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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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entoura mes jambes de son bras valide et son sang coula sur ma tunique. Dégoûtée, je lui décochai un coup de pied qui le fit s’étaler de tout son long. Puis je courus à la porte.
    Je trouvai Hélénos et Déiphobos qui parlaient dans la cour, encore vêtus de leur armure. Ni l’un ni l’autre ne m’avait remarquée. Je posai la main sur le bras d’Hélénos. Pour rien au monde je n’aurais touché celui de Déiphobos.
    — Nous avons perdu, dit Hélénos d’un ton las. Ils nous attendaient. Nous avons enfreint la loi. Nous sommes maudits ! ajouta-t-il, les larmes aux yeux.
    — En quoi cela me concerne-t-il ? répondis-je en haussant les épaules. Je ne suis pas venue vous demander comment s’est déroulée votre stupide bataille – n’importe qui aurait pu vous dire que vous perdriez. Je suis venue implorer votre aide.
    — Tout ce que tu voudras, Hélène, dit Déiphobos en me lançant un regard concupiscent.
    — Pâris est dans ma chambre, je crois qu’il est mourant.
    — Pâris, mourant ? Pâris  ? s’étonna Hélénos, bouleversé.
    — Je veux qu’il soit transporté ailleurs, dis-je en m’éloignant.
    Quand ils arrivèrent, ils soulevèrent Pâris et le mirent sur un lit.
    — Je veux qu’on l’emmène, non qu’on l’installe confortablement ici !
    — Hélène ! Tu ne saurais le mettre dehors, s’exclama Hélénos, outré.
    — Regarde-moi bien, Hélénos ! Que lui dois-je sinon ma perte ? Cela fait des années qu’il se comporte comme si je n’existais pas ! Des années qu’il laisse les vieilles mégères de Troie me tourner en ridicule ! Et maintenant qu’enfin il a besoin de moi, il croit pouvoir compter sur la petite niaise qu’il a enlevée à Amyclées ? Eh bien il se trompe ! Qu’il aille crever dans les bras de sa conquête du moment !
    Pâris s’était calmé. Il me dévisageait, d’un œil, avec horreur.
    — Hélène, Hélène ! gémit-il.
    — Inutile de m’implorer !
    — Que s’est-il donc passé, Pâris ? interrogea Hélénos en caressant ses boucles grisonnantes.
    — Une bien étrange chose, Hélénos ! Un homme m’a provoqué en duel. Une espèce de sauvage, à la barbe dorée comme un roi des maquis du mont Ida. Je ne le connaissais pas, je ne l’avais jamais vu !
    J’acceptai, sûr de vaincre ! Seuls Teucer et moi savons viser avec précision à cette distance. Mais il a mieux visé que moi ! Puis il a pouffé de rire en me regardant, comme Hélène !
    J’examinais attentivement la flèche, plus que je n’écoutais sa pitoyable histoire. J’étais sûre d’en avoir déjà vu une semblable. Ou bien j’avais entendu l’aède d’Amyclées la décrire. C’était une très longue tige de saule teinte en rouge cramoisi avec des baies et garnie de plumes d’oie, blanches et mouchetées de la même couleur.
    — L’homme qui t’a visé était Philoctète, dis-je enfin. Tu ne méritais pas un tel honneur, Pâris. Avant de mourir, Héraclès avait donné son arc et ses flèches à Philoctète. La rumeur selon laquelle Philoctète était mort d’une morsure de serpent était donc fausse. La flèche plantée dans ton œil appartenait jadis à Héraclès.
    — Il suffit, harpie ! s’écria Hélénos avec un regard furieux.
    — Tu sais, Hélénos, dis-je, tu es pire encore que ta sœur folle. Elle, au moins, ne prétend pas être saine d’esprit. Veux-tu bien emmener Pâris, à présent ?
    — Hélénos ? supplia Pâris. Emmène-moi sur le mont Ida voir ma chère Œnoné. Elle saura me guérir, elle tient son don d’Artémis. Emmène-moi voir Œnoné !
    — Conduis-le où tu veux, cela m’est bien égal ! criai-je, folle de rage. Pourvu que tu m’en débarrasses ! L’emmener voir Œnoné, ah ! Ne comprend-il pas qu’il est perdu ? Arrache la flèche, Hélénos. Qu’il meure enfin ! C’est tout ce qu’il mérite !
    Ils l’assirent sur le bord du lit. Déiphobos se baissa pour le soulever, mais Pâris ne l’aidait guère. Quand Déiphobos parvint enfin à se relever, Pâris dans les bras, celui-ci pesa sur lui de tout son poids. Hélénos le suivit pour lui venir en aide. Son bras frôla accidentellement la flèche. Pâris cria et s’affola, gesticulant en tous sens. Déiphobos perdit l’équilibre et ils s’affalèrent tous les trois par terre. Hélénos se remit debout et aida Déiphobos à en faire autant.
    Pâris gisait à moitié sur le dos, à moitié sur le flanc gauche, une jambe

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