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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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aucun cloute possible.
    Comme paralysés par le trac, ils se figèrent et
observèrent l’horizon dans un silence religieux.
    Grise et houleuse, la mer s’étendait à perte de vue sous
leurs yeux, agitée par un vent glacial venu du nord. Des nuages sombres
moutonnaient au-dessus de leurs têtes, dissimulant la couleur du ciel. Nul
rayon de soleil ne parvenait à filtrer à travers ce rideau opaque. En
arrière-plan s’élevaient les masses imposantes des montagnes du Sutherland dont
les sommets les plus lointains étaient couronnés de neige. L’île de rocher noir
qui émergeait au milieu des flots apportait la touche finale à ce paysage
splendide mais ô combien inhospitalier.
    —  Sinistre,
marmonna Jeremy. Et pas âme qui vive à des dizaines de miles à la ronde !
    —  On
a l’impression d’être au bout du monde, approuva Nicholas. Dolem avait
raison : il était difficile de trouver un endroit plus sauvage et désolé
pour dissimuler un sanctuaire.
    —  Pas
si désolé que ça, le contredit Megan en pointant un doigt vers la plage.
Regardez, il y a un homme en bas.
    Et en effet, un homme trapu marchait sur la grève,
traînant derrière lui des filets de pêche. Il se dirigeait vers une cabane de
modeste apparence nichée sous le rebord de la falaise.
    —  Ce
pêcheur doit posséder un bateau, observa Cassandra. Il pourra peut-être nous
conduire sur l’île.
    Un étroit sentier herbeux serpentait du sommet de
l’escarpement jusqu’à la plage à travers des fougères épineuses et des touffes
de bruyères. Le petit groupe l’emprunta et descendit avec prudence parmi un
chaos de rocs qui s’était éboulé de la falaise. Le pêcheur, un vieil homme au
teint buriné, aux mains noueuses et au cheveu rare et blanc, s’immobilisa en
les apercevant et les regarda s’avancer d’un œil suspicieux, sans doute peu
habitué à recevoir des visiteurs dans cette région isolée.
    —  Bonjour,
dit Nicholas, arrivé le premier près de lui.
    Les mâchoires contractées, l’homme ne répondit pas à ce
salut.
    —  Cette
île a-t-elle un nom ? demanda Nicholas en désignant du geste le large.
    L’homme blêmit et secoua négativement la tête, l’air
soudain alarmé.
    —  Nous
souhaiterions nous y rendre, intervint Cassandra. Pourriez-vous nous y
emmener ? Vous seriez payé, naturellement.
    Saisi, le pêcheur lâcha ses filets et retrouva sa
langue.
    —  Bon
Dieu, jamais de la vie ! s’exclama-t-il en jetant un regard paniqué vers
la mer. Je ne m’en approche jamais, jamais !
    —  Et
pourquoi cela ?
    L’homme hésita, se tordit les mains, piétina
nerveusement le sable, puis se décida à parler.
    —  C’est
le domaine du diable, avoua-t-il d’une voix rauque, une expression apeurée sur
le visage. Cette île est maudite…
    Cassandra et ses compagnons échangèrent des coups d’œil
perplexes ; bien qu’incompréhensible, la terreur de l’homme n’était pas
feinte, et comme par contagion une sourde angoisse jaillit en eux.
    —  Maudite ?
Qu’entendez-vous par là ?
    —  Les
lumières rouges…, chuchota le pêcheur en écarquillant les yeux, les lumières
rouges… La nuit, on peut les voir sur l’île, elles brillent depuis des siècles,
comment c’est possible une chose pareille ? Si c’étaient des feux, ils
auraient dû s’éteindre depuis le temps, non ? Mais qu’est-ce que ça
pourrait être d’autre ? Il y a très, très longtemps, avant la naissance de
mon père, des gars de mon village sont allés voir, ils ont retourné toute l’île
caillou par caillou, mais ils ont rien trouvé, rien du tout. C’est pour ça que
je suis sûr que ces lumières sont l’œuvre du diable…
    —  Il
y a forcément une explication à ce phénomène, observa Julian, toujours
cartésien.
    —  Et
l’arbre ? insista le vieux, devenu très volubile.
    —  Quel
arbre ?
    —  Celui
qui pousse sur l’île, pardi.
    D’un même mouvement, ils se tournèrent vers le large.
Planté au sommet de l’îlot rocheux et le surplombant, un arbre qu’ils avaient
pris de loin pour un rocher déployait majestueusement ses branches touffues jusqu’au-dessus
des flots.
    —  Ce
caillou est nu comme ma main, et un arbre pousse dessus ! C’est pas
bizarre ça aussi ? s’obstina le vieil homme. Et ses feuilles sont toujours
vertes, peu importent la saison et le froid qu’il peut faire ! Si c’est
pas l’œuvre du démon, moi je suis la reine Victoria !

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