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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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faute.
    — Mensonge… mensonge… Faut voir… Ce serait selon… ma foi…
    Malgré son inquiétude, Gersende se mit à rire.
    — Eh bien, mon bon Janisse, allez-vous me dire ?
    Il tordit son nez, sa bouche, puis se tourna vers ses commis, trop loin pour entendre, mais bien assez pour deviner.
    — Descendez donc en réserve vous deux et attendez qu'on appelle pour remonter ! gueula-t-il.
    Pendant qu'il suivait leur allant jusqu'à l'escalier qui y menait, Gersende piqua ses poings sur ses hanches.
    — Quelle astuce aurez-vous donc inventée ?
    Janisse déglutit. Tudieu qu'il avait la gorge sèche !
    Il tendit une main rapace sur le gobelet de lait oublié et l'avala d'un trait. C'était maintenant ou jamais. Bombant le torse il s'arma de volonté.
    — Y'a qu'à lui dire qu'on veut se marier !
    C'était donc ça. En avait-il mis du temps celui-là aussi pour se décider ! Il méritait bien qu'elle le bouscule un peu. Gersende dodelina de la coiffe.
    — Il ne le croira jamais.
    — Ah non ? s'étrangla Janisse, écarlate.
    — Non, la farce est bien trop grosse…
    Il se liquéfia et frotta à outrance ses mains sur son tablier bien gonflé. À dire vrai, il ne se trouvait guère ragoûtant avec cette panse… Gersende avait raison de le lui reprocher.
    — La faute en est à ma gourmandise. Mais je pourrais y mettre bon ordre, vous savez…
    Comprenant qu'en bon cuisinier il se fourvoyait sur le sens de ses propos, Gersende se mit à rire. Elle tapota du dos de la main sur son ventre.
    — Je ne parlais pas de cela, mon bon Janisse. Je l'aime bien, votre ventru !
    Un sourire regagna ses traits.
    — Ah oui?
     — Je disais seulement qu'il ne comprendrait pas pourquoi on l'amène à la Bâtie juste pour que vous me fassiez votre demande… Ou alors il faudrait que je considère que vous me l'avez déjà faite.
    Il opina du menton, l'œil pétillant.
    — Voilà.
    — Et que l'ayant acceptée, il nous faut l'autorisation du baron pour convoler.
    — Vous y êtes.
    — Et que notre impatience serait telle que nous ne saurions attendre un retour de courrier.
    — Tout juste.
    — En foi de quoi, un bras armé, tout autant qu'un charretier, nous serait utile pour mener à bien notre projet.
    — J'allais le dire.
    — Ma foi, cela se tient…
    Gersende hocha la tête et lui tournant le dos se dirigea vers la porte. Maître Janisse demeura un instant stupéfait puis, faisant volte-face, s'ébroua :
    — Et c'est tout ?
    Gersende retint un petit rire avant de pivoter de trois quarts.
    — N'est-ce pas assez ?
    — C'est-à-dire que… vous me laissez…
    — Pour aller préparer mes effets pendant que vous convaincrez ce diable de Mathieu.
    Le visage du cuisinier s'illumina.
    — Mais alors…
    Un battement de mains dans son dos accompagna l'œillade tendre que lui adressa Gersende. Hilares, les deux marmitons qui, se doutant de la chose, étaient restés sur le palier, venaient de remonter. Janisse se retourna d'un bloc.
    — Eh bien quoi ? Ne vous avais-je pas renvoyés ?
    — Ne les fâchez pas, mon promis. Ils viennent nous féliciter, se moqua Gersende avant de passer la porte.
    Derrière elle un cri : « Noël ! » lui amena au cœur un peu de sa gaieté.
    *
    Jacques de Sassenage ne savait plus à présent s'il devait rire ou pleurer, punir ou remercier, rejeter ou admettre. La vérité venait d'éclater dans le bureau de l'abbesse et son regard allait tour à tour de celle-ci, roide et digne, à Sidonie, dont la douleur trahissait à la fois son affection réelle pour Jeanne et son amour pour lui. L'air grave, il souffrait. Au sentiment de trahison qui l'avait balayé en apprenant que Sidonie savait, avait succédé la froide réalité du quotidien de Jeanne. Elle se tenait tout entière à présent sous ses yeux.
    À peine l'avait-il décrochée de son cou où elle l'avait couvert de baisers que Jeanne s'était de nouveau mise à hurler avant de sombrer dans de violentes convulsions. Sœur Albrante, qui avait dévalé l'escalier à sa suite, s'était interposée.
    — Tenez-la ! Pour l'amour d'elle, baron, tenez-la solidement.
    Il avait obéi. Par réflexe. Les yeux de Jeanne qui balayaient l'espace étaient devenus fous. Il l'avait crochetée de ses bras, lui plaquant le dos contre son torse, offrant à Albrante ce visage ravagé dans lequel toute la détresse du monde se reflétait. Dans son sachet, Albrante avait saisi à la hâte le flacon de liqueur de pavot

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