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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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rivés sur la porte de toile rabattue et surmontée de la devise «  impavidum ferient ruinae  », elle ne s'en aperçut pas. Pas davantage du va-et-vient des écuyers chargés de morceaux de cuirasse, de seaux d'eau et de pains de cendre, pressés de toiletter leurs maîtres. Non loin, les valets d'écurie bouchonnaient les chevaux dans le joyeux vacarme qui succédait aux passes d'armes. Son père avait raison. Ce n'était pas un endroit pour une damoiselle, songea Marie, rattrapée soudain par un rire gras. Son œil, brièvement détourné, accrocha la face lunaire d'un petit hobereau qui la dévorait des yeux. À l'instant de tourner les talons, elle allongea son pas dans la terre humide creusée par les sabots et sans s'annoncer souleva la tenture.
    Assis sur un tabouret, Laurent de Beaumont lui offrit ses omoplates meurtries par les bosselures de l'armure. Son écuyer achevait de tamponner ses côtes d'arnica.
    — Je m'inquiétais… éprouva-t-elle le besoin de se justifier avant même que le seigneur de Saint-Quentin ait eu conscience de sa présence.
    Reconnaissant sa voix, il pivota de trois quarts vers elle. L'endroit empestait le suif et la sueur en plus de l'âcre odeur médicinale. Elle refusa de s'en laisser incommoder et répondit avec chaleur au sourire dont Laurent de Beaumont la couvrit.
    — Cette attention me touche, damoiselle Marie. Je vais bien… Laisse-nous, ajouta-t-il en direction de son valet. Le jouvenceau au nez droit comme une pointe de lance s'éclipsa sans attendre. Laurent se leva, torse nu au-dessus des braies.
    « Détourne les yeux », se mit à marteler en elle la voix de sa conscience, tandis que son cœur accélérait. Sur la poitrine de l'homme qu'elle aimait, Marie reconnut la cicatrice infligée quelques mois plus tôt par Philibert de Montoison. Sa gorge se noua.
    — Une fois encore, vous avez voulu tuer pour elle, murmura-t-elle comme un reproche pour se garder de l'émotion qui lui prit le bas-ventre à la vue du sien qui se gonflait sous le tissu.
    Bouleversé d'un désir sauvage et irrépressible que venait d'exacerber la violence du combat, il ne répondit pas, franchit la distance qui les séparait et, fougueusement, l'embrassa.
    La couche était étroite et austère, juste une paillasse que masquait une courtine.
    Pas de moniale cette fois pour réfréner en elle la brûlure de ses sens, songea Marie entre regret et soulagement. Elle se laissa étendre sur le matelas, la gorge soulevée d'une respiration courte, les doigts dans cette chevelure coupée au carré sur les épaules rougies du frottement du métal.
    — C'est terminé, Marie, je ne l'aime plus, assura-t-il en lui soulevant les jupons.
    Elle frémit sous ses doigts qui remontaient ses cuisses avec impatience.
    — Ce n'est pas… voulut-elle s'en défendre dans un sursaut de conscience avant de s'arquer lorsqu'ils parvinrent à leur source.
    Elle se mordit la lèvre inférieure pour étouffer un gémissement. Appuyant sa caresse, Laurent se redressa légèrement pour se repaître de son abandon. Elle était belle, songea-t-il. Pas autant que Philippine, mais cette frange de cils baissée par pudeur sur ses larmes de plaisir valaient mieux que la hautaine suffisance de sa dame de cœur. Il l'oublierait. Un soubresaut ébranla la damoiselle qui écarquilla les yeux d'une bienheureuse surprise. Il n'attendit pas davantage. La délaissant pour se dénuder à son tour, il plaqua l'autre main sur sa bouche et la pénétra d'un coup de rein. Le regard de Marie se noya de douleur et de jouissance mêlées. Le ventre collé à celui de Laurent de Beaumont, elle s'accorda au va-et-vient de ses reins en elle, excitée de cette paume épaisse qui l'empêchait de hurler, sans voir qu'une main écartait la tenture.
    Poussé en ce lieu par la décision de ramener définitivement son rival à la raison, Philibert de Montoison se reput de cette situation compromettante. Un sourire pervers étira ses lèvres minces. Il se vengerait de ce fat. Oui. En le cocufiant au lendemain même de ses épousailles, décida-t-il au moment où ils jouissaient l'un et l'autre dans un même embrasement. Fort de cette certitude, il tourna les talons discrètement, non sans avoir replacé dans son pantalon son vit agacé par le spectacle.
    *
    À peine la porte de la cabane refermée sur elle, Algonde se jeta dans les bras grands ouverts de la prétendue sorcière.
    — Grand-mère, murmura-t-elle, le visage illuminé de

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