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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pour contrer un vertige tandis qu'à son tour Enguerrand apparaissait.
    — Inspirez lentement, leur conseilla Aziz devant la pâleur de leurs visages. Le temps d'ouvrir les yeux et de vous émerveiller.
    Éclairée elle aussi de lampes perpétuelles, la crypte rectangulaire formée de mégalithes jusqu'en son plafond ne possédait de prime abord pas d'autre issue que le boyau par lequel ils venaient de la profaner. Elle comptait six toises de hauteur sur quinze de longueur et neuf de largeur. Près des murs se trouvaient des coupelles en cristal de roche ; des vases hauts au cou étroit faits de diorite ; d'autres, ronds, aux anses et au ventre creusés d'un seul bloc à même le basalte ; des objets de toutes tailles en forme de roue ou de pyramide taillés dans du schiste, si fins qu'ils devenaient translucides à la lueur des chandelles. Une stèle accueillait un immense scarabée pectoral aux ailes déployées, symbole de la renaissance. Deux autres, côte à côte, des statues d'Osiris et d'Isis. Partout des paniers de joncs tressés témoignaient encore de la nourriture qu'ils avaient contenue. Ce ne furent pourtant pas ces richesses destinées à accompagner le défunt dans l'au-delà qui comblèrent l'attente d'Enguerrand et de Mounia, mais bien plutôt le sarcophage long de plus de deux toises et demie qui reposait au centre de la pièce. De diorite sculptée en pourtour de petites pyramides à la feuille d'or, il ne pouvait contenir qu'un des Géants venus des Hautes Terres par le biais des rivières enchantées.
     

20
    Houchang avait investi le palais abandonné quelques minutes avant leur arrivée, impatient d'y découvrir enfin ce que cachait Aziz ben Salek, tout autant que de régler son compte à Mounia. Surpris que le groupe mené par Aziz évolue dans l'obscurité, il les avait laissés arpenter les enfilades en les suivant de près, nu-pieds pour ne pas les alerter.
    « Ainsi, avait-il pensé, je me glisserai moi aussi dans le passage secret et les prendrai au piège. »
    Hélas pour lui, il ne put voir quel mécanisme Aziz actionnait. Le temps qu'il parvienne à hauteur de l'escalier qui les avait engloutis tous quatre dans le sol, le dallage avait repris sa place. Il eût pu sans peine se terrer dans l'ombre et les saisir lorsqu'ils remonteraient, mais il craignait que l'obscurité ne gâte ses projets. Si l'un d'eux s'avisait de lui jouer un mauvais tour, il devrait l'arrêter de son cimeterre.
    Houchang n'était pas un assassin. Tuer ne lui procurait de plaisir qu'en face d'un ennemi. Or, s'il avait promis à Djem de châtier la traîtresse, il n'avait aucune raison d'abattre les autres. Une fois qu'il saurait la vérité, qu'il aurait récupéré le contrepoison donné par la sorcière à Djem et tranché la gorge de Mounia, il les enfermerait dans une resserre, barrerait soigneusement la porte puis prendrait la fuite. Les prisonniers finiraient par se délivrer d'une manière ou d'une autre, mais Houchang aurait alors suffisamment d'avance pour atteindre le port et sauter dans le premier des navires à appareiller.
    Il regagna la cour intérieure. Si la clarté lunaire était suffisante pour qu'il identifie sans peine Mounia parmi les autres, les arcades en plein cintre qui composaient le cloître du palais demeuraient dans l'ombre de l'avancée du toit. Armé d'un poignard courbe, il se tassa contre le mur jouxtant la porte d'entrée et, certain de son affaire, attendit sa proie.
    Sa patience fut éprouvée de longues heures. Pourtant, soutenu par la pensée de Djem, Houchang ne faiblit pas.
    Lorsqu'un bruit de pas, répercuté par le volume des pièces vides, lui parvint enfin, il était prêt.
    L'esprit troublé par ce qu'ils venaient de partager, Aziz ne remarqua pas que l'huis à double battant donnant sur l'extérieur, refermé sur lui à l'arrivée, était à présent entrebâillé. Il passa le seuil sans se méfier, Fatima dans son sillage.
    Mounia venait ensuite.
    Elle ne fit qu'un pas sur le perron avant de pousser un cri de surprise. Agrippée sans ménagement par la main libre de Houchang, elle se retrouva de dos, plaquée contre le torse massif du Turc, la lame sous le col. Avant même que ses parents ne se soient retournés, craignant qu'elle n'ait trébuché, Enguerrand était lui-même sorti et découvrait le piège.
    Leur première impression à tous fut de se croire victimes d'un des miséreux habitant les ruines. Bien qu'en nombre, ils tuaient rarement s'ils

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