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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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chance pour m’en tirer en attendant de me sentir plus à l’aise. Elle fit faire un écart à sa monture et virevolta, rapide comme l’éclair, mais je reculai à temps et parai le coup de mon bouclier en cuir, regrettant qu’il ne fût pas en fer. Sa hache le traversa de part en part. Elle n’avait rien d’un général, mais elle savait se battre. Tout comme ma jument baie, qui semblait savoir avant moi quand il fallait tourner. Je fis tournoyer ma hache et manquai la reine de peu. Puis je l’imitai en me précipitant sur sa jument blanche. Elle ouvrit de grands yeux et rit par-dessus son bouclier. Nous étant fait une idée l’un de l’autre, nous échangions des coups de plus en plus rapides ; les haches tintaient et faisaient jaillir des étincelles. J’appréciai sa vigueur et son extrême dextérité. Restant toujours à sa droite, j’essayai de lui déchirer les muscles en résistant à chacun de ses coups avec une force qui l’ébranlait jusqu’aux os.
    Cela aurait pu durer jusqu’à ce qu’elle fût épuisée, mais je me refusai à l’humilier. Mieux valait en finir rapidement et honorablement. Quand elle se rendit compte qu’elle était perdue, elle leva les yeux vers moi et accepta son sort en silence ; en désespoir de cause, elle tenta cependant une dernière manœuvre. Sa jument blanche se cabra, s’abattit en pivotant sur elle-même et heurta ma monture avec une telle violence que celle-ci trébucha, glissant sur ses sabots. Alors que je la retenais de la voix, de la main gauche et des talons, la hache de la reine s’abattit. Je levai la mienne pour l’écarter. Puis, sans plus d’hésitation, j’enfonçai ma lame dans le flanc découvert de Penthésilée, comme dans de l’argile fraîche. Ne me fiant pas à elle tant qu’elle restait droite sur sa monture, j’arrachai sans tarder ma hache. La main avec laquelle elle tenta de saisir son poignard n’avait plus de force. Son sang ruisselant sur la robe blanche de la jument, la reine vacilla. Je me laissai glisser de ma monture pour la rattraper avant qu’elle ne heurtât le sol.
    Je pliai sous son poids et m’agenouillai à terre en lui soutenant la tête et les épaules de mes bras. Je cherchai son pouls. Elle n’était pas encore morte, mais déjà on l’appelait au royaume des ombres. Elle me regarda de ses yeux bleus, pâles comme un ciel délavé.
    — J’ai prié pour que ce soit toi, me confia-t-elle.
    — Il appartient à l’ennemi le plus valeureux de donner la mort à la reine, et tu es reine de Scythie.
    — Je te remercie d’en avoir terminé avant que n’apparaisse mon infériorité. Au nom de la Vierge Archère, je t’absous de m’avoir donné la mort.
    J’entendis un râle. Ses lèvres remuaient toujours. Je me penchai vers elle .
    — Quand la reine meurt sous les coups de la hache, son bourreau, qui régnera après elle, doit toujours recueillir dans sa bouche son dernier souffle. Recueille mon souffle. Recueille mon âme, jusqu’au jour où toi aussi tu seras une ombre, alors je te la réclamerai.
    Dans sa bouche, point de sang ; le dernier souffle qui lui restait, elle me le donna puis mourut. Le charme était rompu. Je la déposai délicatement par terre et me mis debout. Hurlant leur chagrin et leur désespoir, les guerrières me chargèrent, mais les Myrmidons firent barrage et me permirent de quitter le champ de bataille avec ma jument baie pour aller retrouver Automédon. Ce cadre en bois et en cuir était une prise bien plus précieuse que des rubis.
    Une voix s’éleva.
    — Quel spectacle tu as donné, Achille ! Rares sont les hommes qui ont vu quelqu’un faire l’amour à un cadavre.
    Automédon et moi fîmes volte-face, stupéfaits. Thersite l’espion nous narguait, le sourire aux lèvres.
    — Quel dommage qu’ils aient chargé et que tu n’aies pu terminer ! J’espérais apercevoir ton arme la plus redoutable !
    — Va-t’en, Thersite ! lui criai-je, tremblant d’une rage glacée. Va te cacher derrière ton cousin Diomède, ou derrière Ulysse le tireur de ficelles !
    — Seule la vérité blesse, n’est-ce pas ? me lança-t-il en tournant les talons.
    Je lui assénai un coup violent sur la nuque, juste sous son casque. Il tomba comme une masse et se tordit sur le sol, pareil à une vipère. Automédon pleurait de rage.
    — La canaille ! s’écria-t-il en s’agenouillant. Tu lui as brisé le cou, Achille. Il est mort. Bon débarras !
     
    Nous

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