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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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achever de détruire ce qui reste de Troie. Cela me déplaît de te le dire, père, mais tu n’es qu’un sot.
    Tandis que Priam digérait ces paroles, je revins à la charge.
    — Seigneur, je t’en supplie, ne me force pas à me remarier ! Laisse-moi me consacrer à la déesse !
    — Tu épouseras Déiphobos, ordonna-t-il.
    Ne pouvant davantage supporter leur présence, je m’en fus en courant, comme poursuivie par les filles de Perséphone. Ce qu’il advint d’Hélénos, je l’ignore, et peu m’importe.
    J’envoyai un message à Énée, le suppliant de venir me voir. Il était seul à pouvoir m’aider. Le doute me rongeait tandis que j’arpentais ma chambre en l’attendant. Bien que notre liaison fût terminée depuis longtemps, je supposais qu’il éprouvait encore quelque affection pour moi. Le temps s’écoulait lentement, dans un vide et une désolation des plus angoissants. Je guettais en vain le bruit de son pas résolu dans le couloir.
    — Que veux-tu, Hélène ? demanda-t-il.
    Il était entré si doucement que je ne l’avais pas entendu. Il tira le rideau avec soin.
    — Je craignais de ne plus te voir venir, dis-je en me jetant dans ses bras et en levant le visage pour recevoir un baiser.
    — Que veux-tu ? demanda-t-il en s’écartant.
    — Énée, aide-moi, Pâris est mort.
    — Je le sais.
    — Alors tu dois comprendre ce que cela signifie pour moi ! Pâris mort, je suis à leur merci. On m’ordonne d’épouser Déiphobos ! Cette brute ! Si tu as le moindre égard pour moi, Énée, je te supplie d’aller voir Priam et de lui expliquer que je ne plaisantais pas quand je lui ai dit que je n’avais aucun désir de jamais me remarier. Aucun !
    — Tu demandes l’impossible, Hélène.
    — L’impossible ? fis-je, éberluée. Énée, rien ne t’est impossible ! Tu es l’homme le plus puissant de Troie !
    — Je te conseille d’épouser Déiphobos et qu’on n’en parle plus.
    — Mais je croyais… je croyais que même si tu ne me voulais pas pour toi, tu m’aimerais assez pour me défendre !
    — Hélène, s’esclaffa-t-il, je ne t’aiderai pas. Chaque jour voit décliner le nombre des fils de Priam, chaque jour me rapproche du trône de Troie. Je ne compromettrai pas mon avenir pour tes beaux yeux. Compris ?
    — Souviens-toi du destin qui attend les ambitieux, Énée.
    — Un trône, Hélène ! Un trône !
    — Je donnerais tout l’or du monde pour que jamais tu ne sois roi, que jamais tu ne connaisses la sérénité, que tu sois obligé d’errer par monts et par vaux et que tu finisses tes jours parmi de misérables sauvages dans une hutte de roseaux.
    Il dut prendre peur. Le rideau s’agita. Il avait disparu.
     
    Une fois Énée parti, je fis le point sur ce qui m’attendait : épouser un homme que je haïssais, dont le moindre contact me ferait vomir. Alors je me rendis compte que, pour la première fois de ma vie, je ne pouvais compter que sur moi-même. Si je voulais m’échapper de cet endroit affreux, je devrais le faire seule.
    Ménélas n’était pas très loin et deux des portes de Troie étaient toujours ouvertes. Mais les femmes du palais ne se promenaient jamais à pied et n’avaient pas la possibilité de se procurer de bonnes chaussures. Réussir à atteindre la plage des Grecs depuis la porte dardanienne en passant devant la porte Scée était impossible. À moins que je ne trouve une monture… Les femmes allaient à dos d’âne. Elles s’asseyaient sur le dos de la bête, les deux jambes pendant d’un même côté. Oui, voilà ce que j’allais faire ! Je volerai un âne et me rendrai jusqu’à la plage pendant que la nuit enveloppera la cité et la plaine.
    Voler l’âne ne fut pas difficile, le monter non plus. Mais quand j’atteignis la porte dardanienne – bien plus éloignée de la citadelle que la porte Scée – ma monture refusa d’aller plus loin. C’était un animal de cité, il sentit l’air vif de la campagne et n’aima pas les odeurs apportées par le vent : le parfum de l’automne tout proche, une bouffée d’air marin. Quand je le fouettai avec une baguette, il se mit à braire tristement. Ce fut ma perte. Les gardes de la porte vinrent voir ce qui se passait, me reconnurent et m’arrêtèrent.
    — Je veux aller voir mon mari ! m’écriai-je en pleurant. Laissez-moi aller voir mon mari, je vous en prie !
    Bien sûr ils refusèrent. Le maudit âne, qui maintenant aimait les odeurs

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