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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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de lui, mais sait-on jamais ? Il avait vu de ses pairs châtiés sévèrement pour un outil perdu ou un habit mal rapiécé.
    — C'est que je perds l'usage de mes oreilles dès lors que j'ai passé le palier, damoiselle, s'excusa-t-il.
    — Comme j'ai perdu les miennes dans ce couloir. Louis me cause du tourment et tu l'as dit toi-même, il est d'une race dont il faut se méfier. Ne veux-tu point m'aider ?
    Il bomba le torse. Vu sous cet angle, il aurait été malséant de refuser. D'autant que s'il fallait en croire la rumeur, la petite Algonde avait trouvé auprès de sa maîtresse bien plus que de la considération. Se refusant à couler un regard sur les formes généreuses de Philippine, le valet ne put s'empêcher, l'espace d'une seconde d'imaginer quel bienfait il pourrait lui-même tirer d'une dame qui ne tord pas le nez devant un vit mal rangé. Optant définitivement pour la confiance il se courba devant elle, une main sur son cœur.
    — Si l'on me disait ce que je risque d'entendre, je saurais quand écouter, damoiselle Philippine.
    — Et me le rapporter ?
    — À la condition que messire Louis ne puisse rien soupçonner…
    — Cela va de soi. Bien sûr, je te récompenserai.
    Prêt à la remercier d'avance de sa générosité, il se fit violence pour réfréner sa naturelle cupidité.
    — Votre pardon suffit à faire de moi votre serviteur.
    Philippine se mit à rire.
    — Alors c'est entendu. Informe-moi de toute conversation dans laquelle mon nom apparaît.
    — Comment le pourrai-je sans éveiller l'attention?
    — Tu sais te garder des maris, tu sauras bien duper mon frère… Non ?
    Il hocha la tête et lui offrit un sourire édenté.
    — Va à présent. Tu n'as que trop tardé. S'il t'arrache la langue, j'en serai ennuyée.
    Le valet ne se le fit pas dire deux fois et, prenant ses jambes à son cou, détala, certain de pouvoir attendre au moins un coup de ceinturon sur ses épaules musclées.
     
    Quelques instants plus tard, sans être davantage dérangée, Philippine entrait dans l'arrière-cuisine où Mathieu et Janisse avaient trouvé dans le vin matière à patienter. Ils ricanaient bêtement de concert en cognant leurs chopes l'une contre l'autre devant les deux servantes qui les aguichaient. Sur la table, répondant à leurs écuelles vides, soupière et plat avaient cessé de fumer.
    — Voilà bien les hommes, fulmina-t-elle en se plantant devant eux, les poings sur les hanches.
    Maître Janisse tourna vers elle un visage aussi poupon que réjoui.
    — On s'inquiétait… Pour la bécaroïlle… Pas vrai Mathieu ? voulut-il se justifier en lui piquant les côtes de son coude replié.
    — Pour la bé… bé… bécaroïlle, bafouilla Mathieu en levant son verre.
    De toute évidence ils étaient ivres. Elle se tourna vers les filles qui s'étaient faites discrètes dès lors qu'elle était rentrée et les foudroya du regard.
    — J'avais demandé qu'on les sustente, pas qu'on les noie !
    L'une des deux, la plus effrontée à en juger par la profondeur de son décolleté, soutint son regard en désignant Janisse du doigt :
    — C'est qu'il menaçait de nous malmener si on ne lui en donnait pas assez.
    — Et comment ! gronda l'intéressé.
    — Là, vous voyez !
    — Je vois surtout qu'il ne vous aurait pas déplu d'être chatouillée.
    L'autre s'en défendit aussitôt avec une moue de dégoût.
    — Par le plus jeune, je dis pas, damoiselle, mais par lui…
    — Eh bien il vous faudra l'oublier car il est là pour se marier.
    Mathieu et Janisse se remirent à ricaner de concert comme deux garnements qu'une bonne farce a rapprochés. Refusant de comprendre qu'ils avaient sans doute eu besoin de cette complicité pour, l'un et l'autre, oublier leurs angoisses, Philippine reporta sa colère sur les filles.
    — Remuez-vous donc ou vous tâterez du fouet ! Je veux que dans l'heure ces deux hommes soient dégrisés.
    *
    À peine eut-elle poussé la porte de la chambre d'Algonde, son plateau sur les bras, que Francine changea de tête.
    — Entre donc, je t'attendais, l'invita Algonde avec une feinte bienveillance.
    Bien que pour recevoir Mathieu, la jouvencelle ait préféré à ses atours somptueux la sobriété d'une tunique vert pâle ceinturée aux hanches, et aux coiffes savantes la longue tresse qu'il avait toujours connue, d'aucuns la découvrant ainsi installée dans ce faudesteuil, droite et fière, les mains posées sur les accoudoirs, aurait

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