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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Mounia.
    — Tout juste, s'enflamma Aziz. Vois-tu, ma fille, dès lors, incapable de déchiffrer l'écriture pourtant hiératique du manuscrit mais certain de détenir une preuve du passage des géants en Égypte, je résolus de chercher d'autres traces de ces signes. Je finis par les découvrir une nouvelle fois, dessinés au milieu d'autres qui égaraient l'œil, dans les plans d'un palais, sans indication de lieu, de date ni de destinataire. J'ai cherché ce palais douze années durant. Et j'avais perdu l'espoir de le trouver jamais lorsque le hasard…
    — … ou la volonté divine, le coupa Fatima.
    Aziz lui tapota le dessus de la main qu'il emprisonnait toujours avec tendresse et ferveur.
    — Oui, oui. Sans doute. Quoi qu'il en soit, il me fut donné d'examiner les plans de la nécropole des califes, gardés en la bibliothèque de la citadelle, pour choisir l'emplacement le plus adapté à la construction d'une nouvelle mosquée. Keït bey sait mon attachement à l'astrologie et tenait à ce que son futur tombeau soit couronné d'un firmament adapté à son tempérament.
    Aziz agita les doigts de sa main libre comme s'il voulait par ce simple geste effacer cette digression.
    — Au plan général de la nécropole avait été annexé, par erreur, le recensement des temples d'Héliopolis sous le règne d'Alexandre le Grand. Le roi, avant de démembrer ces constructions antiques pour orner de prestige la ville qu'il faisait construire, avait souhaité en garder une trace. Le géomètre qui rédigea cet inventaire des lieux autorisa le pillage, consignant scrupuleusement les anciens tracés des temples et leur contenu. Un seul palais demeura intact, dont il établit le plan, sans donner d'autre détail qu'un symbole égyptien, minuscule, dans l'une de ses pièces.
    — Sôkar ? s'exclama Mounia.
    Un voile de fierté passa dans le regard d'Aziz.
    — Oui, oui, tu as deviné.
    — Qu'est-ce que Sôkar ? demanda Enguerrand.
    — Un dieu de la mythologie à qui l'on confiait le soin de séparer le bâ du ka, expliqua Fatima.
    Devant la moue d'incompréhension de son époux, Mounia s'empressa de traduire.
    — En langage chrétien, cela équivaudrait au détachement de l'âme après la mort physique. Représenté par un corps momifié à tête de faucon et à la peau verte, pour symboliser la résurrection, Sôkar était le dieu des nécropoles.
    — Sachant qu'Héliopolis avait été rénovée sous le règne de Djoser par Imhotep, j'ai aussitôt comparé ce plan à celui que j'avais trouvé à Memphis et qui portait sa signature. La configuration des deux palais était la même. Cette fois, plus de doute possible. C'était là que se trouvait la clef de l'énigme. L'ayant débarrassé des miséreux qui l'habitaient, j'ai fait construire un mur d'enceinte tout autour, barré d'une porte, puis, certain de ma tranquillité, j'ai entrepris mes recherches. En voici le résultat.
    — Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé ? reprocha Mounia dans une moue boudeuse, regrettant soudain des heures et des heures d'exploration et de complicité.
    — Moi seule en suis responsable, s'excusa Fatima. La simple vue de la carte de ton père te mettait en émoi. J'ai refusé qu'on te bouleverse ou influence davantage. Je voulais que ton destin te rattrape et non que tu ailles au-devant de lui. Une quête éperdue amène souvent des erreurs de jugement. Si tu avais su que d'un chrétien devait naître ton enfant, n'aurais-tu pas épousé ce sire de Luirieux comme un mal nécessaire au lieu de laisser ton cœur te mener vers Enguerrand ?
    Mounia hocha la tête. Sa mère disait vrai.
    Aziz entraîna son épouse vers un couloir carré, situé à mi-hauteur du mur et à peine suffisant pour livrer passage à un homme à quatre pattes.
    — Venez, dit-il dans un large sourire.
    Au bout d'un tunnel obscur et creusé en entonnoir qui les obligea très vite à ramper, Aziz fit jouer un mécanisme invisible. Le trouver l'avait contraint en son temps à de nombreuses et courtes apnées tant l'air se raréfiait rapidement dans le conduit. Si, à un quelconque moment par le passé, il s'était laissé gagner par l'impatience, il serait mort asphyxié dans le boyau avant d'avoir pu reculer. Comme à chacune de ses visites, il passa avec soulagement par l'ouverture exiguë qui se révéla dans la roche ; puis il aida sa femme et sa fille à s'y glisser. Le front perlé de sueur et malgré son saisissement, Mounia dut s'appuyer au mur

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