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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ridicule.
    — Faites, faites, monseigneur. Je suis votre obligé, quelle que soit l'heure.
    Philibert de Montoison se hâta vers la sortie sans se retourner, de crainte de le relancer. Il dévala les escaliers du donjon, rattrapé par la fournaise. L'air était irrespirable. De toute évidence, un orage violent crèverait en soirée. Pour l'heure, il était agacé, non de la volubilité de maître Janisse, mais du fait que rien depuis l'aube ne se passait comme il le voulait.
    A commencer par cette rencontre improbable devant la métairie et leur étonnement à tous quatre en voyant la herse s'abaisser lentement au rythme des bras étendus de la créature qui lui faisait face. Elle avait pivoté d'un bloc au bruit de leurs bottes sur le chemin, le visage comme un trou d'ombre sous son capuchon, les mains aux doigts crochus ramenées comme les serres d'un rapace devant sa poitrine. Ils avaient reculé, instinctivement, pressentant quelque diablerie.
    Armé seulement de la dague que lui avait remise Luirieux quand les autres avaient sorti leurs épées, Philibert de Montoison l'avait pourtant toisée.
    — Découvre-toi, sorcière.
    — Tiens-tu tant que cela à mourir, chevalier ?
    — Dieu nous garde, avait osé crânement Luirieux.
    D'un simple mouvement du poignet, elle avait envoyé leurs lames à terre, comme si on les leur avait arrachées.
    — Cela vous suffit-il ou faudra-t-il aussi que je vous broie les entrailles ?
    Ils s'étaient écartés pour la laisser passer.
    — Ne vous mêlez pas de mes affaires si vous ne voulez pas que je m'immisce dans les vôtres, avait-elle ajouté d'une voix rauque avant de les planter au milieu du chemin et de se perdre dans la nuit.
    Dans la cour de la métairie, les chiens s'étaient mis à hurler. Les volets de la bâtisse étaient restés clos. Pas une lumière n'y avait filtré.
    Ils avaient ramassé leurs épées, récupéré leurs montures qui écumaient encore des naseaux, la terreur au fond des yeux, et gagné le bois en silence.
    — Je me demande bien ce que cette diablesse avait à faire dans cette cour, avait finalement dit Burgot comme ils sabraient les fougères pour se faire un matelas dans une petite clairière.
    — Cela ne nous concerne en rien, avait décidé Philibert de Montoison en s'allongeant à terre, bientôt imité par les autres, tout aussi déterminés que lui à oublier cette aventure dans un sommeil réparateur.
    Le chant conjugué des coqs du village et de la métairie les avait éveillés au petit jour. Philibert de Montoison n'était que courbatures. Son épaule était douloureuse, mais sa fatigue en avait eu raison pour la nuit. Il avait dormi d'une traite. Il s'était étiré, l'œil vif et le ventre creux.
    — J'ai rêvé que nous avions croisé une sorcière, avait bâillé Fabre en se frottant la barbe. Tous avaient immobilisé leur regard sur lui, rattrapés par le même souvenir. Fabre avait craché entre l'index et le majeur de sa main droite pour conjurer une éventuelle malédiction.
    — C'est un peu tard, ne crois-tu pas ? s'était moqué Luirieux en époussetant ses braies piquées de brindilles.
    Fabre en était convenu en haussant les épaules. C'était la seule allusion qu'ils avaient concédée à l'affaire. Il était des mystères en ce bas monde dont il était périlleux pour l'âme de chercher les clefs.
    Ils avaient récupéré leurs bêtes attachées à un arbre, avaient regagné la rivière pour une toilette sommaire et étaient remontés en selle. Il tardait à Philibert de Montoison de pousser enfin jusqu'au château. Dumas les y avait accueillis et ils avaient partagé avec lui un matinel qui les avait ragaillardis. L'homme, affable, leur avait conseillé toutefois de laisser passer quelques heures avant de s'annoncer devant Leurs Seigneuries. Un rire vulgaire avait laissé entendre que les retrouvailles du baron et de sa dame annonçaient une grasse matinée qu'il serait malséant de déranger. Philibert de Montoison en avait profité pour rafraîchir la taille de sa barbe comme la broussaille de ses cheveux. Lorsqu'il s'était présenté, propre et soigné, devant Sidonie et son amant, il était neuf heures.
    — Quel bonheur de vous revoir ! On m'avait affirmé que vous étiez mourant à Saint-Just, il y a seulement quelques jours ! l'avait-elle accueilli, une étincelle dans les yeux, preuve, telle qu'il la connaissait, que Dumas avait raison et que la nuit…
    — Je l'étais, dame Sidonie,

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