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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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répondit au salut du page du roi.
    — Vos lettres vous disaient en bonne santé. Je constate avec plaisir que vous avez en plus recouvré l'impertinence.
    — Indomptée devant tant de beauté.
    Marie de Dreux baissa les yeux, blessée. S'en agaçant, Philippine décida de lui donner une leçon. Plus tôt les choses seraient dites, plus vite ces loups cesseraient de vouloir s'égorger.
    — Je ne vous présente pas Marie, je sais à quel point elle vous est chère…
    Le sire de Montoison qui l'ignorait se gobergea.
    — C'est donc son foulard que vous attacherez à votre bras ?
    Laurent de Beaumont se garda de répondre. Il ne voulait combattre que pour Philippine mais c'eût été muflerie que de l'avouer.
    Il leur offrit une révérence.
    — Permettez que je me retire, damoiselles. L'heure est venue de gagner les écuries. Je vous invite à me suivre, messire, à moins que vous n'ayez déjà déclaré forfait eu égard à votre grand âge ?
    De fait, ils avaient vingt années d'écart.
    — Partez devant, je saurai où vous trouver, grinça Philibert de Montoison en serrant les poings.
    Un sourire aux lèvres, Laurent de Beaumont tourna les talons. Marie était livide. Elle joignit ses mains en prière devant l'hospitalier.
    — Ne me l'abîmez pas, chevalier. Je vois dans vos yeux qu'il vous chauffe le sang, mais…
    — Reprenez-vous Marie, la faucha sèchement Philippine. Si différend il y a, ce dont je doute, il se réglera sur ce champ, devant tous, n'est-ce pas, Philibert ?
    Le sire de Montoison s'inclina devant Marie.
    — Soyez sans crainte. Je ne voudrais pas vous priver d'un homme tel que lui.
    Il se garda d'ajouter que le père de la damoiselle, en lequel il avait eu la détestable surprise de retrouver le drapier du péage, aurait le gendre qu'il méritait, empli de morgue et de suffisance.
    Les laissant rejoindre les juges qui déjà avaient pris place sous une envolée de trompettes, il se hâta lui aussi vers les enclos.
     
    Un roulement de tambour répondant aux notes enjouées leur donna le temps de s'installer. Philippine entre son père et Sidonie, Marie de Dreux entre ses parents que le baron de Clermont avait voulu inviter. Le drapier, ridicule dans ses vêtements rebrodés à outrance, paraissait tombé dans un pot de peinture dorée. Le verbe fort, il égratigna l'oreille de Philippine en reprochant à sa fille d'avoir préféré cette robe trop sobre à celle, éclatante, qu'il lui destinait. Fort heureusement, pour distraire la demoiselle de Sassenage de ce grossier personnage, il y avait Djem. Au-devant d'elle, une marche plus bas, occupé à glisser quelques mots au sire de Clermont. Son cœur s'arrêta un instant de battre, un long frémissement lui chatouilla la colonne vertébrale et elle dut détourner le regard pour ne pas en rougir de la tête aux pieds.
    Déjà, précédé d'un nouvel envol de notes, un héraut d'armes relayé par d'autres, de loin en loin, pour que tous entendent, venait délivrer son message.
    « Oyez ! oyez ! gentes dames et beaux seigneurs ! En ce jour de juin, le troisième avant la Pentecôte, le prince Djem fait savoir aux chevaliers qu'il dotera le vainqueur de ce tournoi d'un présent inestimable. Ledit vainqueur le viendra recevoir des mains de l'aimable Hélène de Sassenage. »
    Philippine laissa échapper un petit cri de surprise. Djem s'était retourné à l'annonce et lui offrit un élégant signe de tête auquel elle répondit par réflexe. Montant les marches pour la rejoindre, un accanguis vint s'incliner devant elle et ouvrit sous les yeux des Sassenage un coffret ouvragé. De nouveau, elle eut le souffle coupé. À côté de petits diamants d'une pureté sans égale, deux autres, d'un bleu translucide et admirablement taillés, auraient eu peine à tenir dans le creux de sa paume.
    — Je reconnais bien là la générosité du prince. C'est un présent royal, se troubla Jacques de Sassenage.
    De part et d'autre on se penchait pour l'apercevoir, mais Philippine referma la boîte.
    — Dis à ton maître que je serai garant de la beauté de ces pierres, aussi éclatante que celle de ma fille à qui il les a confiées, déclara Jacques de Sassenage au Turc qui les avait apportées.
    Lorsqu'il fut parti, Jacques se pencha vers elle.
     — Nul doute qu'il te tient en grande estime, ma fille… J'en suis heureux, lui glissa-t-il en aparté.
    Philippine ne releva pas mais son cœur palpita plus vite. De toute évidence,

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