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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Sous le choc, nous
reculerions sur le rang suivant, et là les haches frapperaient, non pour briser
nos boucliers, mais pour élargir la brèche ménagée dans nos rangs par les
lances, crocher et tirer sur les boucliers du deuxième rang et nous exposer aux
lances qui les suivaient. Sigefrid n’avait qu’une ambition : briser
rapidement notre mur. Et je ne doutais pas que ses huit hommes avaient l’habitude
de procéder ainsi.
    — Tenez-vous prêts ! criai-je.
    C’était inutile : mes hommes savaient
quoi faire. Tenir et mourir. C’est le serment qu’ils m’avaient prêté.
    J’étais sûr que nous mourrions si Æthelred n’arrivait
pas. La puissance de l’assaut de Sigefrid nous fracasserait et nous n’avions
pas de lances assez longues pour contrer les leurs. Nous ne pouvions que tenir
notre position, mais nous étions moins nombreux et l’ennemi, sûr de sa victoire,
nous insultait et nous promettait une mort qui arrivait à grands pas.
    — Nous fermons la porte, seigneur ? suggéra
Cerdic.
    — Trop tard.
    Et l’assaut fut donné.
    Les quatre lanciers coururent sur nous en hurlant,
brandissant leurs armes aussi longues qu’avirons et aux pointes comme des épées.
Ils visaient bas, cherchant à nous faire incliner nos boucliers pour que les
haches puissent les crocher plus facilement.
    Ils y parviendraient : ces hommes étaient
des briseurs de murs, entraînés à cela et aguerris, et le château d’Odin devait
être rempli de leurs victimes. Ils étaient huit, barbus, vêtus de maille, redoutables.
    — Poussez contre nous ! criai-je au
second rang en m’arc-boutant.
    Et les lances furent sur nous. Je vis celui
qui me visait grimacer en se précipitant sur moi. Quand, soudain, Pyrlig frappa.
    Il me fallut un moment pour comprendre. J’attendais
le coup de lance et m’apprêtais à parer une hache avec Souffle-de-Serpent quand
quelque chose tomba du ciel sur nos assaillants. Les longues lances piquèrent
du nez et s’enfoncèrent dans le sol juste devant moi. Les huit hommes
vacillèrent. Je crus d’abord que deux des hommes de Pyrlig avaient sauté depuis
le haut rempart de la porte, puis je vis que le Gallois avait jeté deux
cadavres, encore vêtus de leurs cottes. Et nos assaillants, jusque-là en ordre,
trébuchèrent sur les cadavres.
    Sans réfléchir, j’abattis ma lame sur le
casque d’un ennemi, le fendant en deux, tout en écrasant le visage d’un lancier
d’un coup de bouclier.
    — Mur de boucliers ! criai-je en
reculant.
    Finan avait avancé avec moi, et tué un autre
lancier. Le chemin était dès lors barré par trois cadavres et un homme assommé ;
et tandis que je retournais vers l’arche, deux autres corps lancés depuis les
remparts le bloquèrent encore plus.
    C’est alors qu’au deuxième rang j’avisai le
belliqueux Sigefrid et sa cape de peau d’ours.
    — Avancez ! hurlait-il à ses hommes,
pris de court par les cadavres lancés sur eux.
    Il se jeta sur moi en rugissant, mais ses
troupes avaient été coupées dans leur élan. Au lieu de nous frapper de plein
fouet, ils s’avancèrent au pas. Nos boucliers s’entrechoquèrent, nos épées les
frappèrent en même temps. J’avais rengainé Souffle-de-Serpent, car une longue
lame n’est d’aucun usage quand les murs se rapprochent, et j’avais tiré
Dard-de-Guêpe, pour chercher vainement une brèche entre les boucliers ennemis.
    De part et d’autre, les hommes poussaient en
grognant. Clapa para le coup de hache qui visait ma tête et son bouclier qui s’abattit
sur mon crâne manqua de m’assommer. Sigefrid m’insulta en me crachant au visage,
et je le traitai de fils de bouc et de catin tout en fouaillant devant moi avec
mon épée, mais jusqu’à ce jour j’ai toujours ignoré quels dégâts elle put faire.
    Les poètes racontent ces batailles, mais aucun
de ceux que je connais n’a jamais combattu au premier rang d’un mur de
boucliers. Ils égrènent les prouesses des guerriers et le nombre d’ennemis
abattus. Sa lame vive étincelait, chantent-ils, et maints tombèrent sous sa
lance ; mais cela ne se passa pas ainsi. Les lames n’étincelaient pas, elles
étaient coincées entre les boucliers et les hommes qui poussaient en jurant. Peu
mouraient une fois les boucliers face à face, car il n’y avait pas la place de
bouger les épées. Le massacre ne commençait que lorsqu’un mur se rompait, mais
le nôtre résista à ce premier assaut. Je ne voyais guère, car mon

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