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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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près du rideau Ouest ; c’était là qu’Agamemnon attaquerait. Il ne pouvait en être autrement.
    Chaque soir m’apportait l’insomnie, chaque matin me trouvait éveillé. Je ne me considérais pourtant pas vaincu. Tant qu’il y aurait une âme en ma misérable carcasse, je n’abandonnerais pas Troie. Dussé-je en vendre tous les habitants, je garderai Troie, et ce en dépit d’Agamemnon.
     
    Le troisième matin après le réveil de Borée me trouva allongé, le visage tourné vers la fenêtre où l’aube pointait, lueur grise embuée de larmes. Je pleurais Hector.
    J’entendis alors un cri, frissonnai et me forçai à sortir du lit. Il semblait venir du rideau Ouest, Allons, Priam, va voir ce qui se passe ! Je demandai qu’on amenât mon char.
    Le tumulte s’amplifiait, mais il était trop éloigné pour qu’on pût déjà distinguer s’il était causé par la peur ou l’affliction. Déiphobos me rejoignit à la porte, à moitié endormi.
    — Est-ce une attaque, père ?
    — Comment le saurais-je ? Je vais voir de quoi il retourne !
    Le valet d’écurie arrivait avec mon char. Mon aurige descendit de chez lui, encore abruti de sommeil. Je partis, laissant mon héritier décider s’il me suivrait ou non.
    Il y avait foule autour de la porte Scée et du rideau Ouest ; des hommes couraient en tous sens, gesticulaient, criaient, mais aucun ne semblait se préparer à une éventuelle bataille. Bien au contraire, ils criaient à tout le monde de monter voir.
    Un soldat m’aida à gravir les marches de la tour de guet. Dans la salle de garde, le capitaine pleurait à chaudes larmes tandis que son second riait comme un dément.
    — Que se passe-t-il, capitaine ? demandai-je.
    Trop bouleversé pour se rendre compte de ce qu’il faisait, le capitaine me saisit par le bras et me poussa vers le chemin de ronde. Là, il me fit faire volte-face et me montra le camp grec d’un doigt tremblant.
    — Regarde, seigneur ! Apollon a enfin entendu nos prières !
    Je plissai les yeux (excellents malgré mon âge) et scrutai l’horizon. Je regardais et regardais encore. Comment comprendre ? Comment y croire  ? Aucune fumée ne s’élevait du camp grec, on ne sentait aucune odeur de feu, on ne voyait pas bouger la moindre silhouette ; les galets étincelaient, baignés par la lumière du soleil levant. Seuls les profonds sillons qui marquaient le sable de la lagune signalaient que des navires avaient reposé là. Les Grecs étaient partis ! Il ne restait plus rien de cette armée de quatre-vingt mille hommes, excepté une minuscule cité grisâtre. Agamemnon avait levé l’ancre durant la nuit.
    Je poussai des hourras, me mis à chanter, donnai libre cours à ma joie, quand tout à coup mes jambes se dérobèrent et je m’affalai sur les pavés. Je riais et pleurais en même temps. Je me roulais sur le dur pavage comme si c’eut été du duvet. Je balbutiais des remerciements à Apollon, pouffais de rire et battais des mains. Le capitaine me remit debout ; je le serrai dans mes bras et l’embrassai, lui promettant je ne sais quoi.
    Déiphobos arriva en courant, transfiguré. Il me souleva de terre et me fit tournoyer en une danse folle, tandis que les gardes formaient cercle autour de nous, battant la mesure. Le monstre grec ne rôdait plus, Troie était enfin libre !
    Aucune nouvelle ne se propagea si vite. Toute la cité était éveillée et les habitants accouraient sur les remparts pour pousser des vivats, chanter et danser. Comme la clarté du jour se répandait et que les ombres commençaient à quitter la plaine, nous pûmes y voir plus distinctement. Agamemnon était bel et bien parti ! Ô merci, seigneur de la Lumière ! Grand merci !
    Le capitaine restait à mes côtés pour me protéger. Soudain, il se raidit et me tira par la manche. Déiphobos le remarqua et s’approcha.
    — Qu’y a-t-il ? demandai-je, inquiet.
    — Seigneur, cette chose, là-bas, dans la plaine... Je la vois depuis l’aube, mais la lumière commence à peine à l’éclairer. Ce n’est pas le bouquet d’arbres qui borde le Simoïs. C’est une chose énorme.
    — Je la vois, répondis-je, la bouche sèche.
    — Quelque chose, dit lentement Déiphobos. Un animal ?
    D’autres le montraient aussi du doigt à présent et se demandaient ce que c’était. Alors le soleil darda ses rayons et illumina une surface brune et parfaitement polie.
    — Je vais voir, déclarai-je en me dirigeant vers la

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