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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vous la lisez comme il faut.
    Vieille Comédie.
    Il faut que votre honneur sache, beau sir Aymer de Valence, que j’ai entendu conter cette histoire à une grande distance du pays où elle est arrivée, par un ménestrel juré, ancien ami et serviteur de la maison des Douglas, un des plus célèbres, dit-on, qui appartinrent jamais à cette noble famille. Ce ménestrel, qui se nommait Hugo Hugonnet, accompagnait son jeune maître, suivant sa coutume, lorsque James Douglas accomplit l’exploit dont nous parlions tout à l’heure.
    « Le château était dans un tumulte général : dans un coin les hommes de guerre s’occupaient à saccager et à détruire les provisions ; dans un autre, ils tuaient hommes, chevaux, bœufs et moutons ; et cette besogne ne se faisait pas sans être accompagnée de cris convenables. Les bestiaux en particulier avaient pressenti le sort qui les menaçait, et par une résistance gauche, par de piteux mugissemens, témoignaient cette répugnance instinctive avec laquelle ces pauvres animaux approchent d’un abattoir. Les gémissemens et les sanglots des hommes qui recevaient ou allaient recevoir le coup mortel, et les hurlemens des pauvres chevaux livrés à l’agonie de la mort, formaient un chœur épouvantable. Hugonnet voulut se soustraire à ce hideux spectacle, à ce lugubre concert ; mais son maître, Douglas le père, avait été un homme de quelque instruction ; et le vieux serviteur désirait ardemment sauver un livre de poésie auquel ce Douglas attachait jadis beaucoup de valeur. Il contenait les chants d’un ancien barde écossais qui, s’il ne parut être qu’une simple créature humaine tant qu’il demeura en ce monde, ne doit peut-être pas porter aujourd’hui le simple nom d’homme. »
    « Bref, c’était ce Thomas, surnommé le Rimeur, et dont l’intimité, dit-on, était devenue si grande avec ces êtres surnaturels qu’on nomme fées, qu’il pouvait, comme elles, prédire les choses futures bien long-temps avant qu’elles arrivassent, et qui réunissait dans sa personne la qualité de barde à celle de devin. Mais depuis plusieurs années il avait presque entièrement disparu de la scène de ce monde, et quoique l’époque et le genre de sa mort n’eussent jamais été publiquement connus, cependant la foi générale était qu’il n’avait pas été ravi à la terre des vivans, mais transporté dans le pays des fées, d’où il faisait parfois des excursions, ne s’occupant plus que des choses qui devaient arriver par la suite. Hugonnet était d’autant plus jaloux de préserver de la destruction les œuvres de cet ancien barde, que la plupart de ses prédictions et de ses poèmes étaient seulement conservés dans le château, disait-on, et supposés contenir des choses qui intéressaient d’une manière toute particulière l’antique maison de Douglas, aussi bien que d’autres familles d’origine ancienne, qui avaient servi de sujets aux prophéties du vieillard : il était donc résolu à sauver à tout prix ce volume de la destruction qui l’attendait dans l’incendie général auquel l’édifice venait d’être condamné par l’héritier de ses anciens possesseurs. Ce fut avec cette intention qu’il pénétra dans la vieille petite chambre voûtée qu’on nommait la bibliothèque de Douglas, et qui pouvait contenir quelques douzaines de ces vieux livres écrits par les anciens chapelains, en ce que les ménestrels appellent le caractère noir . Il découvrit aussitôt le célèbre lai, intitulé Sir Tristrem, qui avait été si souvent altéré et abrégé, qu’il ne ressemblait plus guère à l’original. Hugonnet, connaissant tout le prix que les anciens propriétaires du château attachaient à ce poème, tira ce volume en parchemin des rayons de la bibliothèque, et le posa sur un petit pupitre qui se trouvait là, près du fauteuil du baron. Après avoir fait tout ce qu’il croyait pouvoir faire pour le sauver, il tomba dans une courte rêverie que le jour qui baissait et les préparatifs du gardemanger de Douglas, mais surtout l’idée qu’il voyait pour la dernière fois des objets qui avaient été si familiers à ses yeux, qu’il les voyait à l’instant où ils allaient être détruits, étaient bien propres à lui inspirer alors.
    « Le barde songeait donc en lui-même au singulier mélange des caractères de savant mystique et de guerrier réunis dans son vieux maître, quand tout à coup, abaissant les

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