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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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règne est terminé !
    *
    Gersende s'immobilisa au seuil de la clairière. Face à elle, la masure de la sorcière se fondait au décor par le nombre incalculable de mousses et de treilles sauvages qui avaient envahi ses murs de rondins. La cheminée fumait, envoyant dans la brise fraîche de ce 22 mai 1484 un parfum âcre où se mêlaient des accords de fleurs blanches. Résolument, elle s'avança et toqua à la porte vermoulue. Il ne fallut pas longtemps pour que la silhouette légèrement voûtée de la guérisseuse apparaisse dans l'entrebâillement.
    — C'est vous, Gersende… Vous a-t-on suivie? demanda la sorcière.
    L'intendante du castel de Sassenage secoua la tête et la porte s'ouvrit tout à fait.
    — Quelque chose de grave est arrivé à la petiote, n'est-ce pas ? s'empressa Présine sitôt qu'elles furent à l'abri des oreilles indiscrètes.
    Gersende déglutit.
    — Vous l'avez perçu aussi…
    — Depuis l'aube.
    — Alors elle se meurt bien, se désespéra Gersende en se laissant choir sur un coin de banc.
    Sous son apparence inchangée de vieille femme, Présine s'installa à ses côtés pour lui prendre les mains. Aussitôt une chaleur bienfaitrice irradia dans les veines de l'intendante. Pour autant, le cœur de Gersende était toujours aussi serré.
    — Y pouvez-vous quelque chose ? s'enquit-elle.
    — Pour l'heure rien, hélas ! Marthe rôde autour d'elle et sentirait mon corps éthéré. À la nuit, j'agirai pour la maintenir jusqu'à votre arrivée.
    — Comment… s'étonna Gersende qui n'avait encore rien dit de ses projets.
    — Je peux lire en vous, comme je peux lire en elle. Nous sommes du même sang, Gersende, même si chez vous, il est davantage coupé. Ne tardez pas.
    Elle se leva et s'en fut prendre sur une étagère le flacon de verre bleu cerclé d'une dentelle d'argent.
    — J'ignore ce qui l'a déclenché, mais bien et mal se battent en elle. Seul cet élixir a le pouvoir de la ramener. Je vous le confie. Qu'elle le boive en entier.
    — Mais l'enfant ? N'est-ce pas dangereux pour l'enfant ?
    Présine lui sourit avec tendresse.
    — Ne vous faites aucun souci pour elle. Elora est née.
    Gersende sursauta :
    — Si tôt ? Par tous les saints, est-elle… ?
    — Normale ? Oui, elle l'est si l'on accepte sa lignée féerique. Ses pouvoirs de vie sont déjà puissants. Je les ai captés.
    — Alors Marthe aussi.
    — Marthe ne peut rien savoir de sa destinée. Ne vous en préoccupez pas. Allez par la grand-route. Si des brigands vous cherchaient noise, la présence de Mathieu les éloignerait.
    — Un homme seul. J'en doute.
    Présine lui tapota la joue.
    — Il ne sera pas seul. Je veillerai. Mais jamais brigand ne rançonne un des siens.
    — Qu'est-ce à dire ? s'étrangla Gersende.
    — La vérité. Mathieu a une dette envers eux. Une dette qu'ils auront à cœur, le moment venu, de le voir honorer.
    Gersende secoua la tête, hébétée.
    — Mathieu. Un brigand. Je ne veux pas le croire.
    — Alors ne croyez rien Gersende. Et gardez en mémoire qu'il sera en danger s'il s'approche trop près d'Algonde. Laissez-le à sa propre destinée.
    — Tout de même, s'il voyait l'enfançon…
    Présine soupira.
    — Qu'Algonde soit sauve. Le reste viendra. Partez à présent.
    Gersende empocha le flacon et se leva.
    — Une chose encore, la retint Présine. Que personne et surtout pas Marthe ne vous voie utiliser cette fiole. Elle est précieuse et, même vide, doit m'être rapportée.
    — Ne pouvez-vous en ce cas transvaser son contenu dans quelque autre de moindre importance ?
    — Hélas, il perdrait de son efficacité et dans ce cas précis, chaque parcelle de son pouvoir compte. Prenez-en soin. Comme de votre vie elle-même et de celle qu'il doit sauver.
    Présine la raccompagna sur le seuil et Gersende se hâta par le chemin, à la fois soulagée et terrorisée de la responsabilité qu'on venait de lui donner.
     
    Au castel, elle fut accueillie par des hurrahs et des félicitations. Ne pouvant attendre davantage pour répandre la nouvelle de ses futures épousailles, maître Janisse pérorait, debout sur le siège de la charrette que de bonne grâce le panetier avait mise à leur disposition.
    — Eh bien ma promise, qu'attendez-vous donc pour monter ? la héla-t-il, les joues rouges et le sang retourné.
    Gersende fronça les sourcils et agita son index boudiné depuis la terre ferme.
    — Je vous trouve bien aguicheur, maître

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