avait jeté qu’un bref coup d’œil dans le vestibule du Collège de médecine, sur le chemin de son bureau.
    « Qu’y disait-on ? »
    Longfellow alla chercher le quotidien. Fields s’en empara et donna lecture de l’article à haute voix.
    «  De nouvelles révélations sur la mort troublante du juge suprême Artemus S. Healey , lut-il tout en tirant de son gousset une paire de lunettes carrées dont il écarta les branches. Erreur de typo habituelle. Healey avait pour deuxième prénom Prescott.
    — Voulez-vous passer à la seconde colonne, Fields, le pria Longfellow. La partie où l’on raconte comment le corps a été retrouvé dans les prés, derrière la maison des Healey, non loin du fleuve.
    —  En sang et entièrement dévêtu , reprit Fields, habits et sous-vêtements. Et il baignait dans une masse grouillante …
    — Continuez, Fields.
    — … d’insectes ? »
     
    Mouches, guêpes et larves, tels étaient les insectes répertoriés dans l’article. À côté, dans le pré, un drapeau dont les Healey ne pouvaient s’expliquer la présence avait été retrouvé, Lowell eût aimé réfuter les commentaires qui circulèrent alors dans la pièce en même temps que le journal. Ne le pouvant, il se laissa glisser sur sa chauffeuse jusqu’à se retrouver à demi étendu, et sa lèvre inférieure se mit à trembler comme chaque fois qu’il ne savait que dire.
    Les quatre amis se dévisageaient d’un air interrogateur dans l’espoir que l’un d’eux, plus malin que les autres, saurait expliquer la coïncidence par une référence judicieuse ou une plaisanterie intelligente capable de balayer la conclusion à laquelle ils étaient tous arrivés : à savoir que le révérend Talbot avait été mis à rôtir comme les Simoniaques, et le juge suprême Healey abandonné à son sort comme les Indifférents. Mais chaque nouveau détail ne faisait que corroborer leurs craintes sans leur offrir d’arguments assez convaincants pour les apaiser.
    « Tout concorde parfaitement, laissa tomber Holmes. Pour Healey, c’est l’indifférence car, trop longtemps, il s’est refusé à agir à propos du Fugitive Slave Act. Le supplice qui lui a été infligé punit précisément ce péché. Mais Talbot ? Je n’ai jamais entendu dire ni même chuchoter qu’il ait abusé du pouvoir que lui conférait son sacerdoce. Dieu du ciel, aidez-moi ! » Remarquant soudain le fusil appuyé contre le mur, il sursauta. « Par pitié, Longfellow, que vient faire cette arme ici ? »
    D’un coup, Lowell se rappela la raison première de sa venue à Craigie House.
    « Longfellow a cru apercevoir un cambrioleur tapi sous sa fenêtre. Nous avons envoyé le garçon du jardinier prévenir la police.
    — Un cambrioleur ? répéta Holmes.
    — Une vision », corrigea Longfellow en secouant la tête.
    D’un bond pesant et dépourvu de grâce, Fields se remit debout et tapa des pieds sur le tapis.
    « Tout arrive au bon moment. Le monde se rappellera de vous comme d’un bon citoyen, mon cher Wendell. Dès que le policier sera là, nous lui dirons que nous avons des informations sur ces crimes et lui demanderons de revenir, accompagné du chef de la police. »
    Fields avait parlé avec toute l’autorité qui était la sienne. Cela ne l’empêcha pas de rechercher du regard l’approbation de Longfellow.
    Celui-ci ne réagissait pas. Ses prunelles d’un bleu de pierre étaient dardées sur ses livres aux reliures craquelées. Participait-il encore à la conversation ? On eût pu en douter tant son regard était inhabituel, lointain. Assis dans son fauteuil, il passait en silence la main dans sa barbe. Son invincible tranquillité semblait avoir tourné à la froideur, et son teint de jeune fille s’être brutale ment assombri. Ses amis se sentirent mal à l’aise.
    « Oui, lança Lowell sur un ton qui cherchait à prolonger l’espèce de soulagement suscité par la proposition de l’éditeur. Bien sûr que

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