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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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demandai-je.
    Sigefrid agita une main nonchalante.
    — Pourquoi pas ? Qu’Erik te conduise.
    Erik avait à peine parlé de la journée. Comme
moi, il avait peu bu et ne s’était joint ni aux rires ni aux insultes. Il était
resté assis, sérieux et réservé, à nous observer.
    — Tu festoieras avec nous ce soir, dit
Sigefrid en souriant soudain. Nous fêterons ainsi notre accord et tes hommes de
Thunresleam seront aussi nourris. Tu peux aller parler à la fille ! Va
avec mon frère !
    Erik nous emmena, Willibald et moi, vers une
plus petite salle gardée par une douzaine d’hommes en armes et mailles, le long
du rempart donnant sur la mer. Il resta coi, comme si je n’étais pas là, les
yeux fixés sur le sol. Il s’immobilisa soudain.
    — Pensais-tu ce que tu as dit aujourd’hui ?
me demanda-t-il.
    — J’en ai beaucoup dit, répondis-je
prudemment.
    — Que le roi Alfred ne voulait point
payer beaucoup pour la dame Æthelflæd parce qu’elle est une fille ?
    — Les fils valent plus que les filles, répondis-je
en toute sincérité.
    — Ou bien marchandais-tu ?
    J’hésitai. La question me paraissait étrange, parce
que Erik était sûrement assez malin pour percer ma pitoyable tentative, mais
son ton passionné m’indiqua qu’il voulait la vérité. Par ailleurs, rien de ce
que je dirais désormais ne changerait notre accord scellé d’une corne d’ale et
d’une poignée de main après avoir juré sur le marteau de Thor.
    — Bien sûr que oui, répondis-je. Æthelflæd
est chère à son père, qui souffre de tout cela.
    — C’est bien ce qu’il me semblait, dit-il
pensivement. Combien le roi aurait-il payé ?
    — Tout ce qui aurait été nécessaire.
    — En vérité ? Il n’a point fixé de
limite ?
    — Il m’a dit, répondis-je sans mentir, de
payer ce qu’il faudrait pour la ramener.
    — À son mari.
    — Oui.
    — Tu mériterais de mourir, lâcha-t-il
avec un frémissement qui me rappela qu’il avait dans son âme un peu de la
colère de son frère.
    — Quand le seigneur Æthelred viendra avec
l’argent et l’or, l’avertis-je, tu ne pourras le toucher. Il viendra sous la
bannière de paix.
    — Il la frappe ! Est-ce vrai ? demanda-t-il
brusquement.
    — Oui.
    Il me dévisagea un moment et je le vis lutter
contre sa fureur.
    — Par ici, dit-il en désignant la petite
salle.
    Je remarquai que les gardes étaient des hommes
plus âgés et je devinai qu’ils avaient été choisis non seulement pour garder Æthelflæd
mais aussi parce qu’ils ne la maltraiteraient point.
    — Elle n’a rien, dit Erik, devinant
peut-être mes pensées.
    — C’est ce qui m’a été assuré.
    — Elle a trois de ses servantes avec elle
et je lui ai donné deux gentilles filles danes. Et je les ai fait garder.
    — Par des hommes de confiance.
    — Les miens, dit-il avec chaleur. Et, oui,
dignes de confiance. (Il m’arrêta de la main.) Je vais la faire sortir, car
elle aime l’air frais.
    J’attendis pendant que le père Willibald regardait
avec inquiétude les autres Norses restés dans la grande salle.
    — Pourquoi la voyons-nous ici ?
    — Parce que Erik dit qu’elle aime être à
l’air libre, expliquai-je.
    — Mais me tueront-ils si je lui donne les
sacrements ici ?
    — Parce qu’ils penseront que vous opérez
quelque magie chrétienne ? J’en doute, mon père.
    Erik écarta la tenture de cuir qui fermait la
salle après avoir fait écarter les gardes, qui laissèrent un espace entre la
façade du bâtiment et les murailles de la forteresse. Ces remparts étaient un
épais remblai de terre de seulement trois pieds de haut, mais de l’autre côté
ils tombaient à pic bien plus bas. Le talus était couronné d’une palissade d’épais
pieux de chêne pointus. Je ne nous imaginais point gravir la colline depuis la
crique puis tenter de franchir ce formidable mur. Mais je n’envisageais pas
davantage d’attaquer depuis la terre en montant à découvert jusqu’au fossé, au
mur et à la palissade qui protégeaient cet endroit. C’était un bon camp, pas
imprenable, mais dont la prise serait coûteuse en hommes.
    — Elle est en vie, souffla le père
Willibald.
    Je me retournai alors qu’Æthelflæd
franchissait la tenture retenue par une main invisible. Elle paraissait plus
jeune et menue que jamais, et bien que sa grossesse commence enfin à se voir, elle
semblait encore leste. Et vulnérable. Un sourire lui vint quand elle me

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