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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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récupéraient de quoi se nourrir. Ce n'était pas la première fois qu'Aziz avait affaire à eux en venant à Héliopolis,
    — Cette maison est vide, l'ami, mais nous te donnerons sans discuter ce que nos poches ont emporté. Relâche-la, l'apostropha Aziz calmement.
    — Je crains que ce ne soit pas possible. Ta fille et moi sommes en compte. Jette ton épée au loin, chevalier de Sassenage, ou je lui tranche la gorge.
    Mounia déglutit, la peur au ventre.
    — Houchang, murmura-t-elle d'une voix éteinte en reconnaissant aussitôt le timbre rauque tant entendu dans le sillage de Djem.
    Enguerrand blêmit. À moins d'un miracle, Mounia était perdue.
    Il obtempéra puis écarta les bras en signe de soumission.
    — Tu es de la garde du prince Djem, n'est-ce pas ? demanda-t-il pour gagner du temps, le temps d'une réflexion, d'une idée.
    Fatima ramena ses poings devant sa bouche pour étouffer un cri d'angoisse. Aziz lui-même perdit sa belle assurance. Poussant Mounia devant lui, le Turc avança d'un pas pour sortir de l'ombre.
    — Te voilà bien renseigné. Tu sais donc aussi les raisons qui m'ont fait quitter mon prince. Je viens récupérer ce qui lui fut volé.
    — Et ensuite ? insista Enguerrand.
    — Je m'en irai.
    — À mon jupon, souffla Mounia que le fil du poignard entaillait légèrement sous son menton relevé. La fiole que tu cherches tient dans une bourse attachée à ma taille. Écarte-toi et je te la donnerai.
    Houchang se mit à rire.
    — Pour que tu disparaisses à l'intérieur ? Non, Mounia, j'ai passé bien trop de temps à te traquer. Toi, dit-il en désignant Fatima d'un mouvement de sa mâchoire anguleuse, approche.
    Roide d'angoisse, celle-ci gravit les trois marches pour se ramener à hauteur de Houchang.
    — Prends et lève-le bien haut, que je voie s'il s'agit du même.
    Fatima obéit. Quelques secondes plus tard, le flacon pyramide tourna entre ses doigts à la clarté lunaire. Houchang hocha la tête, soulagé. Cette garce ne l'avait ni vendu ni consommé.
    Il s'en saisit de sa main libre et, desserrant légèrement la tenaille de sa lame courbe, le glissa sous sa gandoura puante, dans sa chemise, à hauteur du cœur.
    — Mounia n'est plus l'épouse de Djem mais la mienne, à présent. Libère-la, exigea Enguerrand.
    Houchang ne l'entendait pas de cette oreille.
    — Pourquoi l'as-tu volé ? demanda-t-il. N'était-il pas suffisant que tu vendes ton mari aux hospitaliers, fallait-il encore que tu le condamnes en lui prenant ce contrepoison ? De quelle espèce es-tu, catin ?
    — Ce n'est pas ce que tu crois, Houchang. Je n'avais pas le choix, se défendit-elle.
    — On a toujours le choix. Allons, vous autres, avancez. J'ai repéré une cave à gauche de la cour. Vous y resterez au frais le temps de ma fuite, exigea-t-il.
    Comprenant qu'il n'avait d'autre choix qu'obéir, Aziz se tourna vers l'endroit indiqué. Le Turc connaissait le lieu. C'était lui, assurément, qui avait brisé la serrure du portail.
    Pendant qu'Enguerrand et Fatima le rejoignaient près de l'annexe, petite construction basse qui autrefois avait dû servir de réserve d'huile, Mounia chuchota :
    — J'ignorais l'importance que cet élixir revêtait pour Djem, tu dois me croire. Le flacon seul m'intéressait. C'est une sorte de clef destinée à une carte antique.
    — Avance, exigea Houchang en la poussant du buste vers l'escalier.
    — Cette carte mène à une terre oubliée des hommes. Djem pourrait y régner si tu me laissais le temps de la retrouver, insista Mounia à mi-voix en descendant les marches.
    — Cette carte dont tu parles, a-t-elle un rapport avec le secret de ce palais ?
    Mounia ne s'accorda pas le temps de la surprise. Il lui en restait peu, elle le savait. En face d'elle, de l'autre côté d'un bassin asséché, son père ouvrait la porte de la réserve et, suivi de Fatima, y pénétrait, l'espoir au cœur de voir sa fille les rejoindre et son bourreau lui accorder grâce. Enguerrand, blême de ne pouvoir rien tenter sans la condamner, les regardait s'avancer, tous deux étroitement liés.
    — Mon père te le livrera si tu nous épargnes, moi et l'enfant que je porte.
    Houchang tressaillit. Il n'était pas dans son tempérament de condamner un innocent. Djem ne saisirait-il pas l'occasion d'un royaume à conquérir s'il le pouvait ?
    Déchiré par le doute, il amena sa prisonnière à quelques pas d'Enguerrand qui n'avait pas bougé.
    — Entre,

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