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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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repousse. Or, puisque la mort de mon frère aîné m'en donne le droit, je la veux en épousailles. Je la veux, tu entends.
    La violence contenue dans cette affirmation effraya Guy de Blanchefort. D'aussi loin qu'il se souvienne, son disciple n'en avait jamais manifesté autant. Il se devait avant toute chose de l'apaiser.
    — Ne gâte pas tes forces, tempéra-t-il, et dis-moi plutôt qui elle est.
    — La fille aînée de Jacques de Sassenage.
    Philibert de Montoison se mit aussitôt en devoir de tout lui raconter, par le détail. N'omettant que sa tentative d'assassinat de Laurent de Beaumont qui avait échoué. Philibert l'avait appris en chemin après avoir lancé un de ses soldats sur la piste de Garnier. Ce dernier s'était fait découdre par une bande de brigands avant d'avoir seulement pu rejoindre Laurent de Beaumont.
    Lorsqu'il eut achevé son récit, il avait mangé la moitié du fromage et de la boule de pain qu'on leur avait apportés. Quant au vin, il n'en restait plus une goutte. Guy de Blanchefort l'avait écouté sans broncher, ne sachant s'il devait se réjouir de cette aventure ou s'en désoler. Somme toute, la jouvencelle avait cristallisé ce qu'il avait deviné. Philibert de Montoison guérirait, de toute évidence, même si, pour l'heure, son orgueil et, sans doute, sa frustration d'homme en étaient malmenés. Le grand prieur d'Auvergne se relâcha tout à fait. Il avait craint le pire. Le pire n'était pas arrivé et n'arriverait plus désormais.
    Allons, lui dit-il en posant une main amicale sur son bras valide, quelle que soit l'issue de tout cela, rien ne presse plus que de te refaire.
    — Je te déçois, n'est-ce pas ? demanda Philibert, un pli amer au coin de la bouche.
    Guy de Blanchefort soupira. Comment lui reprocher ce qu'il avait lui-même fait autrefois et qui le rongeait de son secret ? Il tempéra.
    — Nous avons tous nos faiblesses. La mienne tient en cette gourmandise qui me gâte la bouche. J'en souffre atrocement, mais ne peux m'empêcher d'y goûter… J'apprécie que tu m'aies confié la tienne. Cela ne te soulagera guère puisque tu ne veux pas en être absous, mais peine partagée est à moitié pardonnée.
    Ils se sourirent. Lissant son scapulaire, Guy de Blanchefort se leva le premier.
    L'instant d'après, ils descendaient l'escalier aux larges marches de pierre blanche qui menait vers l'hospice. Ils passèrent devant une porte massive sculptée dans son épaisseur du blason de l'Ordre. Deux janissaires armés de lances en gardaient l'entrée. De la musique filtrait par le bas.
    Le prince est levé, conclut Guy de Blanchefort.
    — À propos, se souvint soudain Philibert de Montoison comme ils tournaient un angle de mur, nous avons rattrapé un Grec qui se dirigeait vers la ville. Il s'est inquiété de savoir si nous étions de la garde du prince. Nous lui avons servi d'escorte… Il doit se trouver avec Charles Allemand à l'heure qu'il est.
    — Que ne le disais-tu point ! s'étrangla Guy.
    — Il était sous bonne garde quand je suis monté…
    — Hâtons-nous, décida Guy, avant de lui résumer la situation dans laquelle ils se trouvaient.
    Il l'abandonna quelques minutes plus tard au chirurgien pour se rendre compte par lui-même de ce dont il retournait.
    L'homme qu'il trouva, volubile, dans le cabinet de Charles Allemand lui déplut sur-le-champ. Malgré la richesse de ses atours, tout en son allure trahissait la fourberie. Dès que Guy de Blanchefort eut franchi la porte, d'ailleurs, le Grec se détourna de son interlocuteur et se précipita sur lui pour se jeter à ses pieds. Malgré son accent détestable, il parlait visiblement la langue franque.
    — Béni sois-tu, seigneur, béni sois-tu, martela-t-il en levant vers lui un visage au sourire édenté et au regard de fouine.
    Il puait le rance et les excréments.
    — Assez ! Tes manières m'indisposent ! beugla Guy de Blanchefort qui avait suffisamment d'expérience pour ne pas se laisser tromper.
    L'homme joignit les mains et recula, sans cesser pour autant de le saluer de ses courbettes déplacées.
    — Qui es-tu ? Que veux-tu ?
    — Il s'appelle Hussein bey, c'est un renégat grec, il se prétend envoyé par le sultan Bayezid, répondit à sa place le commandeur Charles Allemand, dont les traits un rien efféminés ne laissaient pas supposer son ardeur au combat.
    — C'est comme il dit, seigneur. Béni sois-tu dans ta grande bonté.
    Le Grec se mit à fouiller fébrilement le

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