Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
brisé, se mourant à petit feu du courroux de ses maîtres avant de rôtir en enfer. Elle chemina ainsi quelques toises avant de voir surgir devant elle la silhouette osseuse de Marthe qui lui barrait l'escalier. La peur de nouveau abîma son visage. Marthe se figea sur la dernière marche, les yeux rétrécis de curiosité.
    — Qu'as-tu donc à te traîner ainsi ? Ne devrais-tu pas être auprès d'Algonde à cette heure pour lui porter à dîner ?
    Se comprenant perdue, Francine éclata en sanglots.
    — Elle m'a renvoyée, trouva-t-elle pourtant le courage de tenter.
    Un pas et Marthe fut devant elle pour lui relever le menton d'une griffe et jauger de la marque de strangulation à son cou.
    — Te renvoyer… Vraiment… Avec pareil traitement… Dans son état ? ironisa son souffle putride.
    Francine se mit à claquer des dents, du froid que ce contact lui provoquait. De la terreur incontrôlable qui revenait.
    — Elle est guérie. Sur pied. Je le jure, renifla-t-elle.
    L'œil de Marthe fouilla le sien.
    — Que te reproche-t-elle ?
    Francine savait qu'il ne servirait à rien de mentir. Combien d'aveux cette sorcière leur avait-elle arrachés depuis que Sidonie s'était installée à la Bâtie !
    — De l'avoir empoisonnée, chaque jour, pour la tenir à merci.
    — De qui ?
    — Messire Louis.
    — Messire Louis. Tiens donc, commenta Marthe en s'écartant d'elle, une moue circonspecte aux lèvres.
    — Puis-je aller ? pleurnicha Francine qui n'y croyait guère en vérité.
    Marthe la couvrit d'un regard terrible.
    — Dis à messire Louis que quels que soient ses desseins, il serait avisé de ne plus recommencer.
    — C'est le message que j'allais lui porter… De la part de dame Algonde, osa Francine pour bien montrer qu'elle avait doublement entendu.
    Marthe se mit de biais pour la laisser passer, avant de la rattraper par le col.
    — N'est-ce pas plutôt vers ses appartements que tu devrais t'avancer ?
    Francine baissa la tête.
    — Si fait, si fait… Pardon… Cela m'a perturbée… J'y vais.
    Elle fit demi-tour comme on monte au bûcher. Messire Louis ne lui pardonnerait pas, lui, d'avoir échoué, pas plus, elle le savait, qu'il ne prendrait le risque d'un témoin pour l'accuser. Dès que Marthe ne la verrait plus, songea-t-elle, elle bifurquerait à droite au bout du couloir pour gagner l'aile nord et de là, un autre escalier.
    Avait-elle deviné ? Marthe se glissa dans son ombre.
    — Je ne voudrais pas que tu t'égares encore, lui servit-elle cruellement.
    Elles cheminèrent en silence, l'une près de l'autre, dans ce long corridor qu'empruntaient de part en part les domestiques en livrée, les servantes, comme Francine jusque-là empressées, trop soucieuses de se fondre dans le décor pour remarquer quiconque. Francine ne trouva pas seulement sur son chemin un visage relevé, un regard amical pour la consoler. Elle s'arrêta devant la porte de messire Louis de Sassenage et laissa Marthe toquer de son poing refermé. Pas une once de pitié en son regard. Finalement elle s'était trompée. Algonde n'était pas le diable, juste une louve, une mère prête à tout pour sauver son petit. Le diable ne l'aurait pas épargnée. Mais il était trop tard pour l'admettre comme alliée.
    Elle poussa le battant et tandis que Marthe se réjouissait de penser qu'en Algonde le mal avait triomphé, Francine s'en fut mourir sous les coups de son maître sans seulement chercher à les éviter.

27
    La route avait été longue à l'intérieur des montagnes sardes et malgré les haltes qu'imposaient la fatigue et les nuits qui s'étaient succédé à la belle étoile ou sous la protection d'un des nombreux monuments de culte, ils étaient harassés.
    — Ce n'est plus très loin, assura Lina en désignant dans le soir tombant un nuage de poussière à l'horizon, entre les oliviers noueux et centenaires qui bordaient les deux côtés du chemin.
    Ayant refusé qu'Enguerrand la soulage de sa corvée et se porte au-devant de leur équipage pour guider le baudet, elle tapota la cuisse de l'animal de l'arrondi de son long bâton de châtaignier et tira sur la longe.
    « Nous le mènerons chacun notre tour, et les enfants de même », avait-elle annoncé au départ, avec cette fermeté mâtinée de fierté propre aux femmes de son pays. Vêtue sobrement de sa robe noire de veuve, pieds nus dans des sandales de corde, les cheveux relevés en chignon et recouverts d'un fichu sombre noué sous le

Weitere Kostenlose Bücher