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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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et comprenant qu’il
ne s’arrêterait qu’une fois le Dane mort, j’écartai les lances et m’avançai.
    — Arrête ! criai-je à Steapa.
    Puis, voyant qu’il faisait la sourde oreille, je
tirai Dard-de-Guêpe et lui donnai un coup du plat de ma lame sur l’arrière du
crâne.
    Il poussa un grondement et je crus un instant
qu’il allait se jeter sur moi, mais il reprit ses sens et lâcha le cou de
Weland en levant les yeux vers moi.
    — J’ai gagné, dit-il avec colère. Dis-moi
que j’ai gagné !
    — Oh oui, tu as gagné.
    Il se releva, tituba un peu, puis se campa les
jambes écartées et leva les poings vers le ciel.
    — J’ai gagné ! beugla-t-il.
    Weland cherchait toujours son souffle. Il
tenta de se lever, mais retomba.
    — Le Saxon a vaincu, déclarai-je à
Sigefrid. Le prêtre vivra.
    — Le prêtre vivra, répondit Erik.
    Haesten souriait, Sigefrid avait l’air amusé, et
Weland respirait péniblement.
    — Alors fais ton offre pour la catin d’Alfred !
me lança Sigefrid.
    Le marchandage pouvait commencer.

10
    Sigefrid fut descendu de la plate-forme par
quatre hommes qui peinèrent à soulever son siège pour le déposer à terre. Il me
jeta un regard de reproche, comme si j’étais responsable de son infirmité, ce
qui était en partie le cas. Les quatre hommes portèrent le siège jusqu’au
château et Haesten, qui ne m’avait salué que d’un vague sourire, nous fit signe
de les suivre.
    — Steapa doit être soigné, dis-je.
    — Une femme épongera le sang, répondit
Haesten avec désinvolture avant d’éclater de rire. Alors, tu as découvert que
Bjorn était une supercherie ?
    — Une bonne, concédai-je à contrecœur.
    — Il est mort, à présent, dit-il avec
aussi peu d’émotion que s’il parlait d’un chien. Il a attrapé une fièvre deux
semaines après ta venue. Et maintenant le gueux ne peut plus sortir de sa tombe !
    Haesten portait une lourde chaîne d’or sur sa
large poitrine. Je me le rappelai jeune, à peine un adolescent quand je l’avais
sauvé, mais il était devenu un homme et ce que je voyais ne me plaisait point. Son
regard était assez amical, mais on décelait au fond de ses yeux une âme prête à
frapper comme serpent.
    — Tu sais que la royale catin saxonne va
te coûter beaucoup d’argent ? me dit-il en me donnant un petit coup sur le
bras.
    — Si Alfred décide de la reprendre, répondis-je
d’un air dégagé, peut-être acceptera-t-il de payer quelque chose.
    Cela le fit rire.
    — Et s’il ne la veut pas ? Nous la
traînerons dans toute la Bretagne, la Franquie et jusque chez nous, puis nous
la dévêtirons et nous la ligoterons à un cadre les jambes écartées pour que
tout le monde voie la fille du roi de Wessex. Est-ce ce que tu lui souhaites, seigneur
Uhtred ?
    — Tu me veux comme ennemi, jarl Haesten ?
    — Nous le sommes déjà, je crois, dit-il. On
paiera de bon argent pour voir la fille du roi de Wessex, ne crois-tu point ?
Et les hommes paieront d’or pour la trousser. Je crois que ton Alfred voudra
empêcher cette humiliation.
    Il avait raison, bien sûr, mais je n’osai le
reconnaître.
    — A-t-elle été maltraitée ? demandai-je.
    — Erik ne nous laisse pas l’approcher, s’amusa-t-il.
Non, elle est intouchée. Qui veut vendre truie ne la bat point avec des épines,
non ?
    — Certes.
    Battre un cochon avec un bâton de houx
laissait des marques si profondes que la viande de la bête ne pouvait plus être
séchée au sel. L’entourage d’Haesten attendait non loin et je reconnus Eilaf le
Rouge, l’homme chez qui on m’avait montré Bjorn. Il s’inclina, mais je l’ignorai.
    — Entrons, suggéra Haesten en désignant
le château de Sigefrid, et voyons combien d’or nous pouvons extorquer au Wessex.
    — Je dois d’abord voir Steapa, dis-je.
    Je le trouvai entouré d’esclaves saxonnes qui
le pansaient avec un baume. Comme il n’avait pas besoin de moi, je suivis
Haesten.
    Des tabourets et des bancs avaient été
disposés en cercle autour de l’âtre central. Willibald et moi reçûmes les deux
plus bas, tandis que Sigefrid nous toisait du haut de son siège de l’autre côté.
Erik et Haesten prirent place de chaque côté de l’infirme puis les autres
hommes, chargés de bracelets, s’assirent à leur tour. C’étaient les Norses les
plus importants, ceux qui avaient amené deux navires ou plus ; ceux qui, si
Sigefrid conquérait le Wessex, seraient récompensés

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