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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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rois et princes, le seul moyen de s’emparer de Troie… Un cheval de cette taille pourrait, à mon avis, contenir une centaine d’hommes. Par ailleurs, s’ils en sortent par surprise et de nuit, cent hommes suffiront amplement à ouvrir la porte Scée.
    De tous les coins de la pièce, les questions fusèrent. Les sceptiques poussaient des cris, les enthousiastes des hourras. Ce fut un vacarme épouvantable jusqu’à ce qu’Agamemnon descendît de son trône pour reprendre le bâton à Mérione et tambouriner sur le dallage.
    — Silence ! Vous pourrez poser vos questions, mais chacun à votre tour, et seulement après moi. Ulysse, assieds-toi, prends une coupe de vin et explique-nous ton projet en détail.
    Le conseil se termina à la tombée de la nuit. J’accompagnai Ulysse chez lui. Épéios attendait patiemment, le parchemin étalé devant lui ; on y voyait à présent d’autres dessins, plus petits. J’écoutais d’une oreille, tandis qu’Ulysse et lui discutaient de détails techniques.
    — Tu pourras travailler dans la cuvette qui se trouve juste derrière la maison, expliqua Ulysse. Elle est si profonde que la tête du cheval ne dépassera pas la cime des arbres qui la bordent. Personne ne pourra le voir du haut des tours. Cet emplacement a d’autres avantages : personne n’y vient jamais, aussi ne seras-tu point dérangé. Tu pourras engager les habitants comme manœuvres. Tous ceux que tu feras venir ne repartiront qu’une fois le travail achevé. Acceptes-tu ces conditions ?
    — Tu peux compter sur moi, roi Ulysse, affirma Épéios, les yeux étincelants. Nul ne saura ce qui se passe ici.

32
    Récit de Priam
     
    Borée, le vent du Nord descendu des immensités glacées de Scythie, se remit à souffler et les arbres prirent la couleur de l’ambre. L’été de cette dixième année touchait à sa fin et Agamemnon était toujours là.
    Notre dénuement était extrême. Juste avant la mort d’Hector, j’avais fait arracher les clous en or des portes, des planchers, des volets et des gonds pour les fondre. Les coffres du trésor étaient vides. Toutes les offrandes aux temples avaient été converties en lingots et tous, riches et pauvres, gémissaient sous l’impôt. Pourtant je n’avais toujours pas de quoi acheter ce dont Troie avait besoin pour continuer la lutte : mercenaires, armes, engins de guerre. Cela faisait dix ans que nous ne profitions plus des droits de péage de l’Hellespont. Agamemnon les percevait sur tous les navires grecs, qui pénétraient dans le Pont-Euxin en un défilé ininterrompu, alors qu’il en avait interdit l’accès aux navires des autres nations. Certes, nous avions de quoi manger, car au sud et au nord-est les portes de Troie restaient ouvertes et les paysans continuaient à cultiver la terre, mais nous manquions des produits du sol qui ne poussaient pas dans la région. Les célèbres chevaux de Laomédon s’étaient faits rares dans les plaines du Sud, car j’avais été obligé de presque tous les vendre. J’appris plus tard que le roi Diomède d’Argos en avait acheté un grand nombre. Ce que Laomédon et moi-même avions toujours refusé aux Grecs avait fini par tomber entre leurs mains. L’orgueil… L’orgueil présage de la chute.
    On allumait de grands feux dans ma chambre, mais nulle flamme ne réchauffait mon cœur rongé de désespoir. J’avais engendré cinquante fils, cinquante beaux garçons. À présent la plupart d’entre eux étaient morts. Le dieu de la Guerre avait choisi les meilleurs et ne m’avait laissé que les moins brillants pour adoucir mes vieux jours. J’avais quatre-vingt-trois ans et, de toute évidence, étais destiné à leur survivre. Rien qu’à voir Déiphobos – mon grotesque héritier – se rengorger, je versais des torrents de larmes. Hector n’était plus. Ma femme Hécube avait sombré dans la folie et ne cessait de hurler telle une chienne affamée ; sa compagne favorite, Cassandre, était plus folle encore.
    Je me forçais parfois à aller jusqu’à la tour de guet de la porte Scée pour voir les innombrables volutes de fumée monter de la plage et les navires alignés le long de la grève, rang après rang. Les Grecs n’attaquaient pas. Nous étions au bord du précipice, sans rien voir qui pût nous réconforter, sans rien connaître des intentions de nos ennemis qui vaquaient à de mystérieuses occupations. Les derniers éléments de l’armée troyenne étaient regroupés

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