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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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d’aucune des deux armées, pas un cheval ne s’ébrouait, pas un bouclier ne tintait. Nous attendions que retentissent les trompes et les tambours. Je trouvais cette nouvelle armure fort lourde, il me faudrait du temps pour m’y accoutumer et Hector devrait attendre.
    Il y eut un roulement de tambour, une sonnerie de trompes et la fille du Destin jeta ses ciseaux dans la bande de terrain nu qui nous séparait, Hector et moi. Au moment où je poussai mon cri de guerre, Automédon lançait mon char en avant, mais Hector fit un écart et partit le long du front avant que nous ne nous soyons rencontrés. Bloqué par une masse de fantassins, je n’avais nul espoir de le suivre. Je levais ma lance et elle s’abattait, faisant couler toujours plus de sang troyen ; seul comptait pour moi le plaisir de tuer. La promesse que j’avais faite à Patrocle était oubliée.
    J’entendis un cri de guerre familier et vis un autre char qui se frayait un chemin dans la mêlée. Énée attaquait avec sa lance mais, face à lui, les Myrmidons esquivaient les coups avec habileté. Je poussai mon cri. Il m’entendit, me salua, descendit aussitôt de son char pour se battre en duel. Son premier coup de lance atteignit mon bouclier et m’ébranla jusqu’aux os, mais le métal magique repoussa la lance. Elle tomba à terre, la pointe endommagée. Ma Vieille Pélion décrivit un arc parfait au-dessus de la tête des hommes qui nous séparaient. Énée vit la pointe se diriger vers sa gorge, leva son bouclier et se baissa. Ma lance bien-aimée traversa le cuir et le métal, juste au-dessus de sa tête, fit basculer le bouclier et immobilisa Énée. Après avoir dégainé mon épée, je me frayai un chemin à travers les hommes, bien décidé à l’atteindre avant qu’il pût se dégager. Ses Dardaniens reculèrent devant notre assaut et j’arborais déjà un sourire triomphant quand je ressentis une violente poussée, ce phénomène exaspérant qui se produit parfois quand un grand nombre d’hommes se trouvent serrés les uns contre les autres dans un espace limité. C’était comme si, soudain, une énorme lame de fond se soulevait et balayait le front d’une extrémité à l’autre ; les hommes s’affalèrent les uns sur les autres comme un mur de briques qui s’effondre.
    Presque soulevé de terre, emporté comme une épave par cette marée humaine, je poussai un cri de désespoir : j’avais perdu Énée. Quand je parvins à me dégager, il avait disparu et je m’étais éloigné de plus de cinq cents pas. Criant aux Myrmidons de se remettre en formation de combat, je revins à mon point de départ. Lorsque j’y arrivai, je trouvai ma Vieille Pélion qui clouait toujours le bouclier au sol. Personne n’y avait touché. Je la dégageai d’un mouvement violent et lançai le bouclier à l’un des non-combattants chargés de l’équipement.
    Peu de temps après, je renvoyai Automédon et le char à l’arrière du champ de bataille et lui remis également ma Vieille Pélion. Ce genre de combat se livrait à la hache. Ah, quelle arme extraordinaire dans une mêlée ! Les Myrmidons restèrent à mes côtés. Nous fûmes invincibles ! Mais aussi acharné que fût le combat, je ne cessai de chercher Hector. Je le découvris après avoir tué un homme qui portait l’insigne des fils de Priam. Non loin de là, le visage ravagé par la douleur devant le sort subi par son frère, Hector m’observait. Nos regards se croisèrent ; le champ de bataille cessa d’exister. Je lus dans ses yeux la satisfaction, alors qu’il me contemplait, l’air sombre. Nous nous approchâmes l’un de l’autre, abattant nos ennemis, une seule idée en tête : nous rencontrer, être assez près pour nous toucher. Il y eut alors un autre mouvement de foule. Quelque chose me heurta le flanc et j’allais perdre l’équilibre quand je me trouvai projeté en arrière. Des hommes tombèrent et furent écrasés. Je pleurai de rage d’avoir perdu Hector. Je fus saisi d’une folle envie de tuer.
    Cette folie sanguinaire cessa quand il n’y eut plus qu’une poignée de plumets pourpres en face de moi et qu’on entrevit l’herbe piétinée. Les Troyens avaient disparu ; seuls restaient quelques traînards. Ils reculèrent en bon ordre. Leurs chefs étaient remontés dans leurs chars. Agamemnon les laissa partir, satisfait pour le moment de reformer ses propres lignes. Mon char réapparut comme par miracle et je montai aux côtés

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