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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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exigea-t-il.
    — Je dis la vérité, Houchang. Sois des nôtres, et plus jamais Djem ne sera prisonnier, insista Mounia, les yeux noyés de larmes face au désespoir de son époux.
    — Entre, chevalier, et referme la porte sur toi, répéta Houchang calmement.
    — Non, le brava Enguerrand. Si elle doit mourir, alors je veux…
    Sa voix s'étrangla.
    Houchang abaissa sa lame.
    — Enferme-les, Mounia, et reviens à moi. Si le secret du souterrain confirme tes dires, tu auras la vie sauve. Je n'ai qu'une parole.
    Mounia n'en douta pas un instant. Dégagée de sa tenaille, elle s'élança vers son époux.
    Houchang perçut les trois impacts entre ses omoplates massives au moment où, faisant pivoter Mounia vers le mur dans un réflexe protecteur, Enguerrand l'enlaçait. Malgré sa corpulence, Houchang vacilla sur ses pieds tandis qu'un trait de feu lui traversait l'abdomen. Guerrier dans l'âme, il comprit aussitôt que plusieurs archers l'avaient visé.
    « Une escorte, ce chien d'Aziz s'est muni d'une escorte qui n'attendait que le bon moment pour m'intercepter », songea-t-il en une fraction de seconde.
    Il avait été joué. Qu'importe ! Il n'était pas homme à mourir sans panache.
    Arrachant son cimeterre de sous sa gandoura, il fit volte-face, l'instinct de survie chevillé au corps pour s'élancer au combat. Depuis les arcades, à une centaine de pas de là, trois traits fendirent la nuit.
    Le premier se ficha dans sa gorge ; le deuxième dans son cœur, sous le flacon pyramide ; quant au troisième, il révéla leur présence à Mounia au moment où Enguerrand s'affaissait entre ses bras, surpris par la violence de l'impact dans son dos.
    Par-dessus son épaule, Mounia vit Houchang, fauché dans sa course éperdue contre la mort, tomber sur ses genoux, et des individus travestis en mendiants retendre leurs arcs. Elle réagit par réflexe en même temps qu'Enguerrand. Ils se jetèrent d'un même élan dans la resserre. Ils avaient à peine tourné la clef que trois pointes se fichaient profondément à l'extérieur du battant refermé.
    — Bon sang ! qui sont ces gens ? s'emporta Aziz avec colère. Ils nous viennent en aide pour mieux nous occire ? Je n'y comprends rien.
    Le souffle coupé et le teint verdâtre, Enguerrand s'assit sur le sol de terre battue dans l'obscurité de la petite bâtisse, dépouillée depuis longtemps de toute jarre. Une douleur aiguë déchirait sa poitrine, le moindre mouvement devenait un supplice. Précipitée à son chevet, Mounia le soutint en avant pour le soulager.
    — Si seulement je n'avais pas donné la fiole à Houchang, se lamenta-t-elle, confiante dans les pouvoirs régénérants de l'élixir.
    — Nous la prendrons quand ils s'en seront allés, la rassura Enguerrand d'une voix faible qu'une toux violente tua dans un crachat de sang.
    Aziz ne connaissait aucun miséreux dans cette ville qui soit si fameux archer. Ceux qui avaient tiré ne pouvaient appartenir qu'à la milice royale. Fort de cette certitude, il se précipita à l'huis contre lequel on s'était mis à cogner des épaules pour le forcer.
    — Je suis Aziz ben Salek, dignitaire de notre bien-aimé sultan Keït bey. Je vous ordonne de vous retirer !
    — Et moi je suis le sire de Luirieux, et rien ne m'empêchera d'entrer, tonitrua un rire sardonique au moment où la porte cédait, précipitant Aziz avec violence sur le côté.
    « C'est un cauchemar », songea Mounia, incrédule. Elle ferma les yeux une fraction de seconde dans l'espoir de le chasser. Lorsqu'elle les rouvrit, trois silhouettes puantes se découpaient à la lueur d'une lanterne que l'une d'elles brandissait.
    Bien qu'elle tentât de le retenir contre elle, Enguerrand voulut se décoller du sol pour affronter son rival. Un vertige l'emporta. Il perdit connaissance et retomba lourdement dans les bras de son aimée. Dans l'angle du mur où il avait été projeté, Aziz se redressait lui aussi, abîmé de colère et de contusions.
    — De quel droit ? De quel droit ? s'emporta-t-il au-devant de l'un d'eux armé d'une épée, en brandissant un index menaçant.
    Fatima hurla. Trop tard pour rien empêcher. La lame prit Aziz par le bas-ventre pour mieux l'embrocher. Décollé du sol par la puissance du coup, il secoua encore son doigt, étonné du gargouillis qui jaillit de sa gorge, avant de mourir sur place. L'homme retira le fer. Aziz s'écroula à ses pieds. Interdite par la soudaineté de sa fin, Mounia vit sa mère se

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