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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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devant de sa tunique, en sortit un bref plié et le brandit comme un trophée.
    — J'ai une lettre, seigneur. Une lettre pour le prince, de son frère, qu'Allah tout-puissant le protège.
    — Donne, je la lui remettrai, décida Guy de Blanchefort en tendant la main.
    Le Grec fourra aussitôt le pli dans ses linges et reprit ses salamalecs.
    — Par le Dieu tout-puissant des chrétiens, seigneur, je le voudrais bien, mais j'ai promis. Au péril de ma vie, s'il le faut. Hussein, m'a dit mon maître, qu'Allah tout-puissant le protège, tu dois la donner toi-même.
    Exaspéré, Guy de Blanchefort fonça sur lui. L'homme se ratatina en une courbette servile.
    — Béni sois-tu, grand prieur, dans ta grande bon… Ahhhhh, termina-t-il en portant la main à son oreille que Guy de Blanchefort venait d'empoigner, faisant grandir le bougre de quelques lignes.
    — Voyons donc qui tu vas invoquer cette fois, le Dieu des musulmans ou celui des chrétiens ?
    — Celui que tu voudras, grand prieur, celui que tu voudras. Aïe, aïe, aïe !
    Il se mit à tapoter cette main qui le martyrisait en tirant un peu plus encore. Charles éclata de rire avant de se camper devant lui pour récupérer la lettre, malgré les gigotements du bougre pour l'en empêcher.
    — Tiens-toi donc tranquille, maudit vermisseau, ou je vais finir par te trancher en morceaux pour voir si tu repousses comme tes congénères.
    — Pitié, pitié, seigneur. Je meurs si tu me dépouilles.
    — Tu mourras plus sûrement si tu t'obstines, gronda cette fois Charles Allemand en lui piquant la gorge de son poignard.
    Hussein bey cessa sur-le-champ de bouger.
    — Ne me lâche pas, mon bon seigneur, j'ai douze enfants à nourrir, supplia-t-il en s'étirant le cou.
    — Mais c'est la caverne d'Ali Baba, s'exclama le commandeur Charles en extirpant de dessous la toile de ses vêtements, en plus du bref de parchemin, un poignard courbe à la gaine de nacre richement ornée de pierreries.
    — Pitié, pitié, se lamenta l'homme. Je ne suis qu'un émissaire. Mon maître le sultan me fera empaler.
    — Grand bien lui fasse ! se moqua Charles en retirant sa lame.
    Guy de Blanchefort le lâcha. Le ventre dégonflé, Hussein bey se frotta l'oreille, l'œil noir et rancunier, tandis que Charles dépliait le parchemin.
    — Ce n'est pas du turc, ni du grec, constata-t-il.
    S'il ne parlait pas ces langues, il savait en reconnaître les signes.
    — Je ne sais pas, je le jure, je ne sais rien, s'aplatit Hussein bey en se protégeant les oreilles de ses mains, face au regard inquisiteur de Guy de Blanchefort.
    — Comment se fait-il que tu parles aussi bien la langue franque ? demanda encore Charles Allemand.
    — Je ne sais pas, je ne… voulut-il répéter, rendu sourd par le contact de ses paumes.
    Le commandeur le menaça de sa lame. Hussein bey ôta ses doigts pour les joindre aussitôt en une prière muette. Charles Allemand répéta sa question dans un grondement qui augurait sans peine des sévices qu'il était prêt à lui réserver.
    Je suis un émissaire, messire. Le sultan mon maître, Allah tout…
    L'œil noir de Guy de Blanchefort le ramena à plus de concision.
    — Il m'a appris.
    Les deux hommes se concertèrent du regard.
    — Reste en ville. Si ta lettre appelle une réponse, nous te trouverons.
    Je peux avoir mon poignard ? Il faut bien que je me protège des brigands, hasarda-t-il en glissant un regard vers l'objet que Charles Allemand avait posé sur l'angle de son bureau.
    Guy de Blanchefort le lui tendit, et l'homme détala sans demander son reste.
    — Voyons nos interprètes, suggéra Guy de Blanchefort. Je préférerais connaître le contenu de cette missive avant de la remettre à Djem.
    Forts de cette décision, ils quittèrent la pièce. La rage de dents de Guy de Blanchefort attendrait.
     

25
    En ce matin du 26 août de l'an de grâce 1483, le prince Djem était d'humeur sombre.
    — Aime-moi encore, chuchota contre son oreille Almeïda la douce avant de la lui mordiller.
    Il la repoussa d'un geste tendre mais ferme.
    — Laisse-moi, je suis lassé de tes caresses.
    Sachant qu'il valait mieux ne pas contrarier son maître lorsqu'il était ainsi tourmenté, Almeïda s'effaça en glissant sur les draps comme une panthère. La Grecque avait cette particularité, outre son incomparable beauté et la douceur soyeuse de sa peau ambrée, d'arriver sans qu'on la perçoive et de repartir de même. Elle était sa préférée des

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