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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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son père, vêtu de l’armure de son père. Pour eux, il était Achille.
    Une demi-lune après l’arrivée de Néoptolème, un héraut royal vint me prévenir qu’on tiendrait conseil le lendemain après déjeuner.
    Il était inutile d’essayer de faire parler Ulysse. Aussi, le souper terminé, je pris l’air détaché en l’écoutant parler de choses et d’autres. Cela ne l’offensa pas, mais il ne put s’empêcher de rire quand, avec beaucoup de dignité, je pris enfin congé de lui.
    Tous arrivèrent fort tôt chez Agamemnon, tels des chiens flairant une piste. Ils avaient revêtu leurs plus beaux pagnes et mis leurs bijoux, comme pour se rendre à une réception officielle dans la grande salle du palais de Mycènes. Le chef des hérauts, debout au pied du trône orné d’un lion, faisait l’appel des présents à l’intention d’un scribe chargé d’en prendre note, pour la postérité.
    Le roi des rois fit signe aux hérauts de partir et remit à Mérione le bâton des débats. Puis il s’adressa à nous en s’exprimant dans le langage guindé des déclarations officielles.
    — Après que Priam, roi de Troie, a enfreint les règles sacrées de la guerre, j’ai chargé Ulysse, roi d’Ithaque de concevoir un plan pour s’emparer de Troie, par la ruse et la traîtrise. J’apprends qu’Ulysse est prêt à nous exposer son projet. Vous serez témoins de ce qu’il a à nous dire. Royal Ulysse, tu as la parole.
    Ulysse se leva.
    — Tu peux conserver le bâton, dit-il en souriant à Mérione.
    Il déroula ensuite un parchemin et le fixa solidement au mur, plantant à chaque angle une petite dague ornée de pierres précieuses. Nous le regardions tous fixement, nous demandant si nous n’étions pas victimes d’une de ses plaisanteries. Nous vîmes sur le parchemin un dessin au charbon de bois, assez bien exécuté et représentant une sorte d’immense cheval. D’un côté était tracée une ligne verticale.
    Ulysse, énigmatique, nous regardait.
    — Oui, c’est bien un cheval. Sans doute vous demandez-vous pourquoi Épéios est aujourd’hui parmi nous. Eh bien, j’ai quelques questions à lui poser. Il devrait nous être fort utile…
    Il se tourna alors vers Épéios qui, au milieu de toute cette noblesse, semblait plutôt mal à l’aise.
    — Épéios, tu passes pour le meilleur constructeur d’engins de guerre que la Grèce ait jamais compté depuis la mort d’Éaque. On te dit aussi fort habile à travailler le bois. Regarde attentivement ce dessin. Remarque la ligne à côté du cheval. La longueur de cette ligne, c’est la hauteur des murs de Troie.
    Perplexes, nous étions tous aussi attentifs qu’Épéios.
    — Tout d’abord, Épéios, je voudrais ton opinion sur un point. Cela fait dix ans que tu observes les murs de Troie ; dis-moi s’il existe un bélier, ou quelque autre machine, susceptible d’enfoncer la porte Scée ?
    — Non, roi Ulysse.
    — Très bien ! Deuxième question : avec les matériaux, les ouvriers et les moyens dont tu disposes ici, pourrais-tu construire un immense vaisseau ?
    — Oui, seigneur. Je dispose de charpentiers, de maçons, de scieurs et de manœuvres en très grand nombre. D’autre part, il y a assez d’arbres dans un rayon de deux lieues pour construire une flotte entière.
    — Parfait. Troisième question : pourrais-tu fabriquer un cheval de bois de la taille de l’animal représenté ici ? Regarde à nouveau cette ligne noire. Elle correspond à vingt-deux coudées, la hauteur des murs de Troie. Tu en déduiras que le cheval mesure vingt-cinq coudées, des sabots aux oreilles. Quatrième question : pourrais-tu le bâtir sur un socle muni de roues et capable d’en supporter le poids ? Et enfin, cinquième question : pourrais-tu fabriquer un cheval creux ?
    Épéios se mit à sourire : le projet stimulait d’ores et déjà son imagination.
    — La réponse est oui, seigneur, à toutes tes questions.
    — Combien de temps te faudrait-il ?
    — Seulement quelques jours, seigneur.
    Ulysse ôta le parchemin du mur et le remit au maître d’œuvre.
    — Merci, prends ceci et va chez moi. Je t’y retrouverai.
    Nous étions stupéfaits. Nestor ne put s’empêcher de glousser, comme s’il s’agissait là de la meilleure plaisanterie qu’il eût jamais entendue au cours de sa très longue vie.
    Ulysse se redressa ensuite de toute sa hauteur et, le geste ample, s’exprima d’une voix de tonnerre.
    — Voici,

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