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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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qu’à Thésée. Je l’ai apportée à Troie, pour me porter chance  !
    — Chance ? dit avec ironie Ulysse. Nous avons grand espoir de voir arriver Néoptolème. Je m’en suis occupé. Il reste le Palladion de Pallas Athéna, qui par chance est ma protectrice. Je n’en reviens pas moi-même !
    — Tu m’agaces, Ulysse, maugréa le grand roi.
    — Ah. Où en étais-je ? Je parlais du Palladion. Il faut nous procurer cette ancienne statue, donc. On la vénère au plus haut point dans la cité et sa perte serait un grand coup pour Priam. À ma connaissance, la statue se trouve quelque part, dans la crypte de la citadelle. Secret bien gardé, mais que je suis sûr de pouvoir percer. Le plus difficile sera de l’emporter. À ce qu’on dit, elle est énorme et pèse lourd. Diomède, veux-tu m’accompagner à Troie ?
    — Avec plaisir, Ulysse !
    Comme il n’y avait rien d’autre à discuter, la séance fut levée. À la porte, Ménélas prit Ulysse par le bras.
    — Verras-tu Hélène ?
    — Oui, sans doute.
    — Dis-lui combien je regrette qu’elle n’ait pu réussir à me rejoindre.
    — Entendu, acquiesça Ulysse.
    Tandis que nous rentrions chez lui, Ulysse me confia qu’il n’en ferait rien, qu’Hélène aurait la tête tranchée et ne retournerait jamais dans la couche de Ménélas.
    — Qu’es-tu prêt à parier ? lui répondis-je en riant.
    — Passerons-nous par la canalisation ? lui demandai-je quand nous en vînmes à préparer nos plans.
    — Toi, oui, mais pas moi. Je dois pouvoir m’approcher d’Hélène sans éveiller de soupçons. Je ne saurais donc ressembler à Ulysse.
    Il quitta la pièce et revint peu après avec un fouet à quatre lanières. À l’extrémité de chacune était fixé un morceau de bronze tout déchiqueté. Je le regardai, ahuri. Alors il me tourna le dos et se mit à ôter sa tunique.
    — Fouette-moi, Diomède.
    Je sursautai, horrifié.
    — As-tu perdu la raison ? Te fouetter ? J’en serais bien incapable.
    — Ferme les yeux alors et fais comme si j’étais Déiphobos. Il faut qu’on me fouette !
    — Demande-moi tout ce que tu voudras, mais pas ça, dis-je en entourant de mon bras ses épaules nues. Te fouetter, toi, un roi ! Comme un simple esclave révolté ?
    — Qu’importent quelques cicatrices de plus sur ma carcasse décharnée ! s’exclama-t-il en riant doucement et en posant sa joue sur mon bras. Il faut que j’aie l’air d’un esclave révolté, Diomède. Y a-t-il spectacle plus attendrissant que le dos ensanglanté d’un esclave grec qui s’est échappé ? Allons, prends ce fouet.
    — Non, insistai-je en secouant la tête.
    — Prends-le, Diomède, répéta-t-il d’un air menaçant.
    À contrecœur, je le ramassai. Il courba le dos. J’enroulai les quatre lanières autour de mes doigts, pris mon courage à deux mains et le fouettai. Des zébrures violettes apparurent. Je les regardai enfler, à la fois fasciné et dégoûté.
    — Un peu plus fort ! exigea-t-il en s’impatientant. Tu dois me faire saigner !
    Je fermai les yeux et obéis. Je lui donnai dix coups avec l’instrument de torture. À chaque coup, je le faisais saigner et le marquais à vie de cicatrices, comme n’importe quel esclave révolté.
    — Ne te désole pas ainsi, Diomède. À quoi me servirait une peau intacte ? Au toucher, cela me paraît bien, ajouta-t-il en grimaçant de douleur. Est-ce aussi ton avis ?
    J’acquiesçai de la tête.
    Il se débarrassa de son pagne et se ceignit les reins d’un morceau de toile crasseuse, ébouriffa ses cheveux et les noircit à l’aide de suie. Je jure que ses yeux étincelaient, tant il s’amusait.
    — Enchaîne-moi, tortionnaire d’Argos ! m’ordonna-t-il.
    Pour la seconde fois je fis ce qu’il me demandait. Tandis que je m’agenouillais pour lui enchaîner les chevilles, il m’expliqua :
    — Une fois que je serai dans la cité, il faudra que je m’introduise dans la citadelle. Nous voyagerons ensemble dans le char d’Ajax – il est solide, stable et peu bruyant – jusqu’au bouquet d’arbres près de la petite tour de guet, de notre côté du rideau Ouest. Là, nous nous séparerons. En bluffant, j’entrerai par l’étroit passage ménagé dans la porte Scée et je ferai de même aux portes de la citadelle. Je prétendrai que je dois voir Polydamas de toute urgence. Son nom devrait m’ouvrir bien des portes.
    — Mais bien sûr, dis-je en me redressant, tu ne vas

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