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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de vastes terres. Leurs
hommes se rassemblèrent le long des murs pendant que les femmes distribuaient
des cornes d’ale.
    — Fais ton offre, me commanda brusquement
Sigefrid.
    — C’est une fille et non un fils, dis-je.
Aussi Alfred n’est-il pas disposé à payer une grosse somme. Trois cents livres
d’argent semblent convenir.
    Sigefrid me considéra longuement, puis balaya
la salle du regard.
    — Ai-je entendu péter un Saxon ? demanda-t-il.
    Des rires s’élevèrent. Il renifla bruyamment
et fronça le nez tandis que l’assistance faisait des bruits de pets. Puis il
assena un énorme coup de poing sur son accoudoir et le silence se fit aussitôt.
    — Tu m’insultes, dit-il avec un regard
flamboyant. Si Alfred a l’intention de m’offrir si peu, j’ai dans l’idée qu’on
m’amène la fille et que tu me voies la trousser. Et si je faisais cela ? Est-ce
ce que tu désires, petite fiente saxonne ? Tu veux me voir la violer ?
    La colère était feinte, à mon avis. Tout comme
je devais tenter de diminuer la valeur d’Æthelflæd, Sigefrid se devait d’exagérer
la menace, mais j’avais noté un tressaillement dégoûté sur le visage d’Erik
quand son frère avait parlé de viol.
    — Le roi, répondis-je calmement, m’a
donné certaine liberté d’élever son offre.
    — Quelle surprise ! ironisa Sigefrid.
Laisse-moi connaître les limites de ta liberté. Nous désirons recevoir dix
mille livres d’argent et cinq mille d’or… Et la somme, continua-t-il, devra
être apportée et payée ici par Alfred en personne.
    Ce fut une longue, très longue journée arrosée
d’ale, d’hydromel et de vin de bouleau, et les négociations furent ponctuées de
menaces, colères et insultes. Je bus peu, seulement de l’ale, mais Sigefrid et
ses capitaines s’abreuvèrent abondamment. C’est peut-être ce qui les amena à
céder plus que je n’aurais cru. La vérité est qu’ils voulaient davantage :
un plein chargement d’argent et d’or pour pouvoir engager d’autres hommes et
acheter des armes pour commencer leur conquête du Wessex. J’avais évalué que
Sigefrid pouvait assembler une armée de quelque trois mille hommes et c’était
loin de suffire pour envahir le Wessex. Il lui en fallait cinq à six mille, et
même autant ne suffiraient peut-être pas, mais s’il parvenait à huit mille, il
pourrait vaincre. Avec une telle armée, il pourrait conquérir le Wessex et
devenir le roi infirme de plaines fertiles. Mais pour obtenir tous ces hommes, il
lui fallait de l’argent, et s’il ne recevait pas la rançon, même ceux qui le
suivaient maintenant le déserteraient promptement pour trouver d’autres
seigneurs capables de les payer.
    À la moitié de l’après-midi, ils s’étaient
décidés pour trois mille livres d’argent et cinq cents d’or. Ils exigeaient
toujours qu’Alfred les apporte en personne, mais je refusai fermement, allant
même jusqu’à faire mine d’entraîner Willibald en prétendant que nous partions
parce que nous ne pouvions parvenir à un accord, mais Haesten intervint.
    — Et le mari de la catin ? demanda-t-il.
    — Quoi ?
    — Ne se fait-il pas appeler seigneur de
Mercie ? demanda-t-il, moqueur. Eh bien, que le seigneur de Mercie apporte
la somme.
    — Et qu’il me supplie de laisser la vie
sauve à son épouse, ajouta Sigefrid. À genoux.
    — Accordé, répondis-je avec une telle
facilité qu’ils en furent surpris.
    Sigefrid fronça les sourcils.
    — Accordé ?
    — Oui, dis-je en me rasseyant. Le
seigneur de Mercie apportera la rançon et s’agenouillera devant toi. Il est mon
cousin, expliquai-je, et je déteste ce gueux.
    Sigefrid éclata de rire.
    — La somme devra être ici avant la pleine
lune, dit-il. Et tu viendras la veille m’annoncer qu’elle est en chemin. Tu
accrocheras à ton mât une branche feuillue en signe de paix.
    Il voulait être prévenu une journée à l’avance,
afin de pouvoir assembler le plus d’hommes possible pour assister à son
triomphe. J’acceptai mais lui expliquai que ce ne pourrait être si rapide, car
il fallait du temps pour recueillir une telle somme. Sigefrid gronda, mais je
lui assurai qu’Alfred était homme de parole : à la prochaine pleine lune
une vaste avance lui serait versée et apportée à Beamfleot. Æthelflæd serait
alors libérée, exigeai-je, et le reste serait apporté avant la pleine lune
suivante.
    — Et je désire voir la dame Æthelflæd
maintenant,

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