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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Finan
et de ma garde, ainsi que de cinquante hommes d’Alfred commandés par Steapa. Nous
ne portions point de bannières, mais Sihtric tenait une branche d’aulne
feuillue en signe de paix.
    La région à l’est de Lundene était affreuse, plate
et désolée. Ce n’étaient que ruisseaux, marais et roseaux. À main droite, où la
Temse apparaissait parfois comme une ardoise grise, les marécages étaient noirs
même sous le soleil. Il y a là peu d’habitants, mais nous croisâmes quelques
masures à toit de roseaux. Elles semblaient désertes, car les pêcheurs d’anguilles
qui y vivaient avaient dû se terrer quelque part en nous voyant arriver.
    Le sentier qui longeait le marais traversait
des champs bordés de haies d’aubépines et encombrés d’argile. Les rares arbres
étaient rabougris et courbés par le vent. Plus nous poussions vers l’est, plus
les maisons étaient nombreuses et grandes. À midi, nous fîmes halte à un
château pour abreuver et reposer les chevaux. Il était protégé d’une palissade
et un serviteur vint prudemment à la porte nous demander ce que nous venions
faire.
    — Où sommes-nous ? interrogeai-je, sans
répondre à sa question.
    — Au dun de Wocca, seigneur, répondit-il
en anglois.
    Je souris intérieurement car dun signifiait « colline »
et il n’y en avait nulle part, même si le château se dressait sur une légère
éminence.
    — Wocca est-il là ?
    — Son petit-fils détient à présent la
terre, seigneur. Il n’est pas là.
    Je sautai de selle et tendis les rênes à
Sihtric.
    — Promène-le avant de le laisser boire, ordonnai-je.
Alors, ce petit-fils, de qui est-il l’homme lige ?
    — Il sert Hakon, seigneur.
    — Et Hakon ? demandai-je, remarquant
qu’un Saxon possédait le château mais était le vassal d’un Dane.
    — Il est vassal du roi Æthelstan, seigneur.
    — Guthrum ?
    — Oui, seigneur.
    — Guthrum a-t-il mandé des hommes ?
    — Non, seigneur.
    — Et sinon, Hakon et ton maître
auraient-ils obéi ?
    — Ils sont partis pour Beamfleot, répondit
prudemment le serviteur.
    C’était fort intéressant. Hakon, m’apprit l’homme,
possédait une vaste étendue de cette terre ingrate que lui avait accordée
Guthrum, mais il était à présent déchiré entre son allégeance à Guthrum et sa
crainte de Sigefrid.
    — Hakon suivra donc le jarl Sigefrid ?
    — Je le pense, seigneur. Il a été appelé
à Beamfleot, je n’en sais pas plus, et mon maître est allé avec lui.
    — Ont-ils emmené leurs guerriers ?
    — Quelques-uns seulement, seigneur.
    — Les soldats n’étaient pas appelés ?
    — Non, seigneur.
    Donc, Sigefrid ne rassemblait pas encore une
armée, mais plutôt les plus riches hommes d’Estanglie, pour leur annoncer ce qu’il
attendait d’eux. Il demanderait leurs guerriers le moment venu et sans doute
leur faisait-il miroiter les richesses qui seraient leurs une fois payée la
rançon d’Æthelflæd. Et Guthrum ? D’après moi, il restait coi pendant que
ses vassaux se laissaient séduire par Sigefrid. Il ne tentait nullement de
mettre un terme à ces manigances et avait probablement compris qu’il était
impuissant face aux généreuses promesses des Norses. Mieux valait en ce cas
laisser Sigefrid lancer ses troupes contre le Wessex que le tenter d’usurper le
trône d’Estanglie.
    — Et le petit-fils de Wocca, demandai-je,
tout en connaissant la réponse, il est saxon ?
    — Oui, seigneur, mais sa fille a épousé
un Dane.
    Il semblait donc que les Saxons de cette morne
terre combattraient pour les Danes, soit parce qu’ils n’avaient pas le choix, soit
parce que leurs allégeances changeaient en raison de leurs mariages.
    Le serviteur nous donna de l’ale, de l’anguille
fumée et du pain dur. Le repas terminé, nous partîmes alors que le soleil
illuminait une chaîne de collines à l’ouest, si abruptes qu’elles semblaient
des remparts de verdure.
    — C’est Beamfleot, annonça Finan.
    — C’est là-haut, en effet.
    Beamfleot ne pouvait se situer qu’à l’extrémité
sud des collines, même si, à cette distance, nous ne pouvions distinguer la
forteresse. Je me sentis découragé. Si nous devions attaquer Sigefrid, je ne me
sentais guère prêt à lancer des troupes sur ces pentes raides.
    — Si jamais nous devons combattre, criai-je
à Steapa en plaisantant, je t’enverrai en éclaireur avec tes hommes !
    Il me lança un regard noir.
    — Ils nous

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