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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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entendre l’alouette chanter que la souris crier. » Les rues ou plutôt les ruelles étaient plongées dans une obscurité complète, sinon que les rayons, incertains de la lune qui commençait à se lever éclairaient de temps à autre quelque toit roide et étroit. On n’entendait aucun bruit d’industrie humaine, aucun bruit de joie domestique ; on ne voyait briller aux fenêtres des maisons ni feu ni lumière. L’ancienne ordonnance, connue sous le nom de couvre-feu, que le conquérant avait introduite en Angleterre, était alors en pleine vigueur dans les parties de l’Écosse que l’on croyait douteuses et capables de se révolter, et besoin n’est pas de dire que les anciennes possessions des Douglas étaient rangées dans cette dernière catégorie. L’église, dont l’architecture gothique était d’un superbe caractère, avait été autant que possible détruite par le feu, mais les ruines qui restaient assemblées par le poids des énormes pierres dont elles se composaient donnaient encore une idée suffisante de la grandeur d’une famille aux frais de laquelle l’édifice avait été construit, et dont les ossemens depuis un temps immémorial avaient été enterrés dans les caveaux de cet édifice.
    Donnant peu d’attention à ces restes d’une grandeur éclipsée, sir Aymer de Valence s’avançait à la tête de son petit détachement, et déja il avait dépassé l’enceinte en ruines du cimetière de Douglas, lorsque, à sa grande surprise, le bruit du galop de son cheval parut être répété par celui d’un autre noble coursier qui remontait rapidement la rue comme venant à sa rencontre. Valence ne pouvait s’imaginer quelle était la cause de ces sons guerriers ; le retentissement et le cliquetis des armes devenaient distincts, et l’oreille d’un chevalier ne pouvait se méprendre au galop d’un cheval de bataille. La peine qu’on avait à empêcher les soldats de sortir la nuit de leur quartier aurait sans doute expliqué suffisamment la présence d’un fantassin courant les rues, mais il était plus difficile de savoir comment un cavalier armé de pied en cap se trouvait là ; car telle était l’apparition qui se montrait à l’extrémité d’une rue rapide, et qu’on voyait à merveille, grace à un brillant clair de lune. Peut-être ce guerrier inconnu put-il en même temps apercevoir Aymer de Valence et les hommes armés qui l’accompagnaient, du moins ils s’écrièrent tous deux : « Qui va là ? » phrase consacrée, et aussitôt la réponse d’une part de « Saint-Georges ! » et de l’autre de « Douglas ! » éveillèrent les tranquilles échos de la petite rue délabrée et les voûtes silencieuses de l’église en ruines. Étonné d’un cri de guerre auquel se rattachaient tant de souvenirs, le chevalier anglais piqua son coursier et descendit au grand galop la route raide et périlleuse qui conduisait à la porte sud ou sud-est de la ville, et ce fut pour lui l’affaire d’un instant que de crier : « Hola ! Saint-Georges ! poursuivez l’insolent coquin, vous tous à la porte, Fabian, et coupez-lui la retraite ! Saint Georges ! pour l’Angleterre ! arcs et flèches !… arcs et flèches ! » En même temps sir Aymer de Valence mettait en arrêt sa longue lance qu’il avait arrachée aux mains de l’écuyer qui la portait. Mais le clair de lune avait brillé un instant, puis disparu, et quoique de de Valence sentit bien que le guerrier ennemi n’avait guère la place d’éviter son choc, néanmoins il ne pouvait diriger son coup que par simple supposition et continuait à galoper dans l’obscure descente au milieu de pierres éparses et d’autres obstacles, sans atteindre de sa lance l’objet de sa poursuite. Bref il parcourut au grand galop, mais souvent forcé de s’interrompre, une descente d’environ cinquante ou soixante toises, sans avoir aucune raison de supposer qu’il eût dépassé la figure qui lui avait apparu, quoique la rue fût si étroite qu’il ne pouvait l’avoir rencontré, à moins que cheval et cavalier ne se fussent dissipés au moment de la rencontre comme une bulle d’air. Cependant les soldats qui galopaient derrière lui étaient frappés d’une espèce de terreur surnaturelle qu’une multitude d’aventures singulières faisait attacher pour la plupart d’entre eux au nom de Douglas ; et quand il parvint à la porte qui terminait cette rue difficile, il n’était plus suivi que

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