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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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que des avant-bras et qu'ils renoncèrent à embrocher. Le lieu puait. Des vilains avaient dû s'en servir de feuillets, car des excréments jonchaient le parquet qu'on avait défoncé par endroits pour en récupérer les planches.
    — J'aime encore mieux un coin de luzerne, avait craché Luirieux en essuyant sa botte merdeuse sur l'arête d'une marche.
    — Gagnons Sassenage, avait décidé Philibert de Montoison, repoussant d'autant les limites de son courage.
    Il n'avait que trop tardé à rencontrer Sidonie. De fait, la bougresse les avait une fois de plus distancés. À peine avaient-ils mis pied à terre à la Bâtie qu'on leur avait annoncé qu'elle en était repartie trois jours plus tôt en litière, avec Philippine. Ne voulant pas exciter la curiosité de l'intendant du castel, ils ne s'étaient pas attardés. Après avoir déjeuné d'un solide ragoût dans une auberge à Saint-Romans, ils avaient attendu Garnier quatre heures durant à l'orée d'un bois qui dominait la grand-route et la rivière, estimant qu'il ne lui en faudrait pas davantage pour régler son affaire à Laurent de Beaumont et les rejoindre comme convenu. Mais ce diable avait dû lui donner du fil à retordre. Contre toute logique pour qui connaissait les aptitudes guerrières du géant, Garnier n'avait pas reparu. L'après-midi s'étirant, Philibert de Montoison avait décidé de lever le camp, certain qu'on informerait leur compagnon de leur destination dès lors qu'il se présenterait à son tour à la Bâtie.
    Il tardait au chevalier de mettre enfin pied à terre. Comme pour soulager sa peine, les contours d'un hameau se dessinèrent au bout du chemin, par-delà le pont qui enjambait la rivière. D'un même geste, les quatre hommes tirèrent sur le licol pour calmer le pas de leurs bêtes. Elles s'immobilisèrent sur le gravier.
    — Nous y sommes, assura Philibert de Montoison. Je reconnais l'endroit. Le castel est sur le promontoire.
    — Attendons le petit jour pour nous annoncer, nous y serons mieux reçus, suggéra Luirieux.
    Philibert de Montoison hocha la tête. Il n'aspirait qu'à dormir, se savait les traits tirés et le teint pâle. Or il se devait d'être à son avantage pour se présenter devant Philippine.
    — Il y aura bien une auberge dans ce village, se prit à espérer le troisième de leur compagnon, un Berrichon nommé Burgot.
    — Il nous faudrait faire tapage pour qu'on consente à nous ouvrir à cette heure. Je ne tiens pas à ce que les villageois s'interrogent. Le bois que nous venons de passer suffira. Nous y trouverons bien une clairière.
    Burgot soupira, résigné, avant de tourner bride à la suite de son chef. Luirieux s'était détaché du groupe pour faire boire son cheval dans le Furon, légèrement en contrebas. Ils le rejoignirent, mirent pied à terre et s'abreuvèrent à côté des bêtes, baignés de l'ombre des aulnes sur l'autre rive. Debout sur une pierre plate, Philibert de Montoison s'étira pour soulager l'articulation meurtrie de son épaule. Face à lui, la masse sombre d'un mur d'enceinte se découpait en surplomb du chemin qu'ils avaient quitté. Si son souvenir était bon, il devait s'agir de la métairie. Il se demanda si l'homme distillait encore cet alcool de myrtille qu'il avait offert une fois à Sidonie en sa présence. Il s'en serait volontiers fait voleur pour tromper sa faiblesse. Son regard accrocha la herse. Il sursauta. Malgré l'ombre qui baignait le porche, il aurait pu jurer qu'elle était relevée. C'était contraire à toute prudence. Il se trouva instinctivement sur ses gardes. Si des voleurs s'étaient introduits là, malmenant les habitants, il aurait été mal vu au château qu'il n'intervienne pas avec ses hommes. Une bouffée d'adrénaline lui fouetta le sang.
    — À moi les chevaliers, souffla-t-il en pivotant dans leur direction.
    Ils portèrent aussitôt la main à leur baudrier. En deux pas, ils furent à ses côtés, silencieux et prompts à dégainer leur épée, nouant la longe des bêtes à la branche d'un tronc crevé qui blanchissait sur la rive.
    Philibert de Montoison tendit le doigt vers la bâtisse.
    Ils hochèrent la tête. Le doute qui l'avait saisi devenait certitude. Une silhouette encapuchonnée de noir venait de franchir le passage.
    — Burgot à droite, Fabre à gauche, Luirieux avec moi, décida-t-il comme l'ombre se dressait face à la herse et levait les bras vers le ciel.
    Ils s'élancèrent de concert pour lui barrer la

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