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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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choisisse de
nous humilier en l’incendiant durant notre sommeil. J’avais déjà vu cela et c’est
affreux. Des guerriers attendent dehors que les habitants paniqués fuient l’enfer
ardent, et le lendemain il ne reste que des corps calcinés et recroquevillés
comme enfants, leurs lèvres brûlées découvrant des dents grimaçant une
éternelle douleur.
    Mais personne ne tenta de nous tuer durant
cette brève nuit d’été. Je montai un peu la garde, écoutant les chouettes, puis
regardant le soleil se lever entre les arbres. Peu après, j’entendis une corne
sonner. Plaintive, et par trois fois, puis trois encore. Sigefrid appelait ses
hommes. Je décidai de porter ma plus belle maille et mon beau casque de guerre
et, bien que la journée promît d’être chaude, ma cape noire ornée d’un éclair ;
puis j’enfilai mes bottes et ceignis mes épées. Steapa en avait fait autant, bien
que sa tenue fût sale et ternie, mais il paraissait plus redoutable que moi. Le
père Willibald avait revêtu son froc noir et portait un petit sac contenant un
Évangile et les sacrements.
    — Tu traduiras pour moi, veux-tu bien ?
me demanda-t-il.
    — Pourquoi Alfred n’a-t-il point choisi
un prêtre parlant danois ?
    — Je le parle, mais point autant que je
le voudrais ! Le roi m’a envoyé parce qu’il a pensé que je serais un
réconfort pour la dame Æthelflæd.
    — Assure-toi de l’être.
    — Ils arrivent, m’annonça Cerdic en
surgissant des arbres.
    — Combien ?
    — Six, seigneur, des cavaliers.
    Les six hommes arrivèrent dans la clairière et
s’arrêtèrent en jetant un regard circulaire. Ils comptaient les têtes pour
vérifier que je n’avais pas envoyé des éclaireurs explorer les environs. Satisfait,
leur chef daigna enfin se tourner vers moi. Il me sembla que c’était le même
que la veille.
    — Toi seul dois venir, me dit-il.
    — Nous serons trois.
    — Toi seul.
    — Alors nous partons sur-le-champ pour
Lundene, dis-je. Paquetez et sellez ! Nous partons ! criai-je aux
miens.
    L’homme n’insista pas.
    — Trois, dans ce cas, mais tu ne
chevaucheras point en présence du jarl Sigefrid. Vous marcherez.
    Je ne discutai pas. Puisque Sigefrid voulait
nous humilier, quoi de mieux que de nous forcer à marcher ? Les seigneurs
chevauchent alors que le commun marche, mais Steapa, Willibald et moi suivîmes
humblement à pied les six cavaliers entre les arbres jusqu’à une vaste colline
herbeuse qui dominait la Temse. Elle était recouverte d’abris grossiers élevés
par les nouveaux équipages venus en renfort, alléchés par le trésor qu’il
allait bientôt posséder et distribuer.
    Je ruisselais de
sueur quand nous arrivâmes au campement de Sigefrid. J’apercevais désormais
Caninga et la partie est de la crique, que je connaissais de la mer, mais que
je n’avais jamais vues depuis cette hauteur. Je constatai ainsi qu’il y avait
encore plus de navires échoués dans la Hothlege. Les Vikings parcouraient le
monde en quête d’un point faible où ils pourraient accourir avec leurs haches
et leurs lances ; la capture d’Æthelflæd avait révélé l’existence d’un tel
lieu, et désormais ils se rassemblaient.
    Des centaines d’hommes attendaient et nous
dûmes passer entre deux rangées d’hommes barbus et armés jusqu’aux deux
chariots de ferme réunis pour former une longue plate-forme. Au centre de cette
estrade improvisée siégeait Sigefrid, affalé. Il portait sa cape noire malgré
la chaleur. Son frère Erik était debout d’un côté, et Haesten, avec un sourire
rusé, de l’autre. Une rangée de gardes casqués formait une haie derrière eux, et
sur les chariots flottaient des bannières ornées de corbeaux, aigles et loups. À
terre, devant Sigefrid, gisaient les enseignes prises sur la flotte d’Æthelred.
La grande bannière du seigneur de Mercie avec son cheval cabré, et celles
frappées de saints et de croix. Elles étaient souillées et les Danes avaient dû
tour à tour les compisser à cœur joie. Æthelflæd n’était nulle part en vue. Je
pensais qu’on nous l’aurait exhibée, mais elle devait se trouver sous bonne
garde dans l’un des bâtiments au sommet de la colline.
    — Alfred a envoyé ses chiots japper !
lança Sigefrid alors que nous arrivions devant les bannières souillées.
    — Alfred te porte son salut, dis-je en
ôtant mon casque.
    Je pensais que l’entrevue aurait lieu dans son
château, mais compris qu’il

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