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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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sous lesquels, un instant plus tôt, elle s'alanguissait.
    Étendu sur le dos, les bras repliés derrière la nuque, Djem ne lui avait pas même adressé un regard.
    — Une chrétienne ! Et promise à ce chien de Montoison. Sais-tu ce que tu risques ?
    — Tais-toi, te dis-je, tu me lasses.
    — Ose prétendre qu'elle ne te plaît pas quand tes yeux n'ont cessé de la désirer tout le temps qu'elle était là !
    Cette fois il s'était agacé. Fallait-il donc qu'il soit dérangé dans la douceur de son rêve par cette jalousie infantile ? Pour autant, il n'avait que ce qu'il méritait. Il n'aurait jamais dû laisser Almeïda prendre cet ascendant sur ses autres épouses qu'il ne recevait pour ainsi dire jamais. Le regard de Djem s'était durci. Il était temps d'y remédier.
    — Silence ou ce sera le fouet !
    Almeïda s'était tue. Elle savait jusqu'où elle pouvait aller avec le prince. Elle le connaissait autant qu'elle l'aimait. Il l'aurait fait. S'il se montrait si dur pour si peu de chose, c'était qu'elle avait vu juste. Zizim, son Zizimi chéri était tombé sous le charme laiteux de cette Franque.
    — Comme tu voudras, prince, mais je t'aurai prévenu. Certaines chasses sont des domaines gardés.
    Il n'avait pas relevé. Elle s'en était allée, raide et orgueilleuse. Était-elle capable de se venger s'il la délaissait ? Oui. Sans hésitation. Pour autant, il était certain qu'à l'inverse de Mounia, elle ne le trahirait pas. Elle craignait trop de le perdre. Non, c'était pour Hélène qu'il devrait s'inquiéter si…
    Le cœur de Djem s'était broyé. Ce qu'Anwar lui avait répété du piège dans lequel la damoiselle de Sassenage était tombée était revenu le hanter. La colère d'Almeïda n'était rien à côté du danger que représentait pour Hélène l'alliance entre son frère et le chevalier.
    Il n'avait pu s'en détacher et avait fini par s'arracher du lit, les yeux cernés, à la faveur de l'aube. Depuis il comptait les heures au soleil qui montait.
    Serait-elle au rendez-vous qu'il lui avait donné ?
    *
    Philippine avait eu, elle aussi, du mal à trouver le sommeil.
    La veille, en se rendant aux cuisines pour grappiller quelque reste, escortée de maître Janisse qui avait finalement dû avouer son forfait sur la preuve irréfutable de son haleine chargée, Gersende n'avait pas trouvé Algonde. Tandis que, puni doublement d'une bouderie et d'un fumet persistant, Janisse faisait le pied de grue dans les couloirs en pleurant sur sa misère, il avait demandé à qui passait si, par hasard, on avait vu la bécaroïlle de part ou d'autre de la demeure. On lui avait fait le même commentaire. À cette heure, les seigneurs sont au lit. Ceux à qui il avait eu le malheur de rappeler la véritable condition d'Algonde lui avaient souri méchamment en lui recommandant de se garder de l'ébruiter. Son repas achevé, Gersende était remontée. Seule. Janisse s'en était allé se coucher à l'écurie, sur le plateau de la charrette où sa couverture était restée.
    Revenue elle aussi de souper, Philippine était repassée par l'appartement de sa chambrière. Elora dormait. Gersende bâillait. La damoiselle de Sassenage s'était attardée un moment en sa compagnie puis, Algonde ne daignant pas rentrer, elle avait regagné sa chambre, étonnée de ne pas la trouver prête pour sa nuit. Philippine supposa que, voyant Algonde remise, Francine était retournée à ses tâches premières. N'ayant pas la force d'attendre encore pour se coucher, elle s'était effondrée toute habillée sur la courtepointe. C'était là, dans le secret de son oreiller, qu'elle s'était souvenue de ce que Djem lui avait demandé. Redevenue fébrile, Philippine avait passé le reste de la nuit à échafauder toutes sortes de plans pour échapper à la vigilance de Louis lorsque l'heure de rejoindre le prince sonnerait.
    Elle avait fini par s'assoupir à la faveur d'une aube sanglante, que les rideaux non tirés de son lit et de la fenêtre avaient laissée filtrer.
     
    Perçant les ombres noires d'un cauchemar, un raclement familier dans la cheminée l'éveilla en sursaut. Francine ? Elle se dressa sur sa couche.
    Revenue à ses fonctions, Algonde était penchée au-dessus des tisons dans l'espoir de les voir reprendre. Peine perdue. Le feu qu'on n'avait pas entretenu la veille lui refusait les braises nécessaires.
    — Laisse donc ça, s'attendrit Philippine.
    Algonde se redressa, un air de repentir au

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