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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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nie pas. De toute évidence, il a découvert que je t'avais prise. Jamais il n'aurait rompu vos fiançailles sinon.
    Algonde haussa les épaules.
    — Ce qui est fait est fait, messire. Ni vous ni moi n'y pouvons rien changer.
    — Certes, lui accorda-t-il.
    Il sortit une bourse rebondie de sa manche et la posa sur le guéridon qui supportait son panier à ouvrage.
    — Les manigances de ma fille pour te garder dans son sillage ne sont pas protocolaires mais je les cautionne, tout comme je respecte ta décision de ne pas te marier. Il n'en reste pas moins que je regrette profondément le préjudice que je t'ai causé et tiens à le racheter.
    — C'est inutile, messire. Vous étiez dans votre droit et je ne vous en veux pas.
    Un rictus cynique étira un coin de sa bouche.
    — Tu n'es pas comme les autres, Algonde. Aucune servante vêtue d'atours n'aurait réussi à tromper mes pairs quand on ne parle que de ton allure, de ta vivacité d'esprit et de ton charme, quand on s'inquiète de toi sans jamais mettre en doute ni ton rang ni notre parentèle et encore moins cette histoire de veuvage invraisemblable. Si je ne savais la vérité, j'avoue que moi-même je me laisserais prendre. À l'instant encore et malgré cet empâtement qui affadit tes traits, il émane de toi plus de noblesse que chez la plupart des autres dames de haut lignage.
    — Mimétisme. J'ai eu la meilleure des conseillères, rétorqua Algonde qui ne comprenait pas où le baron voulait en venir.
    Il la jaugea un long moment en silence, les deux mains pianotant sur les accoudoirs de son faudesteuil. Algonde détourna les yeux, mal à l'aise.
    — Dame Sidonie en aurait-elle pris ombrage ? Je ne veux pas lui déplaire.
    Il balaya l'air d'une main lasse.
    — Mon épouse n'y voit que le plaisir de Philippine. N'a-t-elle pas d'une certaine manière anobli Marthe par les privilèges qu'elle lui accorde ?
    — Craignez-vous que j'aie sur votre fille la même influence que Marthe sur Sidonie ?
    Il lui sourit avec bienveillance.
    — Marthe n'a jamais fait illusion auprès de personne. Elle est mauvaise de nature, je le sais. Nous le savons tous. J'ai voulu user de mon autorité pour la chasser, mais Sidonie en a semblé si effrayée que j'y ai renoncé, avoua le baron avant de soupirer : Vois, Algonde, ce que je te confie. N'est-ce pas encore là le signe de ta différence ?
    — De votre confiance tout au plus, et elle m'honore, Messire.
    Il se leva et, s'approchant d'elle, se pencha pour caresser sa joue d'un geste affectueux.
    — Garde cette bourse. Je ne veux pas que ton enfant manque de quoi que ce soit. L'avoir privé d'un père suffit bien quand j'aurais pu tout aussi bien être le sien.
    Il posa un baiser léger sur ses lèvres.
    — Je ne te l'ai jamais dit, mais à plusieurs reprises j'ai rêvé de Mélusine à Sassenage.
    Le cœur d'Algonde tressauta dans sa poitrine. Le baron s'écarta et la couvrit d'un regard de tendresse.
    — Elle avait ton visage. Tu possèdes sa féerique prestance. Je regrette qu'aucun portrait d'elle ne soit resté pour le vérifier. Si je croyais aux légendes, Algonde, j'affirmerais qu'on l'a volé dans sa chambre parce qu'elle s'est réincarnée en toi. Mais la féerie n'existe pas, n'est-ce pas ?
    Elle soutint son regard, le cœur battant la chamade. Le visage du baron de Sassenage était éclairé de bienveillance.
    — Toute servante que tu es, sache que je veillerai à ce que nul, jamais, ne s'en prenne à toi.
    — Je vous en serai éternellement reconnaissante, messire.
    Il hocha la tête, l'air malicieux.
    — Éternellement… Je crois, oui, que le terme est judicieux… Belle journée à vous, dame Algonde, ajouta-t-il en se dirigeant à pas vifs vers la porte, la laissant aussi décontenancée que troublée.

12
    Jacques de Sassenage se sentait plus léger en quittant Algonde. Il avait lu dans son regard la réponse à cette question qui était revenue l'obséder depuis quelques nuits. Depuis, en vérité, qu'il s'était disputé avec Sidonie à propos de Marthe. Devant sa détermination à renvoyer la servante, son épouse lui avait rétorqué sèchement qu'elle préférait qu'il la répudie que de s'en séparer. Il avait haussé le ton. Sidonie avait éclaté en sanglots pour finir par le supplier de lui pardonner et d'admettre son caprice.
    — De grands malheurs s'abattraient sur notre maison si vous vous entêtiez, avait-elle gémi.
    — Vous reconnaissez donc que cette fille

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