Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
Étrangement, Enguerrand avait cessé d'avoir peur. Mû par la certitude que c'était le destin qui les guidait.
    La salle dans laquelle ils étaient arrivés était circulaire, percée à intervalles réguliers de couloirs qui se perdaient dans l'ombre. Un seul endroit de la paroi en était dépourvu.
    — C'est là.
    L'index de Mounia désigna la stèle monumentale qui tenait le cœur de la pièce. Elle était haute d'au moins une toise et demie.
    — Juste là, dit-elle en lâchant les doigts d'Enguerrand pour s'en approcher.
    Elle passa la main sur une petite ouverture en forme de pyramide, à dix pouces au-dessus de sa tête. Un sillon étroit partait du sommet du triangle et séparait le haut de la pierre en deux parties distinctes, par lequel un rayon de lune, traversant la voûte du plafond, venait se glisser.
    Enguerrand l'avait rejointe. Il ne comprenait toujours pas, mais visiblement c'étaient les trépassés eux-mêmes qui avaient guidé Mounia.
    — Que veulent-ils ? demanda-t-il en voyant des âmes se positionner autour de la stèle, devant les boyaux qui partaient en étoile.
    Mounia ne répondit pas. Soulevant ses jupons, elle détacha de dessous une petite bourse de toile. Le cœur d'Enguerrand se mit à battre plus fort. Se pouvait-il ?
    Comme pour lui donner raison, un chant s'éleva dans la pièce, semblable à celui d'une source qui jaillirait de partout à la fois, au moment où, extirpant le flacon pyramide qu'elle avait dérobé au prince Djem, elle l'éleva à bout de bras.
    *
    Leurs coudes se frôlèrent. Par inadvertance ? Aucun des deux n'en fut convaincu, mais ce contact leur fit tourner la tête en même temps, l'un vers l'autre.
    — Tu es bien loin de chez toi, la bécaroïlle, dit-il dans un demi-sourire.
    — Bien moins depuis que tu es là.
    — Ce serait accorder peu de poids à maître Janisse, grimaça-t-il en gonflant les joues comme autrefois.
    Elle rit. Il étendit un bras et le glissa autour de ses épaules. Elle ne se déroba pas.
    — Tu crois qu'on a une chance, toi et moi ? Une pluie fine se mit à couler des yeux d'Algonde.
    Leur laisserait-on une chance ? Oui, hurla son âme. Oui, hurla son cœur. Elle savait que le pouvoir des Anciens lui avait été donné pour cela. Pourtant, étreinte par trop d'émotion, elle resta sans voix.
    — J'ai du mal à vivre sans toi, la bécaroïlle. Mais il y a de la haine en moi.
    Il lui releva le menton. S'attarda sur les fins sillons qui glissaient sur ses joues. Réprima l'envie de les boire.
    — J'aurai toujours le doute. Pour Elora.
    — Pas moi.
    Il hocha la tête. Parut s'en contenter.
    — Que ferait la dame que tu es devenue avec un manant comme moi ?
    Elle se mordit la lèvre. Maintenant. Ici. Ou jamais.
    — Je ne suis pas une dame, Mathieu. Je suis née fée bien avant que Mélusine ne m'impose sa loi.
    *
    Débarrassé de son bouchon, le flacon pyramide s'inséra parfaitement dans la brèche, comme s'il avait servi de modèle des siècles auparavant. Mounia se retourna vers Enguerrand.
    — Viens.
    En quelques enjambées, il fut là, le dos plaqué à la stèle, comme elle, face aux vapeurs devenues silhouettes qui s'étiraient vers le sommet du tombeau, tandis que le rayon de lune pénétrait l'élixir contenu dans la fiole. Le chant s'amplifia. Leurs doigts s'unirent. Ils avaient cessé d'avoir froid depuis longtemps et suaient presque sous le coup de la chaleur qui gagnait la pierre derrière eux. Des larmes roulaient silencieuses sur les joues de Mounia. L'image qui l'avait guidée, c'était celle de cet endroit, d'une configuration semblable au dessin tracé sur la carte détenue par son père. Comme s'il avait toujours été évident qu'elle viendrait là. Comme si elle n'avait récupéré cette petite pyramide, elle l'Égyptienne, descendante des pharaons, que pour permettre à l'âme des Géants de passer enfin dans l'au-delà. Emplie autant de fierté que d'amour, elle les voyait à présent pénétrés de la lumière lunaire qui traversait le verre au gré des arabesques d'argent et dessinait sur eux d'étranges signes. Les doigts d'Enguerrand serrèrent plus fort les siens. Lui aussi les voyait se réincarner lentement.
    D'abord le corps puis le visage. Hommes et femmes. Si grands, le crâne si haut au-dessus des sourcils qu'Enguerrand dut lever le menton pour accrocher leur regard. Alors, comme Mounia, il tomba à genoux. Ce qu'il avait craint dans la lande n'était plus qu'amour et il se

Weitere Kostenlose Bücher