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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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suffira.
    — C’est trop tard, répondit-il, s’éloignant déjà. C’est trop tard. Bien trop tard…

8
    Récit d’Agamemnon
     
    Ma femme se tenait debout à la fenêtre, baignée de soleil. Sa chevelure aux reflets cuivrés resplendissait. Certes, elle n’était pas aussi belle qu’Hélène, mais elle m’attirait bien davantage. Clytemnestre n’était pas un simple ornement, force et énergie émanaient de toute sa personne.
    J’entendis un grand remue-ménage au dehors : mes gardes criaient que le roi et la reine ne voulaient pas être dérangés. Le sourcil froncé, je me levai, mais à peine avais-je fait un pas que Ménélas entrait avec précipitation, s’effondrant en sanglots à mes genoux.
    — Qu’est-ce donc ? demandai-je en le relevant pour le faire asseoir.
    Mais il ne cessait de pleurer. Les cheveux sales et emmêlés, les vêtements en désordre, il portait une barbe de trois jours. Clytemnestre lui versa une coupe de vin pur. Il se calma un peu après en avoir bu.
    — Ménélas, que t’arrive-t-il ?
    — Hélène n’est plus parmi nous.
    — Elle est morte  ? demanda Clytemnestre.
    — Non, elle n’est plus là ! Elle m’a quitté, Agamemnon ! Quitté !
    Il se redressa, fit un effort pour reprendre ses esprits.
    — Raconte, Ménélas.
    — Je suis rentré de Crète il y a trois jours. Elle n’était pas là. Elle s’est enfuie, enfuie à Troie, avec Pâris !
    Nous le contemplâmes, muets de stupeur.
    — Partie à Troie avec Pâris, répétai-je avec difficulté.
    — Oui ! Oui ! Elle a volé le trésor et s’est enfuie !
    — Je ne puis te croire.
    — Moi, je le crois, siffla Clytemnestre. La garce ! Qu’attendre d’autre, après qu’elle a fui avec Thésée ? Putain ! Traînée ! Chienne !
    — Tais-toi, femme !
    Elle obtempéra en grimaçant.
    — Quand cela s’est-il produit, Ménélas ?
    — Il y a presque six lunes, le lendemain de mon départ pour la Crète.
    — Impossible ! Je ne suis pas allé à Amyclées en ton absence, mais j’y ai de fidèles amis, qui m’en auraient aussitôt averti.
    — Elle les a ensorcelés, Agamemnon. Elle est allée voir l’oracle de Mère Kubaba, l’a forcé à prétendre que j’avais usurpé le trône de Lacédémone, qui aurait dû lui revenir. Puis elle a demandé à Kubaba de leur jeter un sort. Nul n’a osé parler.
    Je maîtrisai ma fureur à grand peine.
    — Ainsi, Lacédémone est toujours sous la coupe de la Mère, de l’ancienne religion ! Je vais régler cela sans plus tarder ! Partie depuis plus de cinq lunes… Impossible à présent de la faire revenir.
    Ménélas, d’un bond, fut debout.
    —  Impossible de la faire revenir  ? Impossible ! Agamemnon, tu es le grand roi ! Tu te dois de la faire revenir.
    — A-t-elle emmené tes enfants ? demanda Clytemnestre.
    — Non, seulement le trésor.
    — Révélant par là même ce qui seul l’intéresse, glapit ma femme. Oublie-la, Ménélas ! Tu es bien mieux sans elle !
    Il tomba à genoux, se remit à pleurer.
    — Je veux qu’elle revienne, Agamemnon ! Donne-moi une armée et j’embarque pour Troie !
    — Relève-toi, mon frère ! Et reprends-toi.
    — Donne-moi une armée ! siffla-t-il entre ses dents.
    — Ménélas, c’est une question d’ordre privé , soupirai-je. Je ne puis te donner une armée à seule fin de traduire une putain en justice ! Tous les Grecs ont d’excellentes raisons de haïr Troie et les Troyens, mais aucun des rois qui sont mes vassaux n’estimerait que la fuite volontaire d’Hélène est une raison valable de partir en guerre.
    — Tout ce que je te demande, Agamemnon, c’est une armée composée de tes troupes et des miennes !
    — Troie la réduirait à néant. On dit que l’armée de Priam compte cinquante mille hommes.
    Clytemnestre me donna un violent coup de coude.
    — As-tu oublié le serment de l’étalon ? Ils sont cent rois et princes à l’avoir prononcé. Tu peux lever une armée.
    Sur le point de lui rappeler que les femmes ne connaissent rien aux affaires de l’État, je préférai toutefois m’abstenir. Je me rendis à la salle d’audience, m’assis sur le trône à tête de lion et réfléchis intensément.
    La veille, j’avais reçu une délégation de rois venus de la Grèce entière. Par suite de l’interdiction de franchir l’Hellespont, ils s’étaient ruinés à acheter en Asie Mineure l’étain et le cuivre. Nos réserves en métaux

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