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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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royaume par droit de naissance ; mais la difficulté de faire valoir une telle prétention à cet héritage dut être pressentie par tous ceux à qui en vint l’idée. Le roi écossais tâcha donc de réparer la perte qu’il avait faite en remplaçant sa première épouse, qui était une princesse anglaise, sœur de notre Édouard I er , par Juletta, fille du comte de Dreux. Les solennités de la cérémonie nuptiale, qui fut célébrée dans la ville de Jedburgh, furent très pompeuses et très remarquables, surtout en ce que, au milieu d’une fête qui fut donnée à l’occasion, apparut un véritable spectre sous la forme d’un squelette, forme sous laquelle on représente d’ordinaire le roi des terreurs… Votre seigneurie peut rire, si elle trouve qu’il y ait là quelque chose de risible ; mais il existe encore des hommes qui l’ont vu de leurs propres yeux, et l’événement n’a que trop bien prouvé de quels malheurs cette apparition était le singulier présage. »
    « J’ai entendu parler de cette histoire, dit le chevalier, mais le moine qui me l’a racontée pensait que ce spectre était peut-être un personnage, quoique malheureusement choisi, qu’on avait à dessein introduit dans le spectacle.
    « Je n’en sais rien, répliqua le ménestrel sèchement, mais une chose certaine, c’est que peu après cette apparition le roi Alexandre mourut, au grand chagrin de son peuple. La vierge de Norwége, son héritière, suivit promptement son grand-père au tombeau, et notre roi anglais, sir chevalier, se mit à réclamer une soumission et un hommage qui, disait-il, lui étaient dus par l’Écosse, mais dont ni les jurisconsultes, ni les nobles, ni les seigneurs, ni même les ménestrels de l’Écosse n’avaient encore jamais entendu parler. »
    « Malédiction ! interrompit sir Aymer de Valence, ceci n’est pas dans notre marché. J’ai promis d’écouter avec patience votre récit, mais je ne me suis pas engagé à l’entendre au cas où il serait un prétexte d’adresser des reproches à Édouard I er , de bienheureuse mémoire ; et je ne souffrirai pas que son nom soit prononcé devant moi sans le respect dû à son haut rang et à ses nobles qualités. »
    « Oh ! dit le ménestrel, je ne suis ni un joueur de cornemuse, ni un généalogiste montagnard, pour porter le respect dont mon art est digne suivant moi jusqu’à chercher querelle à un homme titré, qui m’arrête au commencement d’un air. Je suis Anglais, et je souhaite à mon pays tout le bien possible ; et surtout je dois dire la vérité : mais j’éviterai les sujets qui prêtent matière à dispute. Votre âge, seigneur chevalier, quoiqu’il ne soit pas des plus mûrs, m’autorise à penser que vous pouvez avoir vu la bataille de Falkirk, et d’autres combats sanguinaires, dans lesquels les prétentions de Bruce et de Baliol ont été courageusement disputées, et vous me permettrez de dire que, si les Écossais n’ont pas eu la bonne cause de leur côté, ils ont du moins défendu la mauvaise de tous leurs efforts, et en hommes aussi braves que fidèles. »
    « Quant à la bravoure, je vous l’accorde, dit le chevalier, car je n’ai jamais vu de lâches parmi eux ; mais pour ce qui est de la fidélité, j’en fais juge quiconque sait combien de fois ils ont juré soumission à l’Angleterre, et combien de fois aussi ils ont manqué de parole. »
    « Je ne veux pas compliquer la question, répliqua le ménestrel ; c’est pourquoi je laisserai votre seigneurie déterminer quel est le plus coupable, de celui qui force un plus faible que soi à prêter un serment injuste, ou de celui qui contraint par la nécessité, prête le serment qu’on lui impose, sans l’intention de tenir sa parole. »
    « Voyons, voyons, dit de Valence, gardons chacun pour nous nos opinions, car il est probable que nous ne parviendrions pas à changer l’un ou l’autre notre manière de voir à ce sujet. Mais écoute un conseil : tant que tu voyageras sous une bannière anglaise, songe à ne pas tenir une pareille conversation ni dans la grand’salle, ni dans la cuisine, où peut-être le soldat serait moins endurant que l’officier ; et maintenant, en un mot, récite-moi ta légende sur ce château dangereux. »
    « Il me semble, répliqua Bertram, que votre seigneurie pourra aisément en trouver une édition meilleure que la mienne, car moi, je ne suis point venu dans ce pays depuis plusieurs

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