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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Cet endroit me semblait si austère, grâce à toi et à Mélusine, mon séjour à Sassenage va s'égayer !
    Algonde allait la remercier de sa confiance, lorsqu'elle accrocha le reflet de Sidonie dans le miroir en pied, la main du baron dans la sienne. Tous deux venaient d'entrer. Une émotion intense se lisait sur les traits de Sidonie alors que son regard balayait la pièce. Il s'arrêta dans celui d'Algonde que le miroir lui renvoyait aussi.
    Sidonie de La Tour-Sassenage lui sourit.
    — Algonde, ton dévouement mérite récompense, dit-elle. A dater de cet instant, et jusqu'à ce qu'Hélène te donne congé, te voici promue à son service exclusif.
    En ce 18 août 1483, un frisson parcourut l'épine dorsale d'Algonde, glacial comme le souffle de Mélusine. D'autant que, réjouie par cette nouvelle, Philippine ajoutait, en toute innocence :
    — En ce cas, Algonde, je crois que ce sera pour l'éternité !
     

20
    Marthe essuya d'un revers de manche le filet de bave qui bordait la commissure de ses lèvres. La fièvre la tenait tout entière. Une fièvre de luxure. Depuis son lit relégué à cause du manque de place dans le réduit qui jouxtait la chambre de Leurs Seigneuries, elle s'excitait des gémissements de Sidonie que le baron avait commencé à beliner sitôt qu'ils s'étaient couchés. N'y résistant pas, elle avait eu tôt fait d'écarter la tenture pour entrevoir leurs ébats à la lueur des chandelles et renifler les effluves de leurs corps mêlés. Le sien réclamait son dû. Elle en salivait d'impatience. Au point de devoir se contenir pour ne pas se jeter entre les amants, poignarder ce verrat de baron et, comme autrefois, plier Sidonie à ses jeux saphiques dans le sang répandu. La respiration courte, elle s'efforçait pourtant au silence. Un meurtre en cette maison aurait gâté son but. Il était proche. Tout le lui indiquait. Jusqu'à ses sens inhabituellement exacerbés alors que la lune était descendante.
    En son pubis, une onde lancinante lui fit resserrer ses cuisses à les toucher. Elle posa une main à leur jonction, écorcha sa peau imberbe.
    Qu'ils s'endorment. Vite !
    Il lui fallait sortir, quitter cet endroit. Sacrifier une chair innocente. Elle étouffa un râle. Jouir. Elle ne le pouvait en ces murs. Le besoin pourtant se faisait souffrance. Et ces deux-là qui n'en finissaient pas de s'étreindre, comme si ce pourceau avait encore vingt ans ! Dès le lendemain, elle verserait dans son vin de quoi tuer ses ardeurs. Ils l'avaient humiliée. Vengeance ! hurla son ventre. Elle serra ses dents pointues sur un râle étouffé.
    Celui du baron, emporté enfin, lui parvint comme une délivrance. Quelques minutes encore et elle pourrait filer.
     
    — Le manque de votre peau, ma douce, était une torture, murmura Jacques essoufflé, en se relâchant aux côtés de sa maîtresse.
    — Me laisserez-vous croire que vous n'avez trouvé quelque servante pour l'apaiser ? se moqua Sidonie, en se pelotonnant contre lui.
    — Si fait, mais ce furent de pâles étreintes au regard des vôtres.
    — Sa joliesse augurait le contraire…
    Le regard facétieux de Sidonie captura celui de son amant.
    — Ainsi donc, vous n'avez pas commis Algonde à mon service par hasard.
    — Elle était à mon goût. Il me parut évident qu'elle le serait aux vô…
    Un baiser ardent étouffa la fin de sa phrase. Sidonie s'y abreuva, longuement. Elle aussi avait souffert de son éloignement.
    — Je vous aime comme je n'imaginais plus pouvoir aimer, gémit le baron en quittant ses lèvres pour nicher les siennes dans le creux de son cou, sous le lobe finement ourlé de l'oreille.
    Sidonie s'alanguit. Après les émotions contradictoires qui avaient accueilli son retour, elle était heureuse. Mélusine de toute évidence bénissait leur hymen, puisqu'elle s'était révélée à Jacques comme à elle. Elle prit une inspiration. Le moment était propice.
    — Je suis enceinte…
    La bouche s'immobilisa sur la petite tache en forme d'étoile qu'elle portait de naissance sur l'épaule. Sidonie s'écarta légèrement. Au fond des yeux du baron, une autre étoile s'était allumée.
    — Je l'ai découvert à la Bâtie, ajouta-t-elle dans un sourire. Mes menstrues sont habituellement trop régulières pour me tromper.
    — Mon bonheur n'en est que plus complet, s'attendrit le baron. Hélène sait-elle ?
    — Point encore. Je voulais vous l'apprendre en premier. Et puis il est trop tôt. Je pourrais

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