Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
quand même.
    — Alfred ne nous attaquera pas avant l’été,
dit Erik sans relever les propos de son frère. Entre-temps, seigneur Uhtred, nous
espérons que tu auras fait venir le comte Ragnar jusqu’en Estanglie. Alfred ne
peut ignorer une telle menace. Il marchera contre nos armées réunies, pas contre
la garnison de Lundene, et notre tâche est de le tuer et de mettre sur le trône
son neveu.
    — Æthelwold ? fis-je, dubitatif. C’est
un ivrogne.
    — Ivrogne ou non, un roi saxon rendra
notre conquête du Wessex plus savoureuse encore.
    — Jusqu’à ce que vous n’ayez plus besoin
de lui.
    — Jusqu’à ce que nous n’en ayons plus
besoin, en effet, convint-il.
    Le prêtre ventru au bout du rang de
prisonniers agenouillés nous avait écoutés. Il nous dévisagea et Sigefrid
surprit son regard.
    — Nous allons commencer par lui, dit
Sigefrid. Nous allons clouer ce gros bâtard à la croix et voir s’il meurt.
    — Pourquoi ne pas le laisser se battre ?
demandai-je.
    — Le laisser se battre ? répéta
Sigefrid, persuadé d’avoir mal compris.
    — L’autre prêtre est maigrichon, et bien
plus aisé à clouer sur une croix. Que l’on donne au gris une épée et qu’il se
batte.
    — Tu crois qu’un prêtre sait se battre ?
ricana Sigefrid.
    — C’est simplement que j’aime voir ces
gros lards perdre un combat, expliquai-je. Voir leurs bedaines éventrées et
leurs tripes se répandre.
    Pendant ce temps, je regardais le prêtre qui
leva la tête vers moi.
    — Je veux voir des coudées et des coudées
de boyaux se déverser, continuai-je, puis tes chiens les dévorer pendant qu’il
est encore en vie.
    — Ou le forcer à les manger lui-même, remarqua
pensivement Sigefrid. Tu me plais, seigneur Uhtred !
    — Il mourra trop aisément, dit Erik.
    — Alors donnez-lui quelque chose pour se
battre.
    — Pour quelle cause pourrait se battre ce
gros porc de prêtre ? demanda Sigefrid.
    Je laissai Erik répondre à ma place.
    — Sa liberté ? proposa-t-il. S’il
est victorieux, tous les prisonniers seront libres, mais s’il est vaincu nous
les crucifierons tous. Cela devrait lui donner une raison de combattre.
    — Il perdra tout de même, dis-je.
    — Oui, mais il fera un effort, rétorqua
Erik.
    Sigefrid éclata de rire, amusé par l’incongruité
de la suggestion. Le prêtre, à demi nu, avec sa bedaine et son air terrifié, nous
regarda tour à tour, et ne vit qu’amusement et férocité.
    — As-tu déjà tenu une épée, le prêtre ?
lui demanda Sigefrid.
    Il resta coi.
    — Il saura seulement s’agiter comme un
cochon qui se débat, ironisai-je.
    — Tu veux le combattre ? suggéra
Sigefrid.
    — Ce n’est pas à moi qu’il a été mandé, seigneur,
dis-je respectueusement. Par ailleurs, j’ai ouï dire que nul ne saurait
rivaliser avec toi. Je te défie de lui fendre le ventre.
    Sigefrid, séduit, se tourna vers le prêtre.
    — Saint homme ! Tu veux te battre
pour ta liberté ?
    Le prêtre tremblait de peur. Il chercha
vainement du regard un soutien auprès de ses compagnons, puis il hocha
difficilement la tête.
    — Oui, seigneur, dit-il.
    — Alors, tu te battras contre moi, dit
Sigefrid. Et si je gagne, vous mourrez tous. Si tu gagnes, vous pourrez tous
partir. Sais-tu te battre ?
    — Non, seigneur, répondit le prêtre.
    — As-tu déjà tenu une épée en main ?
    — Non, seigneur.
    — Alors, es-tu prêt à mourir ?
    Le prêtre regarda le Norse et, malgré ses
bleus et ses écorchures, une lueur de colère dans son regard démentit le ton
humble de sa voix :
    — Oui, seigneur, je suis prêt à mourir et
à rejoindre mon Sauveur.
    — Qu’on coupe ses liens, ordonna Sigefrid
à ses hommes. Qu’on lui donne une épée. (Il tira la sienne, une longue lame à
double tranchant.) Donneuse-d’Effroi… Elle a besoin d’exercice.
    — Tiens, dis-je en dégainant Souffle-de-Serpent
et en la jetant au prêtre dont on venait de délier les mains.
    Il la manqua et elle tomba dans l’herbe. Il la
fixa un moment, comme s’il n’avait jamais rien vu de tel, puis il se baissa
pour la ramasser, ne sachant de quelle main la prendre. Il opta pour la gauche
et tenta un estoc maladroit qui fit rire l’assistance.
    — Pourquoi lui donner ton épée ? demanda
Sigefrid.
    — Il n’en fera rien de bon, dis-je avec
mépris.
    — Et si je la brise ?
    — Alors je saurai que celui qui la forgea
ne connaissait pas son

Weitere Kostenlose Bücher