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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ahuris de sœur Albrante.
    — Hors mon chemin, ma sœur, lui jeta Marthe avec mépris en empochant sa trouvaille.
    Le sang d'Albrante lui battit les tempes. Elle ne comprenait rien de ce qui se passait là, mais dans un sursaut de courage exigea qu'on lui rende cet élixir si précieux pour elle, Philippine et Jeanne. Ébauchant à toute vitesse un signe de croix sur sa poitrine pour se mettre sous la protection divine, elle secoua la tête, l'œil aussi noir que celui de l'intruse.
    — Pas avant que vous ayez reposé cela.
    — Je n'ai pas de temps à perdre en palabres, gronda Marthe en fondant sur elle.
    Bien que terrorisée, sœur Albrante empoigna de sa main libre l'encadrement de la porte pour lui en interdire l'accès.
    — Vous ne passerez pas, s'entêta-t-elle.
    Un trait de fureur balaya le regard sans âme de Marthe et le dos de sa main passa dans la timide lumière.
    La dernière pensée d'Albrante fut pour Philippine, avant qu'arraché de sa poitrine son cœur palpitant encore ne vienne éclabousser de sang des bocaux qui se trouvaient sur la table, à quelques pouces de là.
     
    Jeanne ne sentait plus ses jambes. Épuisée, le souffle court, elle avait fini par s'adosser à la paroi après une course éperdue. De nouveau piquée sur le bougeoir, la chandelle rallumée répandait une rassurante clarté autour d'elle. Le silence l'enveloppait. Elle était hors d'atteinte. Pour autant était-elle sauvée ? Face à elle trois boyaux s'ouvraient. Lequel menait à la Bâtie ? N'avait-elle pas déjà rencontré pareille configuration sans s'en rendre compte alors qu'elle fuyait ? Un sanglot monta de son ventre qu'elle refoula.
    « Allons, Jeanne. Fouille tes souvenirs. Aie confiance en ta vision d'autrefois. » Elle ferma les yeux un instant, se laissa reprendre par les images avant d'allonger son pas. Tout droit. Pour la Bâtie c'était tout droit. Elle progressa un long moment encore, refusant de se décourager malgré d'autres intersections, malgré sa main douloureuse sur laquelle le sang avait caillé et ses larmes qui coulaient à présent d'épuisement. Et puis soudain, là devant elle, après une cinquantaine de marches, un mur. Juste un mur qui lui barrait le passage. Elle se précipita en riant nerveusement. D'un mouvement lent du poignet, elle balaya la flamme sur ses aspérités. Repérer le mécanisme. Faire pivoter le pan. Revenir chez elle.
    — Bonsoir, Jeanne ! la cueillit comme une sentence la voix de Marthe derrière elle, à l'instant où elle le trouvait.
     

12
    — C'est déjà l'heure ? bâilla Mathieu d'une voix pâteuse en relevant une paupière lourde.
    Il lui semblait n'avoir dormi que quelques minutes tant leur étreinte s'était prolongée tard dans la nuit. Avides l'un de l'autre comme si le temps leur était compté chaque fois qu'ils se retrouvaient seuls, ils s'épuisaient dans des joutes amoureuses qui les laissaient pantelants. Algonde ne répondant pas, le jouvenceau s'efforça de tenir un œil ouvert. La pénombre obscurcissait encore la chambre. Son regard s'arrêta sur la lune qui bouclait son dernier tiers par-delà le carreau de la fenêtre à meneaux. Au jugé, il ne devait pas être plus de deux heures du matin. Que faisait donc son épouse hors du lit, l'oreille plaquée contre le mur près du linteau de la cheminée ?
    — Algonde ? insista-t-il.
    — Chut !
    Mathieu se laissa retomber sur l'oreiller. Depuis son enfance, il avait pris l'habitude de se laisser éveiller par les prémices du jour. L'heure des panetiers. En revenant à la Bâtie la veille, il s'était rendu chez le boulanger du castel pour vérifier qu'on était toujours intéressé par ses services. L'homme, dont l'aspect bourru était tempéré par des bajoues imposantes, l'avait invité à se présenter à l'aube pour sortir la première fournée. Mathieu se devait d'être à la hauteur de la tâche, compensant par l'ardeur au travail sa main droite blessée par l'épervier et toujours impuissante à serrer quoi que ce soit. Il ne décevrait pas maître Baillot. Sauf s'il s'endormait sur l'ouvrage. Il se retourna dans le lit avec l'espoir de regagner ce sommeil avorté, mais il était trop intrigué par l'attitude d'Algonde. De fait, après avoir toqué contre la cloison en divers endroits, la jouvencelle s'en revenait se coucher. Il n'eut pas besoin de l'interroger, cette fois.
    — L'as-tu entendu toi aussi ? demanda-t-elle en rabattant les couvertures sur

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