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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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et, malaisément, tant Jeanne se débattait, avait fini par l'obliger à en avaler.
    La tête légèrement renversée contre le mur, affaissée sur elle-même, Jeanne de Commiers somnolait à présent dans le faudesteuil sous la fenêtre, calmée, chétive. Sublime d'innocence et de pureté.
    Jacques s'en détourna. Tout son être hurlait.
    — J'ignore ce qui a ravivé sa mémoire, sire Jacques, mais vous l'avez pu juger par vous-même, le choc a été trop violent et pour l'heure je suis incapable de me prononcer sur les suites à lui donner. Il se peut qu'à son réveil elle soit guérie… ou perdue à jamais, déclara Albrante en se tordant les mains.
    — J'imagine à quel point il vous est difficile de comprendre nos motivations. Mais si nous avons, en connaissance de cause, choisi le secret, ce n'était en aucune façon pour vous nuire mais bien pour la protéger.
    — Je l'entends, madame… Sans pour autant l'excuser. Vous avez usé de blasphème, et moi-même en me remariant.
    L'abbesse ricana.
    — Je porte ma croix, messire. Laissez à dame Sidonie le poids de ses propres péchés !
    Face à la croisée, Sidonie ne releva pas. Elle venait de tout perdre, elle le savait. Sa douleur était sans nom mais curieusement, une part d'elle s'était allégée. Elle tressaillit pourtant en entendant la voix de Jacques tomber :
    — C'est une question qu'il m'appartient de régler. Elle le sera en son temps. Pour l'heure, sœur Albrante, je vous demande en votre âme et conscience de me dire ce qu'il convient que je fasse pour aider Jeanne.
    — Repartir. Avec vos filles, comme convenu, et sans rien révéler.
    Il se dressa.
    — Impossible. Mes enfants ont droit à la vérité !
    Sidonie se retourna. Posée et humble, elle lui fit face.
    — Peu importe ce que vous pensez de moi, Jacques. Ce choix qui doit être le vôtre ce jourd'hui s'imposa comme le mien hier. Si Jeanne s'était guérie, je ne me serais pas donnée. Vous l'auriez su par ma bouche avant que de toute autre. Mais regardez-la…
    — Taisez-vous… la coupa-t-il, douloureux.
    Sidonie ne le pouvait. Elle s'avança jusqu'à lui et lui prit les mains. À son grand soulagement, il ne se déroba pas.
    — À quoi bon raviver un espoir qui pourrait être mort-né ? Dans quelques jours, quelques semaines, si Dieu le veut, Jeanne reprendra sa place et je partirai. Pour l'heure, sœur Albrante a raison. C'est ici qu'elle sera le mieux soignée. Il faut vous effacer.
    Voyant l'abbesse grimacer à ses manières, et ne voulant risquer qu'elle s'interpose par quelque mesquinerie déplacée, Albrante renforça sa détermination.
    — J'ai laissé à l'office ma petite Hélène, désespérée par la maladie de sa dame de compagnie. Rajouter encore à sa peine ne lui vaudrait rien. Je vous en conjure, baron. Accordez-moi votre confiance.
    Jacques céda dans un soupir résigné :
    — Puisqu'il doit en être ainsi… Nous ne changerons rien à nos habitudes et projets avant d'être fixés. Rejoignez mes filles, Sidonie, et faites charger leurs malles qu'elles doivent avoir terminées. Plus tôt nous partirons, mieux cela sera. Quant à Hélène, ma sœur, elle est venue quérir votre aide. Saurez-vous la lui accorder ?
    Albrante oscilla d'un pied sur l'autre. Elle avait plus que jamais besoin de l'élixir de la sorcière pour sauver Jeanne. Pouvait-elle pour autant abandonner Hélène à son désespoir ? Quelques gouttes suffiraient.
    — Hélène repartira avec ce qu'elle est venue chercher, se décida-t-elle avant d'ajouter : Si vous pouviez, baron, ramener Jeanne dans sa chambre et l'étendre sur son lit…
    Plantant Sidonie sur place, il se précipita pour s'exécuter. Troublé par l'amour qu'il n'avait jamais cessé de lui porter, il souleva sa première épouse dans ses bras avec une infinie délicatesse. Instinctivement, Jeanne noua ses bras à son cou. La gorge nouée, Jacques franchit le seuil de la porte qu'Albrante venait de lui ouvrir et de passer. Sidonie lui emboîta le pas pour rejoindre le dortoir. Elle se figea sur le palier et, tristement, le regarda monter l'escalier, sa charge contre son cœur.
    — Jacques… Mon aimé… gémit Jeanne dans son inconscience.
    — Je suis là, mon amour. À toi et à jamais, répondit le baron en lui baisant le front.
    Des larmes piquèrent les yeux de Sidonie. Impitoyable, l'abbesse se glissa derrière elle.
    — Voyez ce qui me réjouit le plus ! Quoi qu'il advienne, ma fille, votre

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