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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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dans le donjon pour l'en empêcher comme Albrante sortait de l'infirmerie et le découvrait.
     
    — Un problème, ma mère ? l'interrogea Jacques de Sassenage lui-même ébranlé par le hurlement.
    La révérende referma la porte et, se forçant au calme, lui fit face.
    — Rien qui doive vous inquiéter, mon fils. Une de nos protégées est en proie à des crises de démence depuis son arrivée. Sœur Hildegarde n'y avait pas encore été confrontée. Je l'ai envoyée quérir sœur Albrante. Elle l'aurait dû plutôt que de nous déranger.
    Jacques hocha la tête, circonspect. Il n'avait aucune raison de douter de cette réponse, pour autant, elle lui laissait une désagréable sensation de fausseté. Il la chassa avec force. Les affaires de l'abbaye n'étaient pas les siennes.
    — Où en étions-nous déjà ?… reprit l'abbesse en se glissant derrière sa table de travail.
    Ses jambes flageolaient et si elle n'avait dû donner le change, elle se serait précipitée elle-même pour voir de quoi il retournait. Se pouvait-il que Jeanne, en voyant rassemblés Philippine et Jacques au pied de la tour, ait soudain retrouvé en sa mémoire l'image d'elle-même auprès de son époux ? La damoiselle lui ressemblait tant ! Pouvait-on croire au miracle ? Elle chassa cette pensée aussi belle que désastreuse. Jeanne n'avait plus sa place dans la réalité.
    — Nous parlions de mes filles, je crois…
    Elle hocha la tête. Mais elle n'avait plus le cœur à médire.
    — Leur jeunesse et leur beauté les rendent vulnérables, sire Jacques. Ce qui est arrivé en ce lieu montre à quel point Philippine comme ses sœurs ont besoin d'attention.
    — Je sais tout cela. Voilà pourquoi je me suis remarié. Sidonie est aimante. Elle saura avec beaucoup de tact et de présence les recadrer. J'ai en elle toute confiance, assura-t-il en haussant la voix.
    De l'autre côté de la porte, on se ruait à grand bruit dans l'escalier à vis. S'arrêtait sur le palier. Un poing, étouffé par l'épaisseur des murs, martela le bois avec une vigueur désespérée.
    — Jeanne ! Pour l'amour de vos filles ! Je vous en conjure ! hurla-t-on.
    Jacques se durcit. Cette voix. Sidonie. Qu'avait-elle à voir avec cette forcenée ?
    Mais taisez-vous donc ! vociféra sœur Albrante en parvenant à son tour, essoufflée, sur le palier.
    — Ouvrez ! Vite ! Avant qu'il soit trop tard ! supplia Sidonie.
    Si Jeanne venait à sauter, elle savait qu'elle ne se le pardonnerait jamais.
    — Voulez-vous donc qu'il vous entende ? Que tous vos projets soient ruinés ?
    — Préférez-vous qu'Hélène découvre la vérité autour d'un corps ensanglanté ? rétorqua Sidonie, la gorge trop serrée pour s'inquiéter de son propre devenir.
    Sœur Hildegarde qui suivait décrocha la clef de sa ceinture et la tourna fébrilement dans la serrure.
    Elles se précipitèrent dans la pièce. Vide. Le temps que, terrorisées, elles se précipitent de concert à la fenêtre, Jeanne de Commiers, cachée derrière le battant, s'était ruée vers le passage qu'elles venaient stupidement de libérer.
     
    Dans le bureau de l'abbesse, le silence régnait. Livide, la révérende avait compris que quoi qu'elle dise, l'implication de Sidonie ferait éclater la vérité. Emporté par la curiosité, le baron s'était levé pour ouvrir la porte et, déjà, son pied amorçait la première marche. Il ne restait plus à l'abbesse qu'à prier pour que le miracle soit complet. Car alors, Sidonie n'aurait plus de légitimité.
    Il la vit débouler dans la pénombre de l'escalier, comme on se sauve du diable, le front baissé, les mains accrochant l'arête des pierres pour se guider.
    Il s'apprêtait à se garer pour la laisser passer lorsqu'elle leva les yeux. Il se figea. Éberlué.
    — Jacques ! hurla-t-elle de bonheur en se jetant dans ses bras.
    Instinctivement, il les referma sur son corps frêle et le serra à le broyer.

19
    — Vous paraissez bien en souci, dame Gersende ? s'enquit maître Janisse en posant sa spatule de bois sur la table, juste à côté du matinel qu'elle avait à peine grignoté.
    Au château de Sassenage, la vie tournait au ralenti sans les seigneurs pour la guider. Depuis que la petiote était partie, à dire vrai, le cuisinier s'ennuyait. Il lui restait bien Mathieu et Fanette, mais ces deux-là se rapprochaient tant depuis quelques mois qu'ils écornaient son souvenir et lui causaient finalement plus de peine que d'allant. Il

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