Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
Vom Netzwerk:
grand  !
    C’était là une provocation, dénuée pourtant de toute tentative de séduction. Ses goûts lui faisaient préférer de jolis minets comme Pâris et non de solides guerriers tels que moi. C’était tout aussi bien, car je n’aurais sans doute pas pu lui résister.
    — Le plus grand de Troie, répondis-je sèchement.
    Elle rit.
    — Sans nul doute !
    Je priai mon père de m’excuser.
    — Mes fils ne sont-ils pas magnifiques, reine Hélène ? Je suis si fier de celui-ci, c’est un grand homme et un jour il sera un grand roi.
    Elle m’examinait d’un air pensif, se demandant probablement s’il ne serait pas possible de faire prendre à Pâris ma place d’héritier. Ah ! Avec le temps, elle apprendrait que Pâris ne voulait endosser aucune responsabilité.
    J’étais déjà à la porte quand père me cria :
    — Attends, Hector. Va quérir Calchas.
    Cet ordre me laissa perplexe. Pourquoi le roi voulait-il voir cet homme repoussant et pourquoi pas Laocoon et Théano également ? Nombreux étaient les dieux dans notre cité, mais nous avions une divinité attitrée, Apollon, et ses prêtres étaient Calchas, Laocoon et Théano.
    Je trouvai Calchas au pied de l’autel de Zeus. Je ne lui demandai pas pourquoi il était là : ce n’était pas un homme à qui l’on posait des questions. Je l’observai quelques instants sans me faire remarquer, tentant de deviner qui il était vraiment.
    Il avait – selon la rumeur – énormément voyagé à travers le monde, du septentrion jusqu’aux rivages de l’océan et avait visité les pays lointains, à l’est de Babylone et d’autres tout aussi éloignés au sud de l’Ethiopie. En Égypte, il avait assisté aux rituels transmis depuis le commencement des temps à ces illustres prêtres. À ce qu’on racontait aussi à voix basse, il était capable d’embaumer si bien un corps que, cent ans plus tard, il avait l’air aussi frais que le jour où on l’avait enterré ; il avait même été jusqu’à embrasser le phallus d’Osiris, acquérant ainsi le suprême pouvoir de divination. Je n’avais jamais éprouvé la moindre sympathie à son égard. Il éveillait en moi le même sentiment que ces serpents aveugles et translucides qu’enfant j’avais trouvés au plus profond de la crypte du palais : de la répulsion, du dégoût.
    Je m’avançai entre les piliers. Il sut sans regarder qui s’approchait de lui.
    — Tu me cherches, prince Hector ?
    — Oui, saint prêtre. Le roi requiert ta présence.
    — Pour m’entretenir de la femme venue de Grèce. Je viens.
    Je le précédais – ce qui était mon droit. Certains prêtres, en effet, se croyaient tout-puissants et je ne voulais pas que Calchas nourrît un tel espoir.
    Tandis qu’Hélène le regardait, sans pouvoir cacher sa répugnance, il baisa la main de mon père et attendit son bon plaisir.
    — Calchas, mon fils Pâris a ramené une fiancée. Je veux que tu les maries demain.
    — À tes ordres, seigneur.
    Le roi congédia alors Pâris et Hélène.
    — Va montrer à Hélène sa nouvelle demeure, dit-il à mon imbécile de frère.
    Ils partirent, main dans la main. Calchas restait immobile et silencieux.
    — Sais-tu qui elle est ? demanda mon père.
    — Oui, seigneur. C’est Hélène, la femme ramenée de Grèce comme trophée. Je l’attendais.
    Était-ce la vérité, ou ses espions étaient-ils toujours aussi efficaces ?
    — Calchas, je vais te charger d’une mission.
    — Laquelle, seigneur ?
    — J’ai besoin des conseils de la Pythie de Delphes. Tu t’y rendras après la cérémonie de mariage, afin de découvrir ce qu’Hélène représente pour Troie.
    — Oui, seigneur. Devrai-je me conformer aux ordres de la Pythie ?
    — Assurément, elle parle au nom d’Apollon.
    Qu’est-ce que cela signifiait donc ? De qui se moquait-on ? Il fallait aller en Grèce pour avoir les réponses. Encore et toujours la Grèce. Mais l’oracle de Delphes servait-il l’Apollon troyen ou l’Apollon grec ? D’ailleurs, s’agissait-il du même dieu ?
    Une fois le prêtre parti, je me trouvai enfin seul avec père.
    — Tu as agi de façon déplorable, seigneur.
    — Non, Hector, je ne pouvais rien faire d’autre. Tu ne peux ignorer qu’il m’est impossible de la renvoyer. Le mal est fait, Hector. Dès l’instant où elle a quitté son palais d’Amyclées, les dés étaient jetés.
    — Alors, père, ne la renvoie pas. Sa tête

Weitere Kostenlose Bücher