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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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ricana-t-il.
    —  Mais
si cet endroit vous fait si peur, pourquoi venir pêcher ici ? s’étonna
Andrew avec bon sens.
    L’homme baissa la tête et murmura d’un ton de
regret :
    —  C’est
que, malgré tout, la pêche dans ce coin est exceptionnellement abondante, et je
ne m’approche jamais trop de l’île de toute façon. Mais je suis le seul à avoir
le courage de venir ici, se rengorgea-t-il. Pas plus tard qu’hier, mon neveu
Jack me disait…
    Il était intarissable à présent, et Nicholas fut obligé
de l’interrompre.
    —  Louez-nous
un canot, mon ami, que nous puissions aller voir par nous-mêmes cet antre
démoniaque.
    L’homme secoua la tête avec vigueur.
    —  Non,
non, protesta-t-il, je ne le reverrai jamais !
    —  Alors
nous vous l’achetons le double de son prix, rétorqua Cassandra en extirpant une
bourse ventrue de sa poche.
    La vue des espèces sonnantes et trébuchantes vainquit
sans peine les réticences du vieillard, et moins de dix minutes après, toute la
troupe avait embarqué à bord d’un bateau. Jeremy et Andrew s’emparèrent des
rames tandis que Nicholas saisissait le gouvernail.
    —  Vous
savez donc naviguer ? s’enquit Cassandra, surprise.
    —  C’est
un de mes nombreux talents, répondit Nicholas avec un sourire suffisant à
l’adresse de la jeune femme.
    Andrew dut déployer de louables efforts pour résister à
l’envie de le jeter par-dessus bord. Mais déjà le canot commençait à filer
rapidement sur la mer bruissante dans laquelle il creusait un sillon argenté
d’écume. Avec beaucoup d’adresse, Nicholas faisait évoluer la barque parmi les
roches et les écueils qui pointaient à fleur d’eau. Le vent leur étant
favorable, ils ne tardèrent pas à gagner les abords de l’île, dont la masse
noire se dressait, imposante et vaguement effrayante, sur le ciel bas et
pesant. Au pied des falaises s’entrechoquaient et se brisaient inlassablement
des milliers de vagues dans un bouillonnement de mousse blanchâtre. Le
tourbillon formé par les eaux et une barrière de récifs acérés rendaient tout
débarquement impossible dans ce secteur. Aussi Nicholas entreprit-il de faire
le tour de l’île à la recherche d’un endroit où accoster. Il finit par
découvrir un point accessible sur la côte orientale, au bas d’une dépression de
terrain. Une anfractuosité s’ouvrait là, protégée par une petite jetée
naturelle. La mer y était calme, et seules quelques rides plissaient sa surface
paisible.
    Nicholas sauta à terre et amarra la barque à un piton
rocheux. Lorsque tous eurent débarqué avec plus ou moins d’aisance (Megan pour
sa part serait tombée à l’eau si son frère ne l’avait pas rattrapée in extremis), Jeremy
demanda à la cantonade :
    —  Eh
bien, que faisons-nous maintenant ?
    Julian fronça les sourcils.
    —  Cylenius
s’est contenté d’indiquer l’emplacement de l’île sur sa carte. Je crains que nous
ne devions compter que sur nous-mêmes pour élucider le reste de l’énigme.
    Il leva les yeux vers l’arbre qui suscitait tant
d’effroi chez les autochtones. Il plongeait ses racines dans un promontoire
déchiqueté, rocailleux, et presque détaché de la falaise à une vingtaine de
mètres au-dessus d’eux.
    —  Nous
pourrions commencer par aller examiner cet arbre de plus près, proposa Julian.
Sa présence ici n’est sans doute pas due au hasard, je pense même qu’il nous
indique le chemin à suivre.
    Après avoir descendu une petite pente, ils gravirent une
sorte de sentier qui courait sur une arête rocheuse. Ils progressaient avec
lenteur car le sol était glissant, et une trop grande hâte aurait risqué de les
précipiter dans les vagues. Au bout d’une trentaine de minutes, ils parvinrent
au sommet de l’île. De là, ils dominaient les environs : les terres des
Highlands à l’ouest, la mer infinie à l’est, un panorama rugueux et glacial
battu par les vents et les flots.
    Avec ses feuilles d’un vert luisant et gonflées de sève,
son large tronc à l’écorce d’un brun satiné, l’arbre vigoureux tranchait de
manière saisissante et insolite avec ce paysage désolé.
    —  L’étincelle
de vie au milieu de la mort…, murmura pensivement Megan, la tête levée vers les
branches.
    —  Ce
n’est pas le moment de faire de la poésie ! gloussa Jeremy.
    —  Mais
elle a tout à fait raison, remarqua Julian (le visage du journaliste
s’allongea). Je suis persuadé que

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