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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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visage.
    — Je te demande pardon, Hélène. Après les reproches que j'ai adressés à Francine, j'aurais dû me douter hier qu'elle négligerait son service. Je n'ai pensé qu'à moi.
    — Viens.
    Abandonnant son seau sur l'eau duquel dansaient de petites feuilles de mélisse, elle s'avança vers la main tendue de Philippine.
    — Te voilà toute chiffonnée, ma dame. Quel gâchis, se reprocha Algonde en s'asseyant sur la couche.
    Elle promena un index sur les boucles échappées de la tresse. La coiffe avait disparu dans les méandres tortueux de la courtepointe. Quant à la robe de soie que Philippine avait gardée, elle était tant froissée qu'Algonde douta qu'on puisse la rattraper.
    Philippine haussa les épaules.
    — Quelques coups de peigne et il n'y paraîtra plus. Il y a plus grave. Mathieu. Je suis navrée, Algonde. Je n'aurais pas dû…
    Le visage d'Algonde s'éclaira.
    — C'est oublié. Nous nous sommes réconciliés. Et même, avons décidé de nous marier.
    Philippine marqua sa surprise.
    — Mais… Tu…
    Les yeux d'Algonde pétillèrent.
    — Je l'ai trouvé sur les marches du perron hier soir, et ma foi, la nuit fut longue…
    Elle se mit à rire devant la moue soudain boudeuse de Philippine.
    — Alors quoi ? As-tu encore changé d'idée ? Cette fois il est trop tard, damoiselle. Il m'a pardonné et je l'aime trop pour m'en passer encore.
    — Ce n'est pas ça, non. Au contraire. Je suis heureuse que tu le sois. C'est juste que j'imaginais ton aide pour l'accomplissement de mes projets.
    — Avec le prince Djem ?
    — Je le dois voir tantôt, en secret, et si mon pressentiment est bon, cette rencontre sera suivie d'autres toutes aussi discrètes. Sans toi pour m'accompagner à cheval, j'ai peur que Louis ne m'impose quelque chaperon.
    Algonde s'adossa à un coin d'oreiller et passant un bras autour des épaules de Philippine, l'attira contre elle.
    — Je ne laisserai pas davantage Louis que ce Philibert t'empêcher de rejoindre l'homme que tu aimes.
    Le cœur de Philippine cogna dans sa poitrine.
    — Mais si tu pars ?
    — Pourquoi partirais-je ?
    Philippine planta ses yeux chargés d'espoir dans les siens.
    — Ne voudras-tu pas retourner à Sassenage ?
    Resplendissante de sa complicité avec Mathieu, Algonde dénia d'un mouvement de tête.
    — Et lui ? s'étonna Philippine en se mordant la lèvre pour ne pas ajouter qu'au regard de ses cicatrices Mathieu ne pourrait pas davantage qu'hier intégrer la garde de Dumas.
    — Lorsque je l'ai quitté, il s'entendait avec le panetier du château. L'homme manque de bras avec le train que mènent ici vos courtisans. Il reste. Nous restons, Hélène.
    Philippine se pelotonna contre elle dans un soupir de contentement.
    Algonde lui laissa le temps d'en savourer l'augure avant d'ajouter, plus grave.
    — Je lui ai tout raconté. Pour toi et moi.
    Comme elle l'avait pressenti, Philippine se crispa.
    — Était-ce nécessaire ?
    La question avait sonné comme un reproche.
    — Sans doute pas, mais il l'aurait découvert tôt ou tard et je refuse de lui mentir encore.
    Philippine ne se relâcha pas pour autant.
    — Et ? demanda-t-elle.
    Algonde ferma les yeux. La question de Philippine avait été houleuse à régler avec Mathieu.
    — Que ferais-tu à sa place, Hélène ?
    Philippine s'accorda un long silence, feutré comme les battements de son cœur. Elle était si bien, là, dans les bras d'Algonde.
    Inconvenant ! Contre nature ! Immoral ! s'était étranglé l'abbé Mancier lorsque, en confession, la damoiselle de Sassenage lui avait avoué la douceur de son péché. Trois jours après l'avoir commis la première fois. Elle avait juré sur la très sainte Bible ne plus recommencer. Philippine se mordit la lèvre inférieure. Combien de fois s'était-elle parjurée ensuite ? Elle avait oublié de les compter, mais chaque fois que le saint homme, se raclant la gorge et prenant une voix sépulcrale, demandait derrière la grille du confessionnal si… enfin, vous savez… Avez-vous ?… Mon enfant… Philippine jetait une négation rapide en prélude à son soupir satisfait. Damnée sans doute. Oui, elle le serait. Mais elle l'avait accepté à défaut d'être capable de se passer d'Algonde. Y parviendrait-elle davantage ce jour si sa chambrière restait à la Bâtie ? Ne serait-elle pas déchirée d'imaginer leurs ébats derrière la porte de communication entre les deux appartements ? Et sinon, où les

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