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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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sourde détermination, en quelques pas Catherine de Valmont se retrouva isolée des regards sous le manteau pourpre de feuilles de vigne.
    — Mais enfin… qu'avez-vous donc ?
    Algonde lui fit face, l'œil mauvais.
    — Suffit Catherine ! Vous ne parviendrez ni à m'infléchir ni à me duper, cette fois. À qui comptiez-vous rapporter notre propos ?
    — Je ne vois pas…
    Sa piètre défense s'acheva dans un hurlement de douleur. Lui vrillant l'avant-bras, Algonde la força à s'agenouiller sur le sol dallé.
    — Qui ? insista-t-elle sans la moindre pitié.
    Des larmes dévalèrent les joues fardées de la jouvencelle.
    — Vous me brisez les os…
    — Parle !
    Un sanglot prit Catherine. La tenaille la fit chanceler, s'agripper de l'autre main à la jupe de son bourreau.
    — Louis de Sassenage… avoua-t-elle dans un souffle.
    Algonde la repoussa sans ménagement. Catherine s'effondra. Assise et défaite, elle fixa son bras violacé avant de relever des yeux noirs vers Algonde. Altéré par sa rancœur et sa véritable nature, son visage avait perdu tout angélisme. Elle la toisa.
    — Je serais toi, je me hâterais de quitter le château !
    Le front d'Algonde se plissa d'agacement. Elle mesurait soudain combien Philippine et elle s'étaient laissé fourvoyer par la joliesse et la feinte délicatesse de Catherine, au point de lui avoir offert la meilleure place dans leur entourage pour les espionner. Fallait-il que la damoiselle soit habile pour qu'à aucun moment elles n'aient su voir son jeu ! Louis s'était remarquablement acoquiné ! Forte de son silence qu'elle dut prendre pour de la crainte, Catherine se releva, réprima sa douleur d'un durcissement des mâchoires et lui fit face, sûre d'avoir repris le contrôle de la situation.
    — On ne lève pas impunément la main sur la noblesse quand on est fille de rien. Je m'en vais de ce pas me plaindre à Louis. Demain tous les chiens seront lâchés sur tes traces et tu crèveras comme tu es née !
    — Je ne crois pas, non, dit Algonde en élevant la paume de sa main vers le front de Catherine.
    Instinctivement, celle-ci recula.
    — Ôte-toi de mon chemin. C'en est fini de toi, Algonde. On s'en vient.
    De fait, des voix rieuses se rapprochaient, répercutées par l'écho de la tonnelle qui, près de l'autre extrémité, formait coude. Le temps était compté à Algonde. Loin de s'en inquiéter, mue par cet instinct de survie qui désormais faisait corps avec elle et prenait tout contrôle, elle fixa Catherine dans les yeux. Louis ne devait pas apprendre la relation entre Philippine et Djem. L'avenir du monde en dépendait. Le sien aussi.
    — Adieu damoiselle de Valmont, dit-elle au moment où un rayon éclatant de lumière franchissait la barrière de sa paume pour la frapper entre les sourcils.
    Catherine clapa de la bouche comme un poisson hors de l'eau avant de s'affaisser sur elle-même.
    Sans le moindre remords, Algonde l'enjamba et disparut silencieusement avant même qu'on ait tourné le coin.
     

11
    Maintenant ou jamais. Assise au bord du lit, Jeanne de Commiers tendit l'oreille. L'ancien donjon qui abritait ce jourd'hui l'abbaye de Notre-Dame-des-Anges à Saint-Just-de-Claix ne frémissait que des craquements imposés par les variations de température entre le jour et la nuit. Tous dormaient dans le château séculaire. Elle se redressa, frémit de la plainte du parquet sous son modeste poids, se rassura de l'idée qu'elle se fondait aux autres et retira sa chemise de lin pour enfiler ses vêtements de jour. Espérant se protéger de l'air vif, elle passa une pelisse par-dessus sa robe. Elle n'aurait pas froid, se convainquit-elle pour tromper le détestable frisson qui, à intervalles irréguliers, lui parcourait l'échine. L'idée de fuir ainsi ce lieu, qui, si longtemps, avait été pour elle une terre d'asile, lui broyait le cœur. Elle n'avait pas le choix cependant. Malgré les nombreux courriers adressés à Jacques pour le tenir informé de l'étonnante récupération de sa mémoire et de ses facultés, son époux n'avait pas daigné répondre ni se déplacer. Sœur Albrante avait cru bon de révéler à Jeanne que, conforté dans son veuvage par leur mensonge, il avait épousé Sidonie, laquelle venait de lui donner un fils. Était-ce là la raison de son silence ? L'oubli ? La culpabilité ? Jeanne refusait de croire que Jacques avait cessé de l'aimer. Tout autant, que Sidonie, qu'elle chérissait

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