Le Cercle du Phénix
surveillance. Werner les laissait chercher le Triangle de l’Eau.
Lorsqu’il serait en leur possession, il serait alors temps d’intervenir pour le
récupérer.
Néanmoins, la stratégie adoptée le laissait perplexe.
Très peu d’hommes avaient été envoyés avec lui en Ecosse, ce qui signifiait que
le plan risquait de reposer en grande partie sur les épaules de l’assassin.
Sachant que le garçon avait à peu près autant d’initiative qu’un nouveau-né, il
n’était pas certain que ce choix fût le plus judicieux. Bah, tant pis…
Werner rouvrit les yeux et sourit. Bien qu’il eût
largement passé l’âge de courir par monts et par vaux à la poursuite d’une
chimère, ce séjour en Ecosse promettait d’être fort agréable.
Chapitre XI
Après avoir passé la nuit à Édimbourg, Cassandra et ses
compagnons poursuivirent leur route en direction d’Inverness. Mais autant le
trajet entre Londres et la capitale écossaise s’était déroulé agréablement,
autant le voyage en train vers le nord fut éprouvant et ennuyeux. Lorsqu’ils
arrivèrent à neuf heures du soir à Inverness, ils étaient épuisés et
courbaturés, et c’est avec soulagement qu’ils s’empressèrent d’investir un
hôtel proche de la gare pour goûter un repos bien mérité.
Le lendemain à l’aube, Cassandra descendit dans la salle
à manger de l’hôtel où Nicholas était déjà attablé. Elle s’assit en face de lui
et se versa une tasse de thé brûlant.
— Sommes-nous
les seuls à être réveillés ? s’enquit Nicholas après l’avoir saluée.
— Je
n’ai encore vu personne en tout cas, répondit Cassandra en enduisant un toast
de marmelade d’orange.
— J’aurais
aimé jeter un coup d’œil à la carte de Cylenius. Est-ce vous qui l’avez ?
— Non,
Julian l’a gardée.
— Dommage
qu’il ne soit pas là, il faudrait prévoir la suite de notre itinéraire.
Peut-être devrions-nous aller le réveiller ?
— Très
mauvaise idée, affirma Cassandra d’un ton péremptoire.
— Pourquoi
cela ? demanda Nicholas, surpris.
— Julian
n’est pas du matin, il serait d’une humeur exécrable. De toute façon, le
réveiller relève de la gageure : il a un sommeil tellement lourd qu’un
coup de canon ne le perturberait pas.
— Vous
en savez des choses, Cassandra…, glissa Nicholas d’un air narquois.
Cette dernière fit mine de ne pas comprendre l’allusion.
Comme pour la contredire, Julian apparut à cet instant
sur le seuil de la salle à manger, l’air il est vrai beaucoup plus endormi qu’à
l’ordinaire. D’une démarche hésitante qui tranchait avec sa prestance
habituelle, il vint s’asseoir à leur table et marmonna un vague
« bonjour ». Ce ne fut qu’après avoir avalé trois tasses de café
qu’il redevint le digne Lord Ashcroft. À nouveau capable de soutenir une
conversation, il sortit la carte trouvée dans l’horloge et la posa à plat sur
la table. Un triangle à sommet inférieur dessiné à l’encre rouge y marquait
l’emplacement du sanctuaire de l’Eau.
— L’île
que nous devons atteindre, expliqua Julian, est située dans le triangle formé
par Golspie, Tain et Portmahomack, au cœur de l’Easter Ross.
— Comment
allons-nous nous y rendre ?
Julian soupira.
— Le
voyage ne sera pas une partie de plaisir. L’itinéraire le plus rapide consiste
à traverser en bateau l’estuaire de Beauly pour atteindre la péninsule de l’île
Noire. Une fois là-bas, nous gagnerons à cheval l’estuaire de Cromarty au nord,
que nous traverserons également en barque. Nous relouerons ensuite des chevaux
pour nous rendre à Tain où nous pourrons passer la nuit. Et demain, nous
chercherons l’emplacement exact de l’île en suivant la côte entre Tain et
Portmahomack.
Cassandra et Nicholas hochèrent la tête.
— J’espère
que ce périple ne sera pas vain, déclara l’avocat, et que le sanctuaire se trouve
bien sur cette île.
Une nouvelle déception serait par trop irritante.
*
La matinée du lendemain était déjà avancée quand ils
parvinrent au terme de leur expédition. Ainsi que l’avait prédit Julian, le
voyage à travers la végétation de landes et de tourbières s’était révélé
pénible. Ce fut donc avec une intense satisfaction que le petit groupe exténué
descendit enfin de cheval.
— C’est
ici, affirma Julian en examinant une dernière fois la carte dessinée par
Cylenius. Il n’y a
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