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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’empoignaient. Weland, manifestement ivre, prit Steapa par l’épaule
et se mit à chanter.
    — On dirait un veau que l’on châtre !
s’exclama Sigefrid avant de faire mander un scalde aveugle qui fut assis auprès
de l’âtre et chanta, accompagné de sa harpe, les exploits de Sigefrid.
    Je m’abstins de boire. Ce fut difficile, car j’étais
tenté de lever ma corne chaque fois que Sigefrid levait la sienne, mais je
devais retourner à Lundene le lendemain matin et Erik devait terminer sa
conversation avec moi cette nuit. Cependant, quand je partis, le ciel pâlissait
déjà à l’est. Æthelflæd, escortée par des gardes restés sobres, était partie se
coucher depuis des heures. Je passai devant des ivrognes étalés sous les bancs,
tandis que Sigefrid était affalé sur la table.
    — Nous avons notre accord ? demanda-t-il
d’une voix ensommeillée en entrouvrant un œil.
    — Nous l’avons.
    — Apporte l’argent, Saxon, grommela-t-il
avant de se rendormir.
    Erik m’attendait devant les appartements d’Æthelflæd
et nous reprîmes notre poste sur les remparts, d’où je contemplai l’aube grise
gagner les eaux calmes de l’estuaire.
    — C’est le Maître-des-vagues, me
dit-il en désignant les bateaux tirés sur la rive. Je l’ai fait racler et
calfater et il est de nouveau rapide comme le vent.
    — Ton équipage est de confiance ?
    — Ce sont mes hommes liges, ils le sont. Mais
ils ne combattront point les hommes de mon frère.
    — Ils risquent de le devoir.
    — Ils se défendront, mais ils n’attaqueront
pas. Ils sont de la même famille.
    — Le problème, dis-je en m’étirant dans
un bâillement en songeant au voyage de retour à Lundene, c’est le navire qui
barre le chenal ?
    — Il est manœuvré par les hommes de mon
frère.
    — Et non d’Haesten ?
    — Ceux-là, je les tuerais, nous n’avons
pas de liens de famille.
    Ni d’affection, pensai-je.
    — Tu veux donc que je détruise ce navire ?
    — Que tu ouvres le passage, corrigea-t-il.
    — Pourquoi ne leur demandes-tu pas tout
simplement de te livrer passage ?
    Cela me semblait beaucoup moins compliqué et
plus sûr. L’équipage du navire avait l’habitude de le manœuvrer pour ouvrir aux
autres, alors pourquoi pas à Erik ?
    — Aucun navire ne doit faire voile tant
que la rançon n’est pas arrivée, expliqua-t-il.
    C’était de bon sens, car qu’est-ce qui aurait
retenu un homme hardi de prendre trois ou quatre navires et de remonter le
fleuve pour guetter la flotte d’Alfred apportant la rançon et l’attaquer ?
Sigefrid avait assis sa monstrueuse ambition sur ce paiement et il ne tenait
pas à le perdre au profit d’un Viking encore plus brigand que lui. Cette
crainte laissait entendre qu’il soupçonnait quelqu’un.
    — Haesten ? demandai-je.
    — Un homme rusé.
    — Certes. Et sans foi ni parole.
    — Il partagera la rançon, bien sûr, continua
Erik, oubliant que s’il parvenait à ses fins aucune rançon ne serait jamais
versée. Mais je suis certain qu’il préférerait l’avoir tout entière.
    — Aucun navire ne peut donc partir. Mais
peux-tu amener Æthelflæd à ton bord sans que Sigefrid le sache ?
    — Oui. La prochaine lune est dans deux
semaines. Viendras-tu dans sept jours à l’aube ?
    Je hochai prudemment la tête.
    — Mais dès que j’attaquerai, fis-je
remarquer, quelqu’un sonnera l’alarme.
    — Nous aurons embarqué et serons prêts à
partir. Personne ne pourra t’atteindre depuis le camp avant que tu aies pris le
large. Je te paierai, ajouta-t-il en voyant mon air dubitatif.
    Cela me fit sourire. L’aube qui blanchissait
touchait d’or pâle les longs lambeaux de nuages.
    — Le bonheur d’Æthelflæd est mon salaire,
répondis-je.
    Et dans une semaine, je t’ouvrirai ton maudit
chenal. Vous pourrez partir ensemble, débarquer à Gyruum, chevaucher sans trêve
jusqu’à Dunholm et saluer Ragnar de ma part.
    — Le préviendras-tu de notre venue ?
    — Non, tu lui porteras le message.
    Je tournai d’instinct la tête et notai qu’Haesten,
qui venait de sortir de la grande salle, nous observait avec deux compagnons
tout en ceignant ses épées. Il n’y avait rien d’étrange dans son geste, mais je
le sentis particulièrement attentif, comme s’il savait de quoi Erik et moi
parlions.
    — Haesten sait-il pour toi et Æthelflæd ?
questionnai-je.
    — Bien sûr que non. Il croit que je suis
chargé de la

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