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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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idée au moment où elle croisait une servante qui peinait sous la charge d'un panier. Croyant que cette grâce lui était destinée, la jouvencelle, étonnée, se fendit d'une telle courbette qu'elle manqua renverser les torchons qui dépassaient des bords. Toute à ses pensées, Philippine s'en aperçut à peine. Elle tourna l'angle du corridor étroit et mal éclairé qui ramenait aux communs. Si elle savait son chemin, ce que cachaient les portes qui le bordaient lui était inconnu. Les pièces réservées aux besoins du service du château n'attiraient que les domestiques.
    Philippine n'y avait jamais mis les pieds. Comme elle passait devant la dernière avant d'atteindre les cuisines, le battant s'ouvrit. Un valet en sortit à reculons, le dos voûté, retenu de l'intérieur par deux mains féminines nouées autour de son cou. Philippine dut se plaquer au mur et attendre dans l'ombre pour n'être pas bousculée.
    — Reste… Mamour encore, gloussa la fille qu'elle ne pouvait voir à l'inverse des reins osseux du valet qui tout en reculant et baissant plus bas son cou pour se libérer, tentait péniblement de rattacher ses braies.
    — Cette nuit, dans la resserre. Cette nuit, c'est promis. Mais da, lâche-moi bourrique, si ton mari s'en vient, il m'embrochera comme un poulet, se défendit-il.
    — Vicieux comme tu l'es, tu pourrais bien y trouver avantage, se mit à rire la jouvencelle.
    Il lui arracha les bras et les maintint à distance dans l'embrasure du dormant.
    — Je voudrais bien voir qui de nous deux vient du goret ! Suffit, on m'attend à l'étage ! bougonna-t-il.
    Il lui claqua un baiser sur la bouche, eut toutes les peines du monde à refermer le battant et pour être certain de ne pas la voir insister s'y adossa pour souffler.
    — Morbleu, cette chienne m'a tant asticoté que j'en ai le vit irrité, grogna-t-il en y plaquant une main grossière pour le repositionner dans ses braies.
    C'est en levant les yeux, prêt à se détacher de la porte restée close, qu'il avisa Philippine, plus amusée que marrie de la scène à laquelle elle venait involontairement d'assister.
    — Alors quoi ? Tu en veux toi aussi ? l'apostropha-t-il avant de comprendre à son allure qu'elle n'aurait jamais dû se trouver là où elle était.
    Le laquais changea de figure et se mit à bafouiller :
    — Je vous demande pardon, damoiselle. Je vous ai prise pour une des filles de salle. Non… Non, c'est pas ce que je veux dire… On peut pas se tromper… Enfin si… Dans l'ombre…
    Avant que Philippine ait pu répliquer, il tomba à genoux, certain d'être cloué au pilori sur l'heure à cause de sa maladresse. Levant sur elle des yeux effrayés, il se tordit les mains.
    — Je suis un scélérat, damoiselle, mais je ne mérite pas la bastonnade. Je vous en supplie, ayez pitié…
    Philippine n'avait pas le cœur à châtier. Pas de raison non plus si elle songeait qu'un chevalier de l'ordre de Saint-Jean lui avait davantage manqué de respect.
    — Relève-toi, je n'ai rien entendu, lui accorda-t-elle dans un sourire.
    Il se plia par deux fois en révérence, les mains jointes au-dessus de la tête, jusqu'à toucher le sol de son front et Philippine se sentit gênée. Pour autant, elle ne pouvait passer son chemin sans l'enjamber et dut attendre qu'il se redresse enfin.
    — Louée soit votre bonté, damoiselle. Votre frère, lui, m'aurait battu à mort avant de me livrer au bourreau.
    Le sang de Philippine s'accéléra dans ses veines. À le regarder de plus près, le visage de cet homme ne lui était pas inconnu.
    — N'es-tu pas le valet de pied de Louis ? demanda-t-elle tandis qu'il reculait jusqu'à se coller au mur et rentrait le ventre pour mieux s'effacer.
    Il se remit à trembler, conscient d'avoir prononcé un mot de trop encore. Faudrait-il donc qu'il meure pour apprendre à se taire ? Il savait pourtant combien les maîtres pouvaient se montrer pervers dès lors qu'ils cherchaient à se distraire. Si ce n'était dans le but de les tourmenter, à quoi pouvait donc s'activer Philippine de Sassenage dans leurs quartiers ?
    — Si fait damoiselle. Allez-vous me livrer à lui ?
    Elle haussa les épaules.
    — Je n'ai aucune envie de lui plaire. Calme-toi donc, tu ne crains rien. Dis-moi plutôt s'il t'arrive d'entendre parler de moi durant ton service.
    Il hésita un instant. Voulait-on le mettre à l'épreuve ? Jauger sa fiabilité ? La petite damoiselle n'avait pas l'air de se moquer

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